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Never mind the bollocks
14 août 2011

Tout le monde peu tomber Amoureux. Partie II

DEUXIÈME PARTIE : Un Amour Pas Sans Conséquences...


Chapitre 17 : Un couple, c'est quoi ?


Alors que Drago se faisait emmené au loin par Dumbledore, Hermione réussit à se dégager de la foule à l'aide de Harry, Ron et Ginny. Cette dernière se jeta à son cou en la félicitant de son courage, suivit de Ron. Lorsque Harry approcha à son tour, Hermione hésita à l'enlacer. Mais il finit par lui sourire avant de la prendre dans ses bras :
- Fais attention à toi Hermione, murmura-t-il à son oreille, je n'ai pas confiance en lui.
- Merci, répondit-elle simplement, merci de ne pas me demander de choisir entre mes amis et lui, je n'aurais pas pu...
Drago venait d'arriver et toussota légèrement pour faire remarquer sa présence. Hermione regarda ses amis d'un air désolé, mais ceux-ci la rassurèrent en lui adressant un grand sourire, avant de s'éloigner. Un fois seule, une affreuse gêne s'installa entre Hermione et Drago ; maintenant qu'ils n'étaient que tous les deux, ce n'était plus la même chose, comme si tout ce qu'ils avaient vécu auparavant n'avait jamais existé. Ils formaient un couple à présent, et aucun des deux ne savaient vraiment comment s'y prendre. Drago s'avança et la prit maladroitement dans ses bras. La jeune, qui avait tant rêvé de ce moment, se sentait affreusement mal à l'aise.
- On marche ? proposa-t-il dans une tentative de détendre l'atmosphère.
- Bonne idée.
Ils marchaient en silence depuis quelques minutes, puis Drago sentit une main se glisser doucement dans la sienne. Il jeta un œil à Hermione, mais celle-ci gardait la tête droite, les joues légèrement rosies.
Ils arrivèrent près du lac, Drago s'assit contre un arbre, Hermione s'installa au creux de ses bras, la tête sur son torse, et tous deux contemplèrent leurs mains entrelacées, comme si cette vision était difficile à réaliser.
- J'aurais voulu que tu l'apprennes autrement, dit alors Hermione.
- C'est vrai que tu aurais pu m'en parler avant, au lieu de mettre le collège au courant, répondit-il.
Elle devinait qu'il souriait, et cela la mit un peu plus à l'aise :
- Il faut que tu saches que ce n'est pas moi qui ais publié ma lettre en plusieurs exemplaires, et d'ailleurs ça me sidère que tu ais pu croire une seconde que j'avais envi de mettre mes sentiments à nu de cette manière !
- Pour être franc, je m'en suis douté après. Sur le moment je n'ai pas réfléchi, j'étais en colère. Lisa ne serait pas derrière tout ça par hasard ?
- Bingo, lâcha-t-elle dans un souffle. Elle s'est introduite dans ta chambre, tu connais la suite. Comment as-tu pu lui donner ton mot de passe ?
- Je ne l'ai pas donné ! Elle a du le deviner.
- Il ne devait pas être bien difficile pour qu'une écervelée comme elle le trouve ! Qu'est-ce que c'était ?
- Oh...C'était...Serpent.
- Tu m'étonnes qu'elle l'ait trouvé ! se moqua Hermione, même un gamin de cinq ans aurait trouvé mieux ! Je ne te pensais pas si...
- Oui bon ça va, coupa Drago qui détestait être critiqué.
Mais il préférait de loin que son estime en prenne un coup plutôt que de lui avouer la vérité, il ne se sentait pas encore prêt à lui faire des compliments.
- Que te voulait le professeur Dumbledore ? demanda Hermione pour changer de sujet.
- Rien de spécial, dit-il en soulevant une boucle brune à hauteur de ses yeux avant de l'examiner comme un objet rare.
- Peut-être dois-je te rappeler que la confiance est la base d'un couple ?
- Il m'a félicité si tu veux tout savoir, répondit-il en enroulant la mèche autour de son index. Il m'a dit qu'il était très fière de mes actes venant d'un garçon comme moi et blablabla...Il veut faire une réception demain soir pour fêter le premier couple lion-serpent et blablabla....
- Tu devrais lui montrer un peu plus de respect Drago, c'est le directeur quand même ! Et puis qu'est-ce que tu fais avec mes cheveux depuis tout à l'heure ?
Drago retira aussitôt sa main des bouclettes brunes et répondit sur la défensive :
- Rien du tout.
- Tu aimes mes cheveux c'est ça ? dit-elle avec un grand sourire.
- N'importe quoi ! rétorqua-t-il tel un petit garçon prit la main dans le sac.
Hermione fronça les sourcil, vexée.
- Enfin c'est pas ce que je voulais dire, se rattrapa-t-il. Ils sentent bon.
- Tu as encore beaucoup à apprendre sur les compliments, mais merci quand même.
Drago se pencha sur le côté de façon à atteindre le lac malgré le poids d'Hermione allongée sur lui, mais il finit par y tremper la main et lui envoyer de l'eau. Celle-ci poussa un petit cri et se releva.
- Ça frise ! rigola-t-il en voyant les petits cheveux humides de la jeune femme se dresser sur la tête.
- Je ne sais pas d'où te sort cette passion pour l'étude du comportement capillaire, mais tu vas le regretter !
Elle l'arrosa à son tour, mais à sa grande surprise, Drago ne rit pas, au contraire, il resta immobile, les mâchoires contractées. Hermione ne se laissa pas impressionner, consciente qu'elle venait d'arroser le Grand Drago Malefoy.
- Pourquoi t'as fait ça ? lança-t-il.
- Parce que tu m'as arrosé juste avant ! dit-elle déboussolée par son attitude.
- Ce n'est pas une raison ! Grandis un peu Hermione !
Bouche bée, cette dernière explosa :
- C'est toi qui devrais rajeunir ! Même quand il n'y a personne tu te sens humilié ! Je n'aurais jamais cru te dire ça un jour, mais décoince ! C'est vrai j'en ai assez de ton comportement, de ta fierté qui vient gâcher les petits moments de bonheur comme celui-ci ! Tu as le droit de t'amuser Drago, tu n'as que dix-sept ans ! Il est temps d'arrêter de jouer les adultes au regard froid, on dirait ton père !
- Tais-toi ! Je ne suis pas mon père ! Je ne lui ressemble pas du tout c'est clair ?
- Alors prouve-le !
Drago se jeta sur elle et tous deux tombèrent dans le lac glacé. Lorsque leur tête émergèrent à la surface, ils se mirent à rire, doucement au début, puis le fou rire prit le dessus. Ils finirent par se calmer, on entendait juste le violent claquement de dents de la Gryffondor. Drago nagea lentement vers elle sans la quitter des yeux, Hermione sentait son cœur battre la chamade à chaque centimètre qu'il avalait. Arrivé à sa hauteur, il la contempla longuement, puis effleura du doigt les lèvres violacées de la jeune femme. Toujours hypnotisé par la beauté de la Gryffondor, Drago caressa sa joue avec une incroyable délicatesse, comme si sa peau était fragile et précieuse ; enfin, sa main dériva sur une mèche brune qui lui collait au visage, et la remit derrière l'oreille. Hermione se laissait faire, émue par tant de douceur venant de sa part, par un touché si délicat que le froid glacial ne fut plus la seule raison de son tremblement. Le jeune homme plongea enfin ses yeux bleus dans les siens et, toujours avec cette même lenteur, colla son corps au sien avant d'approcher ses lèvres et de l'embrasser avec tendresse. Hermione répondit au baiser sans aucune gêne cette fois, sa bouche étant peut-être la seule partie de son corps qu'elle pouvait encore sentir. Elle était heureuse, pour la première fois depuis si longtemps, son bonheur était complet, un sentiment de sécurité et de bien être venait de l'envahir. Elle sut à ce moment là, que plus jamais elle ne pourrait se passer de cet homme dont le charme et la personnalité avait volé son cœur à jamais.

Quelque chose attrapa alors sa cheville l'attirant vers les profondeurs, mettant fin au baiser. Hermione paniqua, mais Drago plongea la tête la première et fit lâcher prise, non sans peine, le strangulot qui cherchait chaleur humaine.
- Ça va ? demanda-t-il. Viens on sort, le lac commence à givrer et la nuit à tomber.
Quelques minutes plus tard, après avoir lancé le sortilège de séchage, ils remontèrent vers le château, main dans la main.

000000

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le grand hall, les quelques élèves présents leur adressèrent un sourire. Ils arrivèrent à leurs appartements sans croiser personne d'autre, et une fois devant le portrait, Hermione annonça au chevalier :
- Serpent.
Il la regarda, étonné. Drago s'empressa d'intervenir :
- Non dis ton mot de passe à toi Hermione, j'ai changé le mien et...
Mais il n'acheva pas sa phrase, car le portrait s'ouvrit après qu'il ait prononcé le nom « Hermione ».
- Tu n'es qu'un menteur Drago Malefoy, plaisanta Hermione, amusée par la situation. Mais je suis flattée.
Il l'entraîna à l'intérieur, sans oublier son habituel regard noir destiné au propriétaire du tableau.
- Inscendio ! prononça Hermione en pointant sa baguette vers la cheminée dont les flammes s'élevèrent, réchauffant l'atmosphère.
Elle sentit alors deux bras puissants l'enlacer, puis des lèvres fines la parsemer de petits baisers dans le cou. Elle se retourna et Drago saisit aussitôt ses lèvres. Ils échangèrent un baiser passionné, retrouvant enfin les sensations de désir ardent qui leur donnait l'impression de respirer pour la première fois. Mais les mains du jeune homme commençant à balader un peu trop à son goût, rompirent la magie du moment, et Hermione se détacha de lui.
- Ça va pas ? demanda-t-il.
Hermione ne répondit pas, gardant les yeux au sol, honteuse.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
« Il ne peut pas être ignorant à ce point là ! s'indigna Hermione. N'importe quel garçon normalement constitué se serait rendu compte que son comportement me gênait ! Mais lui non, ça lui paraît tellement normal de faire l'amour le premier soir qu'il ne se pose même pas la question de savoir si c'est possible d'attendre un peu ! ».
- Tu vas vite, déclara-t-elle la tête toujours baissée.
- Tu exagères un peu tu ne crois pas ?
Hermione leva vers lui des yeux de la taille d'une balle de tennis, incertaine d'avoir bien entendu :
- Quoi ? Drago, on est ensemble depuis quelques heures !
- Oui c'est bien ce que je dis !
Hermione se tut, se contentant de le regarder d'un air choquée. Puis elle déclara :
- Non désolée, je ne comprends toujours pas ce que tu essaies de me dire.
- C'est pourtant pas compliqué, tu dis que je vais vite alors que je n'ai jamais été aussi patient avec une fille !
Au bout de quelques secondes, Hermione percuta :
- Oh je viens de comprendre...Tu es en train de me dire que tu n'as jamais attendu aussi longtemps avant de... ?
- Bah oui ! dit-il d'un air évident. Je n'ai jamais passé plus d'une heure avec une fille ! Et là, on est ensemble depuis trois heures au moins !
- Mais moi je ne suis pas une fille Drago ! Je pensais que tu avais compris ce que représentait un couple pour moi ! Si tu ne devines pas tout seul que je ne coucherai jamais avec un garçon le premier soir, c'est que tu me connais mal !
Vexée par l'attitude de l'homme qui avait su être si tendre auparavant, Hermione partit s'asseoir en tailleur sur un canapé au fond de la pièce. Drago se sentit affreusement idiot, il aurait du se douter que Hermione voudrait un soir parfait pour sa première fois, même si selon Drago, cette soirée était idéale, premier soir ou pas. Il alla la rejoindre, et utilisa son charme, sa meilleure arme :
- Tu boudes ?
Hermione détourna la tête. Drago devina par là qu'elle avait voulu masquer son sourire naissant. Il avait déjà gagné.
- Tu te souviens, à Noël je t'avais dit que je n'arrivais pas à dormir si tu ne me pardonnais pas après une dispute...
- C'est ton problème, dit Hermione d'une voix qu'elle voulait ferme. En plus tu as dit que tu n'avais jamais passé plus d'une heure avec une fille sans le faire, mais c'est faux. Lisa et toi êtes restés plus de deux jours ensemble et...
- Et tu crois que c'est parce que je la respectais ? l'interrompit-il.
- Tu m'avais dit que c'était la première fois que tu n'avais pas envie de te jeter sur une fille le premier soir ! rétorqua-t-elle en tournant ses yeux chocolat vers lui.
- Mais c'est parce que je n'en avais pas du tout envie justement ! J'ai fait passé ça pour du respect, mais en y réfléchissant, si je ne me suis pas jeté sur elle c'est parce qu'elle ne m'attirait pas du tout !
- Toutes les filles t'attirent, en plus Lisa est une jolie fille, une Vélane !
- Mais j'étais déjà amoureux Hermione...Et contre ça même le pouvoir d'une Vélane ne peut rien.
- Alors, dit-elle timidement, le Bulborbus...
- Oui...
Hermione sourit. Si elle avait su, quelques jours plus tôt, alors qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps parce que Drago avait retiré le cœur de la plante, si elle avait su que c'était pour elle...

***

Un tonnerre d'exclamation s'éleva lorsqu'ils entrèrent dans la Grande Salle pour manger.
- Finalement j'aurais peut-être préféré que notre relation reste secrète, avoua Drago prit au dépourvu.
- Tu as toujours adoré être acclamé Drago, protesta Hermione en remuant à peine les lèvres, souriant maladroitement aux élèves. Le collège entier te vénère ce soir et tu es mal à l'aise, je ne comprends pas.
- C'est pas pareil, dit-il. Tu es là.
- En quoi est-ce différent que je sois là s'il te plaît ? 
- Tout est toujours différent quand tu es là.
- Comment je dois prendre ça ?
- A ton avis ? dit-il avec un sourire.
Il s'éloigna alors vers sa propre table, laissant Hermione à ses réflexions. Mais contrairement à elle, il ne fut pas accueillit chaleureusement par les siens. En effet, la place qui lui était habituellement attribuée, c'est-à-dire en plein centre, était occupée par quelqu'un d'autre, la seule place vide se trouvait tout au bout, isolée. Drago sentit la colère monter, il n'allait pas se laisser faire par ces idiots ! Il n'avait jamais craint personne, excepté son père, et ce n'étaient pas quelques malheureux Serpentards qui allaient l'effrayer :
- Dégage c'est ma place, cracha-t-il au Serpentard qui était assis à la place préfectorale.
Celui-ci se leva doucement et Drago leva lentement les yeux au fur et à mesure que la silhouette du jeune homme prenait de l'importance.
- Tu crois que ton un mètre quatre-vingt me fait peur ?
- T'es qu'un sale traître à ton sang, à ta maison ! T'as plus ta place parmi nous, encore moins en tant que Préfet !
Les vert et argent approuvèrent, mais ils se turent aussitôt lorsque Drago tourna la tête vers eux.
- William Dester c'est ça ? T'es le seul à en avoir dans le pantalon on dirait. Mais si tu ne veux pas les perdre t'as intérêt à te casser maintenant.
Le jeune homme déglutit difficilement, arrivant de moins en moins bien à aligner une pensée cohérente devant cette couleur grise qui le transperçait du regard. Quant il vit qu'il ne pouvait pas compter sur le soutient des autres, il finit par se retirer et Drago s'assit, comme si rien ne s'était passé. Bien sûr, la scène n'était pas passée inaperçue et les chuchotements s'élevèrent pour devenir, comme à chaque fois, un brouhaha de commérages.

000000

Une fois le repas terminé, Hermione se leva et vit alors Drago faire la même chose. Elle sourit de cette délicate attention et salua brièvement ses amis avant de rejoindre son joli blond qui venait de sortir. Mais apparemment il n'avait pas l'intention de l'attendre car il se dirigeait déjà vers les escaliers d'un pas traînant. Hermione du se faire à l'idée qu'il ne s'était pas levé pour elle mais simplement pour aller se coucher.
- Tu aurais pu m'attendre, dit-elle une fois au pas des escaliers que Drago montait paresseusement.
Il se retourna, puis sourit :
- Ne me dis pas que tu fais parti de ce genre de fille qui veut être attendue à chaque sortie de cours ou prévenue dès que je m'en vais ?
Hermione se sentit vexée par ces paroles, même si elle avait toujours critiqué les filles telles que Padma Patil qui ne lâchait pas son copain de la journée. Drago et elle étaient ensemble depuis peu de temps et il se comportait déjà comme si leur couple datait de plusieurs mois.
- Bien sûr que non, mentit-elle.
- Tu me rassures !
Voyant que quelque chose n'allait pas, il demanda :
- J'ai dit un truc qu'il ne fallait pas ?
- Non, c'est rien...
Mais Drago n'était pas dupe, et il devina facilement ce qui la contrariait. Il descendit les quelques marches qui les séparaient, puis lui prit les mains avant de regarder vers le ciel comme si ce qu'il s'apprêtait à faire requérait du courage :
- Je vais te faire un compliment Hermione alors profite bien !
Cette dernière releva légèrement la tête, surprise par des paroles si franches. Drago lui prit le menton pour la forcer à le regarder, puis déclara :
- Hermione tu me connais mieux que quiconque et tu sais que je ne suis pas facile à vivre. Même si tu as révélé une autre partie de moi, ne t'attends pas à ce que je sois à tes petits soins tout le temps, car si tu cherches ce genre de copain, je ne suis pas le bon. Je fais des efforts je t'assure, mais nous deux ça va prendre du temps, je pense que tu le sais. Je ne te prendrai pas dans mes bras toutes les cinq minutes, pourtant Merlin sait à quel point j'en ai envi, je ne te dirai pas sans arrêt que tu es la plus belle fille que j'ai jamais rencontré, mais c'est une vérité qui m'étonne un peu plus chaque jour, et je ne te ferai pas de compliments comme celui-ci à longueur de temps, mais tout ça je le penserai. C'est ma façon à moi de t'aimer...
Hermione sourit, touchée par ce qu'il venait de dire, elle se demanda même si elle arriverait un jour à se faire aux compliments de Drago Malefoy, cette situation lui paraissait tellement étrange. Ce dernier l'entraîna doucement par la main et ils firent le reste du chemin ensemble.
Alors qu'ils traversaient un immense couloir désert, plusieurs « pop » retentirent derrière eux. Avant même de se retourner, Drago avait déjà deviné les visages des Serpentards qui refusaient l'union des deux maisons, mais en revanche, il ne s'attendait pas à les voir si nombreux. En effet, ils étaient une quinzaine, la baguette sortie, pointée en leur direction. Drago se plaça instinctivement devant Hermione, mais à sa grande surprise, celle-ci se replaça à ses côtés, tirant la baguette magique de sa poche. Parmi eux il reconnut William, ce fut d'ailleurs lui qui prit la parole :
- On n'a pas pu finir tout à l'heure Malefoy, il y avait trop de monde mais on va se rattraper...
- Les Serpentards sont bien connus pour leur lâcheté, cracha Hermione. Il y avait trop de monde alors vous attaquez une fois seuls !
Drago la fit taire d'un seul geste, plus par prudence qu'autre chose, et Hermione obéit.
- Pourquoi tu nous fous pas la paix Dester ? dit calmement Drago en s'avançant malgré la poigne de la Gryffondor qui le tirait en arrière. J'ai pas demandé aux Serpentards de se marier aux Gryffondors que je sache ? Ce qui se passe dans ma vie ne regarde que moi, alors déguerpissez toi et tes lézards.
- Tu fais honte à notre maison, rétorqua celui-ci, et ça, ça nous regarde.
- Très bien au moins tu ne pourras pas dire que je ne les ai pas prévenus Hermione, dit alors Drago d'un air faussement désolé.
- Oui je suis fière de toi, répondit celle-ci avec un grand sourire, ils n'auront que ce qu'ils méritent.
Les Serpentards regardaient ce jeu de scène avec une inquiétude qui croissait de secondes en secondes. Pourquoi est-ce qu'ils n'avaient pas peur ? Pire, en quoi cette situation était-elle amusante ?
- C'est quand même pas équilibré du tout, dit Drago en sortant seulement sa baguette.
William sourit :
- C'est vrai, vous n'avez aucune chance.
Drago fit mine de ne pas comprendre, puis se mit à rire, suivit de Hermione, sous les regards terrifiés des Serpentards qui commençaient légèrement à reculer malgré leur nombre imposant.
- Non je disais que c'était mal équilibré, autrement dit, vous n'avez aucune chance, reprit Drago.
William se retourna vers les siens. Oui, ils étaient bien dix-huit, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Jugeant qu'il y avait eu assez de parlote, il fit signe d'attaquer, et lui-même leva sa baguette, prêt à prononcer le sortilège impardonnable de l'Endoloris. Mais avant même que chacun n'ait eu le temps de finir l'incantation, Hermione avait lancé le sortilège de désarmement, et dix-huit baguettes furent projetées dans les airs, tandis que Drago prononçait :
- Incarcerem !
Une grande corde jaillit alors de l'extrémité de sa baguette pour venir s'enrouler autour des vert et argent en des liens très serrés. C'est donc en une fraction de seconde qu'ils se retrouvèrent emprisonnés, et désarmés...
Le jeune couple s'avança vers eux, victorieux :
- Franchement Dester, dit Drago d'un air amusé, s'attaquer aux deux meilleurs élèves de l'école, c'est idiot quand même non ?
Celui-ci ne répondit pas, les yeux dans le vide, encore sous le choc de ce qui venait de se passer :
- Dix-huit, murmura-t-il. Elle a...elle a désarmé dix-huit baguettes.
- Oui d'ailleurs tu m'as impressionné aussi ! annonça Drago à l'adresse de Hermione qui était restée en retrait. Le sort « Expelliarmus » est censé désarmer quatre baguettes tout au plus ?
- Disons que je me suis améliorée en cinquième année, répondit-elle en anticipant la réponse de Drago. Comme elle le devina, il comprit assez vite :
- Ah oui pendant cette fichue période de l'AD, dit-il en ricanant. L'Armée de Dumby, permet moi de te dire que c'était vraiment stupide !
- Figure-toi que beaucoup ont progressé avant qu'un certain Serpentard idiot et immature ne vienne nous dénoncer, dit-elle avec une pointe de reproche.
- Je n'ai jamais été aussi fière de moi, dit-il d'un air absent, revisitant le passé.
- Tu le seras moins quand le Maître apprendra que tu te fais la Sang-de-Bourbe ! cracha alors William Dester.
Le sourire de Drago s'effaça aussitôt, ainsi que celui de la jeune femme.
- La ferme, dit-il d'un ton sec et sans réplique.
- Ne me dis pas que tu pensais sérieusement que tes actes n'auraient aucune conséquence Malefoy ? poursuivit le Serpentard, les yeux pétillants de sadisme. 
- La ferme j'ai dit ! cria-t-il, sa voix résonant dans le long couloir.
- Tu n'auras pas de seconde chance cette fois...
Drago abattit son poing dans la figure de William avec une telle violence que la tête du jeune homme partit en arrière, avant de retomber lourdement en avant, faisant écouler le sang par terre.
- Drago, souffla timidement Hermione. Drago c'est quoi cette histoire ?
Il resta dos à elle, muet, imaginant très bien son visage exprimer l'inquiétude et même, la peur...
William rigolait doucement dans son coin, mais lorsqu'il leva à nouveau la tête, non sans difficulté, le rire s'éleva un peu plus fort, et Drago serra le poing, fermant ses yeux gris acier pour contrôler sa rage.
- Alors la miss je-sais-tout n'est pas au courant ? dit William sous le ricanement des autres. Pourquoi tu ne lui montres pas ton joli bras tatoué hein ?
Drago se raidit aussitôt, alors que Hermione manqua de s'écrouler par terre. Son sang ne fit qu'un tour lors des derniers mots prononcés, les battements de son cœur semblaient mourir à petit feu, comme la confiance, si fragile déjà, qui s'était instaurée entre eux.
Elle vit Drago se retourner et commencer à lui parler, sûrement des arguments pour la rassurer, mais elle n'entendait rien, son esprit tout entier n'était obstiné que par une seule chose désormais : l'avant-bras de Drago.
- Montre-le moi, ordonna Hermione.
Drago s'interrompit, scandalisé :
- Quoi ? Tu le crois ?
- Ton avant-bras ! hurla-t-elle non sans retenir quelques larmes. Montre moi ton bras !
- Hermione il ment crois-moi !! s'écria-t-il.
- Bien sûr que non ! assura William à Hermione, amusé par la situation. Je dis la vérité, il faudra te faire à l'idée que ton petit copain parfait est des nôtres ! C'est un Mangemort ! 
William se prit un nouveau coup de poing. Le bruit d'une mâchoire déboîtée fut le dernier bruit qu'on entendit avant que Drago ne les propulse tous contre un mur d'un coup de baguette. La corde se dissipa lentement, et c'est sans un regard que Drago s'en alla.
Il fut très vite rattrapé par Hermione qui ne lâcha pas si facilement :
- Drago ne pars pas ! Regarde-moi quand je te parle ! cria-t-elle en essuyant rageusement ses larmes d'un revers de manche.
- Quoi ! hurla-t-il à son tour, hors de lui. C'est ça que tu veux voir hein ? C'est ça ? rugit-il en relevant sa manche.
Il s'avança vers elle et lui présenta brusquement son bras à quelques centimètres de ses yeux chocolat. Hermione eut un mouvement de recul : son bras était nu, entièrement vierge...
Alors que son cœur s'était remit à battre, il prit cette fois une vitesse douloureuse lorsqu'elle repensa aux accusations indirectes qu'elle venait de faire, traduisant un manque évident de confiance. C'est d'ailleurs ce que sembla penser Drago car il murmura les dents serrées :
- La confiance c'est la base d'un couple...Ouais je vois ça.
Il tourna les talons, rajustant sa manche. Alors qu'il avançait d'un pas rageur, Hermione supplia :
- Drago...Je suis désolée.
Il aurait du continuer à avancer, lui montrer qu'elle l'avait blessé, qu'il lui en voulait ! Oui il lui en voulait beaucoup ! Mais il se retourna, sentant une part de responsabilité l'envahir, car lui non plus n'avait pas été sincère sur toute la ligne...
Le voyant s'arrêter, se retourner, puis la fixer, Hermione avança vers lui. Lentement d'abord, puis ses pas se firent plus pressants pour finalement courir avant de venir se loger dans ses bras.
- Pardon pardon pardon pardon, murmurait-elle.
Drago ferma les yeux, posa sa tête sur les cheveux doux de la femme qu'il avait si peur de perdre, huma son parfum puis déclara d'une voix grave :
- J'ai des choses à te dire Hermione, des choses dont je ne suis pas très fier...
Hermione resserra son étreinte, montrant ainsi que, quoi qu'il ait fait, elle serait avec lui...

 

Chapitre 18 : L'amour avant le bonheur.

Drago faisait de grandes enjambées pour rejoindre leur salle commune, et Hermione devait presque courir pour rester à sa hauteur.
- Tu ne crois pas qu'on devrait prévenir le professeur McGonagall de ce qui vient de se passer ?
- Non, si tu tiens à la vie de ton professeur de métamorphose ne dis rien, trancha Drago.
- Arrête ils ne s'en prendront jamais à elle ici, rigola Hermione d'un air évident.
Mais Drago se retourna vers elle et le regard grave qu'il lui adressa fit disparaître son sourire.
- Ils n'oseraient jamais, renchérit-t-elle d'une voix qu'elle voulait assurée.
- Hermione ce sont des Mangemorts ! Tu n'as pas l'air de réaliser qu'ils sont aux côtés de Tu-Sais-Qui, et que la seule chose qu'ils attendent est le signal de leur maître pour passer à l'attaque.
- Oui mais dans Poudlard enfin ! Avec Dumbledore en plus !
- Crois-tu vraiment que ces Serpentards restent tranquilles et discret parce qu'ils ont peur de se faire renvoyer ? Ce qu'il faut que tu comprennes Hermione, c'est que plus rien n'a d'importance pour eux que le Mage Noir. Le servir fidèlement est à présent leur seule raison de vivre, alors fais moi confiance quand je te dis qu'ils étaient capables de nous tuer tout à l'heure. Allons-y. Plus vite !
Cette dernière peinait à le suivre, jetant frénétiquement des regards en arrière pour vérifier qu'ils n'étaient pas suivis, paralysée par la peur un peu plus chaque seconde. Elle réalisait durement les paroles du jeune homme, refusant d'accepter le fait que ce qui venait de se passer dans le couloir n'était pas un jeu, ils avaient l'intention de les tuer, et elle, naïve, s'étaient amusée à se battre. Voldemort recrutait de plus en plus à Poudlard, il fallait se rendre à l'évidence, la vraie guerre se faisait sentir...

***

C'était la veille de la rentrée.
Je me regardais une dernière fois dans le miroir. J'aurais du aimer ce que ce je voyais, mais rien à faire, mon reflet me dégoûtait. J'avais beau me convaincre que ce que j'allais faire était digne de mon nom et de mon sang, j'avais devant moi l'image de quelqu'un de soumis et obéissant. Je détestais ça.
A regret, je suis parti rejoindre mon père en bas. Il me souriait, fier. Il ne m'avait jamais souri avant, mais aujourd'hui était particulier, car après avoir passé dix-sept ans à me forger à son image, il avait enfin réussi son but : le Lord Noir désirait me marquer sa confiance.
- Où vas-t-on père ? ais-je demandé.
- Au grand cimetière de Rochester. Tu effectueras là-bas ton dernier devoir.
Il n'en dit pas plus. Je savais que je devais me taire à présent, simplement obéir. Accompagné de plusieurs Mangemorts et de mon père, je me suis rendu sur place, prêt à témoigner ma dévotion auprès du Maître, une fois de plus...
- Bienvenue Drago.
J'entends encore sa voix glaciale résonner dans ma tête, sa main inhumaine et froide se poser sur mon épaule, givrant mes entrailles d'un froid mortel.
- Tu as prouvé ton désir de me servir à maintes reprises, j'en suis fier...Mais je sens en toi encore tellement de sentiments Drago, et tous deux savons très bien qui en est la cause...
Il laissa sa phrase en suspend, me laissant aisément deviner que ma mère n'avait plus intérêt à me convaincre discrètement de renoncer...
- Aussi c'est pourquoi je veux te voir tuer de mes propres yeux...
- Sauf vôtre respect Maître, risquais-je, il me semble que vous m'avez déjà envoyé tuer, Maître.
- Je ne suis pas idiot Drago, me répondit-il dangereusement. Il avait senti mon hypocrisie, je ne pouvais rien lui cacher, personne ne peut rien lui cacher. Bien sûr que tu es déjà allé sur le champ de bataille lancer le sortilège de mort aux opposants, mais dans ces moments-là notre instinct de survie prend le dessus et tuer nous est égal.
Il fit un geste de la main et le Mangemort se trouvant derrière lui transplana aussitôt, avant de revenir quelques secondes plus tard, mais pas seul : il tenait fermement une petite fille par le bras. Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans, habillée d'un pull rose et d'un pantalon assorti, ses cheveux blonds coiffés en deux petites couettes, elle hurlait. Malgré sa petite taille fragile, l'enfant se débattait, pleurant et criant sa mère avec des yeux exorbités de peur.
- Tue-la Drago. 
Il suffisait que je la tue et le Maître me marquerait comme l'un de ses fidèles, ce dont je rêvais depuis petit. Mais cette année les choses avaient changé dans ma tête, la prise d'assurance et la maturité m'avaient fait réaliser certaines choses, comme le fait que je haïssais les ordres plus que tout...Plus rien n'avait d'importance à mes yeux, les requêtes et les ambitions du Maître m'étaient devenues complètement égales, j'avais découvert en moi un réel besoin de faire ce qui me plaisait. 
Je sortis ma baguette, et c'est d'une voix tremblante mais d'une main ferme que je fis jaillir un éclair vert. La petite fille s'écroula au sol, inerte, son dernier hurlement déchirant un silence de mort...
Je ne ressentais rien, ni regret, ni fierté, rien, mis à part peut-être, de la lassitude. Le Mage Noir me félicita et transplana avec tous ses adeptes après avoir annoncé que la célébration se ferait le soir même. Une fois seul, mon père me sourit pour la deuxième fois de sa vie :
- Je suis fier de ce que je vois mon fils.
Je n'ai rien dit, je contenais ma colère, son visage m'insupportait, sa voix, ses gestes, tout...Mais je ne pus résister à l'envie de répondre lorsqu'il m'ordonna :
- Rentre à présent, et prépare-toi pour ce soir.
- Je sais ce que j'ai à faire père et je le ferais quand bon me semble.
Il se figea. Jamais je n'avais discuté aucun de ses ordres, et la surprise qu'affichait son horrible visage n'assurait rien de bon :
- Le fait de devenir Mangemort n'enlève pas ma fonction de père Drago.
Par le mot « père », il entendait bien sûr « autorité » et « pouvoir ».
- J'en ai assez, osais-je. Vos ordres me fatiguent, tout comme ceux du Maître.
- Qu'est-ce que tu dis ? siffla-t-il.
- Vous m'avez élevé dans un esprit de complète indépendance, m'avez répété de ne faire confiance qu'à moi-même, m'avez inculqué des notions fondamentales telles que sang pur et supériorité, m'avez interdit de respecter quiconque. Pourquoi devrais-je mettre tout ça de côté pour obéir fidèlement au Lord ?
- Je t'ai enseigné également le devoir de l'obéissance face à moi ou au Seigneur, l'importance de ton comportement pour un futur proche : celui-là. Celui où ta vie ne serait contrôlée que par Lui, où ta dévotion serait ton seul atout pour garantir une perpétuelle confiance de sa part, cette dernière étant seule maître de ta vie ou de ta mort.
- Et j'ai retenu ces leçons...jusqu'à l'âge de seize ans. Seize ans pendant lesquels mon désir de liberté et d'indépendance somnolait en moi. Mais il était là, et je l'ai découvert cette année, réalisant que votre convoitise du monde par le mal c'étaientvotre soif de pouvoir, vos projets, et en aucun cas les miens...
- Drago cesse cela maintenant, m'ordonna-t-il dans une parfaite réplique du Seigneur des Ténèbres.
- Faîte de la terre ce qui vous chante, mais laissez-moi en dehors de ça. Je veux juste vivre ma vie.
Mon père ne tenta pas de m'arrêter lorsque je pris le risque de m'en aller, il devinait que trop bien ma puissance en matière de magie pour affirmer de telles choses sans en craindre les conséquences.
- Tu sais ce qu'il t'attend si tu t'en vas Drago...
Je me retournai vers lui, souriant tristement :
- Oui père, je le sais. Mais vous devez savoir également que le seul que je craindrai à l'avenir, ce sera le Mage Noir.
- Il me tuera pour ton infidélité Drago, me dit-il d'une voix posée.
- Je suppose, oui. Adieu père.
Je suis parti, devinant aisément le sourire qu'il affichait, regardant son fils faire ce que lui-même avait toujours désiré, sans trouver le courage d'y parvenir...

***

Allongée près du feu de cheminée, Hermione avait écouté le récit du jeune homme sans l'interrompre. Au bout d'un moment, elle se leva et vint s'asseoir à ses côtés sur le canapé, puis, d'une voix hésitante, elle demanda :
- Il a tué ton père ?
Drago approuva.
- Il le méritait. D'autres acolytes ont une place importante pour influencer le ministère, mon père n'est pas une grande perte pour Lui contrairement à ce que l'on pourrait croire.
Hermione ne répondit rien devant la violence de ces paroles. Elle savait que Lucius n'était pas un saint, mais il parlait de sa mort avec un tel détachement que c'était assez déboussolant. Drago du remarquer sa surprise car il ajouta :
- Il aurait du avoir le courage de fuir le Seigneur, mais il est resté comme un lâche, m'imposant une vie de soumission à moi et ma mère.
- Ne pense pas que je veuille le défendre, mais fuir comme tu l'as fait c'est de la pure folie. Drago tu n'as pas l'air de te rendre compte de ce qui t'attend dehors Poudlard !
- Tu crois vraiment que j'ai fais le choix de quitter Voldemort sans prendre le temps de réfléchir Hermione ? Je sais parfaitement que mes jours sont comptés, mais quoi que tu penses, je n'ai pas peur de lui.
- Je sais que ton niveau en magie a atteint un seuil pratiquement égalable à celui de Tom Jedusor plus jeune, mais...Attend, tu as prononcé Voldemort ?
- Je viens de te le dire, je n'ai pas peur de lui. Je sais que je n'ai aucune chance de le battre en duel, c'est pour ça que mes projets étaient de fuir en attendant que Potter fasse le travail, bien que je ne mise pas cher de sa peau. Voldemort me tuera quand il jugera le moment idéal, en attendant je profite de la vie. Je ne suis dans aucun des clans, je veux juste vivre, c'est si difficile à comprendre ?
- Tu es complètement fou, souffla Hermione horrifiée. Tu traites ton père de lâche mais toi tu fuis le combat !
- Si j'avais su que je me ferais jugé je ne t'aurais jamais raconté tout ça ! s'énerva Drago en se levant brusquement.
- Ne pars pas, s'il te plaît. Excuse-moi c'était idiot de ma part de te traiter de lâche alors que tu as renié Voldemort de façon si courageuse. Je n'ai pas vécu ton enfance, je n'ai rien à dire sur tes choix présents, désolée. Seulement je suis inquiète de te voir si peu angoissé face à ce qui t'attend. Et pourquoi Dester a-t-il affirmé que tu portais la marque ? Et pourquoi a-t-il parlé de seconde chance ?
- Il était impensable pour Voldemort que l'on apprenne qu'il n'avait plus pouvoir sur moi, répondit-il plus calmement. Il a donc fais croire que la célébration avait bien eu lieu mais en privé. Seulement les Serpentards ne sont pas aveugles et ont très vite deviné mon refus de servir le Maître. Cette humiliation a redoublé la colère de Voldemort et son désir de me tuer est plus ardent que jamais. Mais il sait très bien qu'en m'éliminant il perd un élément bien plus important que tous ses Mangemorts réunis. Il m'accorde donc une chance de me racheter, faisant passer ça pour de la bonté : il me laisse le temps de réfléchir à ma décision, si à la fin de l'année scolaire je ne l'ai pas rejoint, il me promet une mort dont on se souviendra. Mais c'est déjà tout réfléchi.
Hermione frissonna. Jamais elle n'aurait imaginé que la vie de Drago Malefoy tournait au cauchemar. Il pouvait se permettre cette rébellion grâce à sa capacité magique et tuer chaque Mangemort qui serait envoyé à ses trousses, mais contre Voldemort il ne faisait pas le poids. Hermione regarda l'horloge : minuit et demi. Elle désirait ne plus penser à cette histoire pour le moment, et accompagna Drago jusqu'à chambre. Elle l'embrassa et s'apprêtait à rejoindre sa chambre lorsqu'il lui dit :
- Tu peux rester si tu veux.
Elle se retourna, silencieuse.
- Juste pour dormir, assura-t-il avec un sourire.
Elle lui sourit à son tour et accepta la main qu'il lui tendait. Quelques minutes plus tard, enlacés dans les draps verts, tous deux savouraient cet instant en silence. Hermione venait d'accepter le fait que les peurs du monde noir extérieur qu'elle tentait de dissimuler, seront réalité un jour, et ce sont des moments comme celui-là qui lui manqueront le plus...
- Je n'avais pas prévu que tu entres dans ma vie, lui souffla-t-il alors. Je sais que tu refuseras de partir avec moi pour te battre aux côtés de tes amis. Mais réfléchies-y...
Hermione leva vers lui ses yeux tristes :
- Je n'ai pas besoin de réfléchir Drago...Je ne partirai pas avec toi.
- Au moins j'aurais essayé, murmura-t-il en souriant.
Alors qu'Hermione resserrait un peu plus son étreinte, anéantie par l'image de Drago s'en allant à la fin de l'année, il fit mine d'être fâché en se retournant de l'autre côté :
- A cause de toi je vais être obligé de me battre en faisant équipe avec la belette et le balafré...
Hermione n'en croyait pas ses oreilles. Les larmes aux yeux, elle posa ses lèvres contre le dos nu du Serpentard :
- Tu...tu resteras ?
- Comment voudrais-tu que je parte en me répétant chaque jour que tu es en train de te battre et que je peux te perdre d'un instant à l'autre ? Non il faut que je te protège ma petite Granger...
Hermione resta muette devant tant de tendresse. Il y a quelques temps encore, jamais elle n'aurait pu imaginer ne serait-ce qu'un seul instant que Drago Malefoy pouvait être si doux, si...parfait. Elle ne retrouvait plus rien de l'homme froid et arrogant qu'elle avait connu, non, elle avait à côté de lui un homme, un homme qui venait de lui prouver une fois encore que Tout le monde pouvait tomber amoureux...

***

Les cours reprirent deux jours plus tard.
Dans les couloirs on ne parlait plus que du couple étrange, surréaliste, inattendu, détesté et adoré que formaient Drago Malefoy et Hermione Granger. Comme Dumbledore ne semblait pas vouloir faire taire la nouvelle, bien au contraire, Poudlard n'étaient pas prêt d'arrêter ses commérages. En effet, il avait parlé à Drago, quelques minutes après l'événement sur le terrain de Quidditch, d'une réception qui aurait lieu ce soir, spécialement organisée en l'honneur du tout nouveau lien qui unissait une lionne à un serpent.
- Et qu'est-ce qu'on devra faire au juste ? demanda Hermione à Drago, alors qu'ils se rendaient ensemble au cours de potion sous les regards excités des élèves.
Un bras passé autour du cou de la jeune femme, il répondit :
- Eh bien d'après ce que j'ai compris, on devra raconter notre histoire...
- Qu...Quoi ? Raconter notre histoire ? Toute notre histoire ? répéta-t-elle horrifiée en repensant à la soirée du nouvel an.
- On est les seuls à bien connaître ce qui s'est passé, je suppose qu'on pourra modifier plusieurs choses. Et puis de toute façon il y a des moments d'intimité que je veux garder pour moi.
- C'est vrai ? rougit-elle, touchée.
- Bah oui ça ne regarde que moi quand je vais aux toilettes !
Hermione lui donna un coup de coude dans les côtes, puis sourit à nouveau quand Drago resserra son bras autour d'elle et l'embrassa sans prévenir. Mis à part au terrain de Quidditch, jusque là il ne l'avait jamais embrassé devant tout le monde, probablement encore trop gêné. Lorsqu'il reporta sans un mot son attention sur les autres élèves qui lui faisait signe de la main, Hermione se surprit soudain à sourire bêtement. Elle toussota et tenta de prendre un air naturel, mais cette situation encore bien trop nouvelle l'empêchait de se détendre.
- Hey qu'est-ce que vous faites ? demanda Drago enthousiaste, à quelques troisième années qui s'échangeaient des mornilles.
- Oh heu...on parie, répondirent-ils mal à l'aise.
- Je voie, dit-il d'un air navré pendant qu'Hermione essayait d'apercevoir Harry. Sur la durée de mon couple je devine ?
Ils approuvèrent timidement devant l'air faussement exaspéré du jeune homme :
- Quelles sont les mises ? souffla-t-il dans le dos de sa belle.
- Eh bien moi je parie que vous resterez ensemble un mois !
- Un mois ! s'exclama Drago, non mais ça va pas ?
- Vraiment ? dit alors l'un d'eux qui sembla tout à coup intéressé, révisant ses calculs. Moi j'avais parié une semaine !
- Et puis quoi encore ! s'indigna le Serpentard.
- Bon alors donne-nous un indice ! supplia le troisième. J'ai quand même parié vingt mornilles !
- D'accord...Je pense être avec elle durant, voyons...le reste de ma vie. Ça te donne une idée ?
Amusé par la réaction muette des jeunes, Drago leur fit un rapide clin d'œil avant de rejoindre son cours de potion, où Rogue le toiserait d'un regard noir durant toute l'heure qui allait suivre...

***

- Bon n'oublie pas, récapitula Drago, toi et moi on se détestait, puis tu as voulu me prouver que je pouvais tomber amoureux, parle de Lisa, ridiculise-là bien surtout, et...
- Et on a fini par devenir amis avant de se rendre compte qu'on voulait plus oui je sais, interrompit Hermione. Pourquoi tu es si angoissé ? 
Drago ne répondit pas et la voix de Dumbledore résonna dans la Grande Salle. Le couple était caché derrière un rideau de l'estrade où siégeaient habituellement tous les professeurs à l'heure du dîner.
- Nous fêtons ce soir un événement encore jamais produit auparavant, dit-il de sa voix fatiguée. Ce soir, nous avons l'honneur de célébrer une union jusque là inimaginable, entre une Gryffondor et un Serpentard. Qui plus est, Hermione Granger et Drago Malefoy, les fameux ennemis de toujours. C'est pourquoi il est difficile d'y croire et ils vont justement nous raconter quel miracle les a rapproché. Aussi je demande aux Gryffondors et aux Serpentards de profiter de cet instant pour reconsidérer la question de vos éternelles querelles...
Alors que élèves et professeurs applaudissaient, Drago se tourna vers la jeune femme et lui sourit :
- J'y vais le premier.
Il l'embrassa sur le front, et alors qu'il allait passer le long rideau, il se retourna et dit :
- Tu es magnifique.
Il disparut derrière le tissu et Hermione entendit les applaudissements redoubler d'intensité. Drago et elle s'étaient mis d'accord pour qu'il fasse son apparition en premier, avec pour seul but de démentir certaines rumeurs comme quoi leur couple n'était que comédie. Assise sur une chaise, Hermione écoutait son discours, il parlait avec une facilité étonnante, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Son ton était calme, bien que sa voix trahissait la colère ressentie par rapport aux personnes qui se permettaient de juger sans comprendre.
- C'est si touchant...
Hermione sursauta. Elle revit alors le visage qu'elle avait désiré de ne plus jamais apercevoir : Lisa.
- Qu'est-ce que tu fais là ? cracha Hermione en se levant.
- On reste calme Granger. Je viens juste te prévenir que ton petit ami a de sérieux ennuis.
- Encore une tentative de nous séparer je suppose ? Fiche le camp ! ordonna la jeune femme, les traits durs.
- Le ministère où travaille mon père a récemment recueillit le témoignage d'une sorcière anonyme affirmant que Drago Malefoy serait un Mangemort...
Hermione se raidit mais ne se laissa pas démonter :
- Drago n'est pas un partisan de Voldemort, il ne porte pas la marque. Et puis de toute façon je ne vois pas en quoi ça te regarde, maintenant excuse-moi mais je vais devoir y aller.
- Il va recevoir le baiser du Détraqueur...
Hermione se figea dans son élan.
- Le témoignage a entraîné de sérieux doutes, poursuivit Lisa en s'approchant. Lucius Malefoy étant porté disparu depuis l'été dernier, le ministère soupçonne son fils d'avoir reprit le chemin de son père, et Drago se fera emmené dès demain à la première heure pour un interrogatoire au Véritaserum...
- Il n'a rien à cacher, répliqua sèchement Hermione qui commençait à perdre patience.
- Ah oui vraiment ? Il ne t'as pas tout dit apparemment...dit-elle avec une voix d'où perçait l'excitation. Drago a tué une centaine d'aurors à lui tout seul durant la dernière bataille. Il a participé aux nombreuses disparitions de sorciers et sorcières du ministère très haut placés, et a également contribué à certaines évasions de détenus qui appartenaient à Azkaban. Les questions posées seront précises et ils ne tarderont pas à savoir toute la vérité. Alors qu'il porte la marque ou pas, c'est suffisant pour être condamné à mort tu ne crois pas ?
Hermione était à présent incapable de rester impassible devant de telles révélations, l'inquiétude prenait sur la colère, et elle finit par demander d'une voix tremblante :
- Comment sais-tu tout ça ?
Lisa sourit, prenant un malin plaisir à être en position de supériorité.
- Je te l'ai dit, mon père travaille au ministère je suis donc au courant de pas mal de choses. Et puis, j'étais là quand Drago a fait tout ça.
- Quoi ? Attend...Mon dieu, tu es une des leurs...
- T'as mis du temps mais t'as fini par comprendre miss je-sais-tout.
- Dumbledore ne t'aurait jamais laissé entrer dans cette école avec la marque sur le bras ! espéra Hermione.
- Mais je n'ai pas de marque, dit-elle ravie de voir l'intérêt que lui portait à présent la jeune Gryffondor. Du moins pas encore. J'aurais dû la recevoir il y a plusieurs mois, mais mes absences répétitives m'ont crées des ennuis à Beauxbatons, certains élèves ont fait courir des rumeurs à mon sujet et mon père m'a retiré de l'école. Il était hors de question pour lui que quelqu'un découvre que j'étais partisane du Seigneur des Ténèbres. Bien qu'il ait toujours refusé mes choix, je reste sa fille et il me protègera quoi qu'il arrive.
Des applaudissements se firent entendre. Drago avait fini son discours, ça allait être à elle...
- Il y a néanmoins une échappatoire pour ton Serpentard...
- Laquelle ! pressa Hermione, néanmoins suspicieuse.
- Quitte-le.
- Quoi ?
- Mon maître est au courant de votre relation. Il contrôle une bonne partie du ministère avec plusieurs Mangemorts non déclarés, et il peut effacer les charges qui seront bientôt retenues contre Drago. Mais sa seule condition est que tu le quittes.
Hermione respirait très mal, son cerveau réfléchissait à toute vitesse, et son cœur battait de plus en plus vite au fur et à mesure que Dumbledore achevait son discours.
- Et maintenant je vais laisser la place à Miss Granger !
Un tonnerre d'acclamation, ils l'attendaient. 
- Voldemort a besoin de Drago, il ne le laissera pas se faire tuer...
- Enfin tu ne comprends pas ! s'énerva alors Lisa. Si tu restes avec lui, il mourra ! Et en admettant que le Lord décide quand même de lui épargner le baiser du Détraqueur dans un dernier espoir de le récupérer, Drago refusera de le rejoindre et tu le sais ! Il s'est préparé à affronter le Seigneur, et il ne reviendra pas vers lui...à cause de toi. Il a une bonne raison de se battre à présent, tandis que si tu l'abandonnes, plus rien ne le retiendra et il devra une fière chandelle au Maître !
- Et Drago retournera parmi eux c'est ça ! s'écria Hermione.
- Tu n'as pas le choix ! répliqua-t-elle sur le même ton.
- Et si Drago refuse quand même de le rejoindre ? Il se fera tuer ! Je ne peux prendre ce risque, que je le quitte ou pas il risque de mourir.
- C'est là que tu te trompes. Le Seigneur m'avait prévenu de ta réaction et...
- Hermione qu'est-ce t'attend ! dit alors Drago qui venait de surgir du rideau.
Celle-ci se retourna vers Lisa mais elle avait eut le reflex de se cacher derrière le mur.
- Drago il faut qu'on parle, dit aussitôt Hermione.
- Plus tard enfin ! Allez relax, tout va bien se passer. Je vais les faire patienter deux petites secondes, et je veux qu'en attendant tu souffles lentement. Quand tu seras prête rejoins-moi.
Il disparut à nouveau, tandis que Lisa réapparaissait :
- Regarde.
Lisa remonta sa manche et Hermione reconnut une longue et fine marque blanche, provenant sans aucun doute d'un Serment Inviolable.
- Dans le cas où Drago refuserait de s'allier à nouveau à lui, le Lord m'a juré de ne pas le tuer, car quoi que tu penses, je l'aime autant que toi. En contre partie je lui ai donné ma parole de vous séparer.
- Miss Granger ? résonna la voix de Dumbledore pour la troisième fois.
Hermione finit pas céder. Si elle restait avec lui, Drago mourrait par le baiser du Détraqueur, si elle le quittait, Voldemort lui épargnerait le baiser mais il le rallierait à sa cause...
- Il ne me laissera jamais le quitter sans explications...
- Justement. Tu dois lui faire mal. C'est la seule et unique façon pour qu'il ne s'accroche pas à toi.
- Qu'est-ce que tu veux dire, demanda Hermione en devinant très bien la réponse.
- Drago est intelligent et y verra anguille sous roche. Il cherchera à comprendre pourquoi tu le quittes et y parviendra. A moins que tu lui dises que tu ne l'aimes pas. Débrouille-toi pour lui faire comprendre que tout ça était faux et que tu ne l'as jamais aimé. 
- Je ne peux pas, pleura Hermione.
- Tu le dois ! Dépêche-toi ils t'attendent. J'allais oublier, le Maître veut que nous fassions le Serment Inviolable, comme ça on est quitte.
Complètement anéantie, Hermione laissa Lisa réciter la formule, et tandis qu'elle avait la sensation d'une ronce entourant son poignet en déchirant la peau au passage, Hermione faisait la promesse que Drago ne saurait jamais rien au sujet de cet arrangement...

Vidée de toute énergie, la jeune femme marchait lentement sur l'estrade, réduisant petit à petit la distance entre elle et l'homme qu'elle s'apprêtait à faire souffrir... « Tu dois lui faire mal », ces mots résonnaient comme des poignards dans le dos. Hermione regardait la foule d'élèves l'applaudir et lui sourire, mais elle ne l'entendait pas. Devant elle, Drago lui tendait la main pour qu'elle le rejoigne, mais en réalité il tendait la main à la trahison, la douleur, la solitude...Hermione aurait voulu s'enfoncer sous terre à des milliers de kilomètres plutôt que d'accomplir ce qu'elle devait faire, et affronter les regards de tous, mais par-dessus tout, son regard.
- Il semblerait que Miss Granger soit terrorisée par les discours, plaisanta Dumbledore.
Lorsqu'elle arriva enfin à leur niveau, le silence se fit, attentif.
- Allez Hermione, je suis là, murmura Drago, vas-y tout le monde t'écoute.
Mais elle avait la gorge sèche, aucun son ne voulait sortir, ne pouvait franchir ses lèvres, c'était au dessus de ses forces. Elle regarda Drago avec tant d'amour qu'il finit par se sentir gêné et la força à commencer. Les deux mains fermement accrochées aux accoudoirs en bois du petit meuble où le directeur faisait ses discours chaque année, Hermione tremblait. Prenant le peu de courage qui lui restait, sa voix cassée s'éleva dans le silence :
- C'est l'histoire...C'est...l'histoire...
Trop dur, c'était trop dur. Hermione cligna fort des yeux pour les empêcher de déverser les torrents de larmes jusque là retenus.
- C'est l'histoire d'une fille, qui trouvait un Serpentard bien trop arrogant et prétentieux à son goût...
Ses paroles s'étouffèrent une fois de plus au fond de sa gorge. La Grande salle était suspendue à ses lèvres, attendant la suite avec une certaine excitation. Hermione aperçut Lisa dans un coin, elle lui fit un signe de tête pour lui dire de poursuivre :
- Il se moquait souvent d'elle, reprit-elle, et la jeune fille se promit une revanche...Elle se lança le défi de le faire tomber amoureux d'elle.
- Hermione qu'est-ce que tu racontes, lui chuchota Drago à l'oreille, c'est quoi cette histoire ?
Cette dernière détourna aussitôt la tête, préférant mourir que de croiser son regard, que de sentir une seconde de plus son parfum...Suivant son élan, elle continua, la marche arrière n'étant plus possible :
- La fille mit du temps et ça ne fut pas de tout repos, mais elle réussit. Le Serpentard tomba follement amoureux et l'école entière vit son image de dirigeant au cœur de pierre se dégrader, puis totalement s'effondrer lorsqu'elle révéla la vérité un soir...Ce soir.
Un silence très lourd tomba, chacun regardant alternativement Hermione et Drago, essayant de déceler un quelconque brun d'humour dans les paroles bouleversantes de la jeune femme. Cette dernière ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à Drago, mais elle le regretta aussitôt : il la fixait sans comprendre, les sourcils froncés, la bouche ouverte, incapable du moindre geste, lui aussi essayant de se persuader qu'elle faisait de l'humour.
- La fille avait juré de prendre sa revanche, acheva-t-elle doucement, et elle l'a fait. Ils sont quittes. On est quitte Drago Malefoy.
Sur ces dernières paroles où elle avait puisé toute la force qui lui restait, Hermione s'en alla, tête baissée, suivie des yeux par des centaines d'élèves.

***

Elle courait comme si sa vie en dépendait, fuyant l'horreur qu'elle avait installée derrière elle. Les jambes engourdies, la vue brouillée par les larmes, Hermione du s'arrêter de courir. Elle se trouvait près du lac glacé, et s'adossa contre l'arbre le plus proche. Cet arbre...cet arbre où ils s'étaient tenus quelques jours auparavant entrelacés, découvrant les joies d'un couple. Cet arbre près duquel ils avaient dansé au clair de lune, et encore cet arbre contre lequel elle avait pleuré alors qu'il la regardait, impuissant, avant de finir par l'aider à se relever...Hermione avait beau se convaincre qu'elle faisait ça pour sauver la vie de l'homme qu'elle aimait, la douleur qui tordait son cœur était bien plus forte...
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
Hermione se retourna vivement et essuya discrètement ses larmes. Drago se tenait devant elle, il ne paraissait pas fâché, même pas triste, refusant simplement la réalité qu'elle lui mettait sous les yeux.
- C'était pourtant clair non ?
Ces mots lui avaient déchiré la gorge, mais elle devait faire attention à ce que Drago ne remarque rien de son trouble, où alors tout était fichu. Elle devait rester froide et convaincante, dans son intérêt...
- Ne me mens pas, dit-il, pas à moi. On t'a menacé ? Qui est-ce Hermione, répond !
Il prit son visage entre ses mains et la força à lever les yeux vers lui. Mais la jeune femme se dégagea, résistant à l'appel de son corps tout entier qui désirait s'écrouler contre Drago.
- Tu ne comprends pas, souffla-t-elle le dos tourné, cachant ses yeux rouges qui ne demandaient qu'à déverser leur chagrin. Il n'y a jamais rien eu entre nous, tout était faux, de la comédie !
- Arrête ça...
- Comment as-tu pu croire une seule seconde que je puisse m'intéresser à une fouine comme toi ! cria Hermione, défoulant plutôt sa véritable souffrance que cette colère.
- Tu mens, murmurait Drago, reculant de quelques pas.
Hermione se retourna vivement, avec la seule envie que ce cauchemar finisse :
- Tu n'étais que l'objet d'un pari Malefoy, une vulgaire marionnette que je me suis amusée à faire danser avec une telle facilité !
- ARRÊTE ! hurla-t-il en poussant Hermione qui tomba à terre.
Il la regarda se relever avec dégoût, mais finit par annoncer :
- Cesse ce jeu et dis moi la vérité...
Hermione s'approcha de lui, puis planta ses yeux dans les siens avant de déclarer d'une voix tremblante :
- La seule vérité, Malefoy, c'est que ton arrogance et ta méchanceté t'ont mené à être réduit par quelque chose qui t'étais jusqu'alors inconnu : l'amour. C'est douloureux n'est-ce pas ?
« Tu dois lui faire mal. Il cherchera à comprendre pourquoi tu le quittes et y parviendra ».
- Tout ce qu'on a vécu je me suis forcé chaque seconde à l'endurer. T'embrasser me répugnait Malefoy. La gentille petite Hermione dont tu es tombé amoureux n'a jamais existé, alors oublie-là, ça vaut mieux pour toi.
Drago agit alors d'une façon si blessante que Hermione aurait préféré qu'il la gifle et hurle. Mais non, au lieu de ça, il la regarda longuement avec cette douleur profonde, comme pour dire adieu à la femme imaginaire qui l'avait accompagné durant la moitié de l'année, puis fit demi-tour et rentra au château sans un regard en arrière, laissant Hermione seule avec son lourd secret qu'elle ne pourrait jamais révéler, au risque d'y laisser la vie...

 

Chapitre 19 : Fais-toi une raison Hermione...

Hermione ne trouva pas le sommeil cette nuit là. Se tournant et se retournant sans cesse, elle ne parvenait pas à chasser le visage de Drago la regardant comme un monstre. Elle avait la réelle impression que son cœur était fendu, ouvert, laissant le sang et la douleur s'écouler lentement...
Elle ne sut combien de temps elle dormit, mais elle fut réveillée quelques heures plus tard par une conversation assez bruyante provenant de la Salle Commune. Après avoir frotté ses yeux gonflés et rougis par les larmes, elle enfila son peignoir vert, non sans une pointe de nostalgie, puis sortit de sa chambre. Elle vit alors Rufus Scrimgeour, Rogue et Dumbledore qui tentaient vainement de calmer Drago, ce dernier torse nu, retenu de force par deux membres du ministère. « Alors Lisa disait la vérité, pensa sombrement Hermione, ils viennent le chercher... ».
- Lâchez-moi ! crachait Drago en essayant de reprendre sa baguette.
- Monsieur Malefoy, dit calmement Scrimgeour, j'ai ici une autorisation du Ministère des Enquêtes Criminelles Magiques me permettant de vous emmener pour un interrogatoire qui...
- Lâchez-moi ! hurla-t-il.
Devant une telle fureur, mais surtout, un tel regard gris, le ministre se sentit soudain fondre mais n'en perdit pas son assurance :
- Il vaudrait mieux pour vous que vous vous calmiez jeune homme...
- Lâchez-moi, répéta Drago entre ses dents.
- Lâchez-le ! intervint alors Hermione.
Tous les regards se levèrent vers elle tandis que la jeune femme dévalait les escaliers avant de venir s'adresser au ministre :
- Il ne faut surtout pas le maintenir, dit-elle précipitamment, si vous voulez son attention ne le touchez pas, surtout, ne le touchez pas...dit-elle à bout de souffle.
- Navrée Miss, mais c'est la loi nous devons, par mesure de sécurité, faire en sorte que...
- Il ne coopérera jamais si vous continuez à le tenir de force, coupa Hermione. Faite-moi confiance...
Rufus Scrimgeour sembla hésiter, mais le jeune homme blond apparaissait dans un tel état de transe qu'il jugea préférable de ne pas envenimer la situation. La jeune femme semblait le connaître sur le bout des doigts et il fit un signe de tête aux deux hommes qui lâchèrent Drago. Ce dernier s'empressa de reculer de quelques pas.
- Je suppose que vous allez le garder toute la journée, dit Dumbledore d'un ton sec.
- Tout cela dépend de ce qu'il a à nous révéler Albus, vous connaissez la procédure...
- Que trop bien, trancha-t-il avant de se diriger vers Drago d'un pas énergique. Je vais m'arranger pour que vous soyez de retour demain, suivez-les à présent.
Drago finit par obéir, conscient que le directeur ne pourrait jamais défendre les actes qu'il avait commis cet été, aujourd'hui était sans aucun doute le dernier jour qu'il mettait les pieds à Poudlard...Il se tourna alors vers Hermione et la regarda longuement, retrouvant dans ces yeux inquiets la femme qu'il aimait :
- Tiens Granger, dit-il en sortant de sa poche de jean une boule de tissu froissé qu'il lui tendit, donne ça à Hermione de ma part...
Troublée par ces dernières paroles, la jeune femme prit le présent et regarda Drago se faire emmener loin d'elle.
Elle resta plusieurs minutes ainsi, fixant le portrait par lequel il venait de disparaître, avant de reprendre ses esprits et de porter son attention sur la boule de tissu. Les mains tremblantes, Hermione déplia délicatement l'étoffe avant de révéler ce qu'elle cachait : une chaîne en argent dont le pendentif était le petit cœur violet du Bulborbus retiré par Drago lui-même quelques jours plus tôt...Hermione le prit délicatement, faisant glisser les petits maillons de la chaîne entre ses doigt, tout comme elle laissait couler librement les larmes sur ses joues. Elle passa le collier autour de son cou, serrant dans sa paume ce pourquoi elle s'était tant battu, pour finalement le sacrifier...Un mot y était glissé : « Pour que tu n'oublies jamais que mes sentiments pour toi ont été sincères ».
- Moi aussi Drago, murmura-t-elle, moi aussi...

***

Drago et Hermione étaient en quelques sortes devenu le couple « people » du collège, chacune de leur déclaration étant à chaque fois publiques, les élèves pouvaient suivre leur relation et les paris se faisaient nombreux, les photos du couple enlacé passant de deux mornilles à dix mornilles. Si seulement ils savaient, s'ils savaient que tout cela était loin d'être un jeu entre deux adolescents vivant une crise amoureuse, mais une question de vie ou de mort. Hermione n'alla pas en cours aujourd'hui, préférant se ronger les sangs dans l'un des fauteuils préfectoral, essayant de se convaincre que Voldemort maîtrisait la situation au ministère, ordonnant à ses fidèles de convaincre la cours de libérer Drago.
- Hermione ? Ouvre-nous s'il te plaît.
Celle-ci ordonna au chevalier de les laisser entrer. Harry et Ron pénétrèrent à l'intérieur, le visage grave.
- Bon maintenant tu nous racontes, déclara fermement Harry en prenant une chaise, et pas de mensonges.
Hermione prit une profonde inspiration, sachant pertinemment que leur mentir était au dessus de ses forces, elle ne l'avait que trop fait ces derniers temps. Elle leur fit donc le récit de la conversation avec Lisa, évoquant le Serment Inviolable qui obligeait Voldemort à maintenir Drago en vie, à la seule condition qu'elle le quitte. Ainsi que son propre Serment, lui interdisant de révéler la vérité à Drago.
- Enfin Hermione tu te rends compte que tu viens de faire un pacte avec Tu-Sais-Qui !
- J'en suis consciente Ron ! répliqua-t-elle. Je n'avais pas le choix, si je refusais Voldemort n'aurait rien fait pour sauver la vie de Drago ! 
- Tu crois vraiment qu'il aurait laissé mourir son Mangemort le plus prometteur sans rien tenter ? demanda Harry peu convaincu.
- Si Drago refusait de le rejoindre, oui crois-moi, il aurait laissé le ministère agir ! Ce que je ne sais pas, c'est pourquoi le fait que je quitte Drago avait tant d'importance à ses yeux pour qu'il en vienne à faire un Serment Inviolable...
- Ça me semble pourtant évident Hermione...dit alors Harry. Drago a toujours eu peur de la mort, quoi qu'il dise, ça se lit dans ses yeux, il ne veut pas mourir et ça depuis tout jeune déjà. Si Drago ne t'avais pas rencontré, Voldemort lui aurait proposé la vie en échange de sa fidélité et je mettrais ma main à couper qu'il aurait accepté sa proposition plutôt que le Baiser du Détraqueur. Mais il est tombé amoureux de toi à une période de sa vie assez difficile, et il lui serait impensable à présent de rejoindre le camp de Voldemort et se battre ainsi contre toi...Et ça me tue de le dire, mais je pense sérieusement qu'il aurait préféré mourir Hermione. Il t'aime, je l'ai vu hier dans son regard, il t'aime vraiment.
Voilà pourquoi Voldemort tenait tellement à vous séparer, Drago devait non seulement n'être rattaché à rien ni personne, mais en plus de ça le fait de vous séparer provoquerait sûrement chez lui une colère noire, influençant son choix vers le mal. 
Hermione ne put se retenir et éclata en sanglot dans les bras de son ami. L'entendre ainsi, lui, reconnaître un tel amour de Drago à son égard lui était encore plus douloureux, prenant conscience des réels sentiments du Serpentard, de ce réel début de relation sérieuse qu'elle avait gâché.
Hermione n'avait jamais autant pleuré devant ses amis, et elle fut prit d'un certain malaise en réalisant son comportement « faible », comme aurait dit Drago. Elle tenta de prendre un air un peu plus détaché et demanda :
- Où en est-on à propos des Horcruxes Harry ?
- Eh bien mis à part le journal intime de Jedusor, le Médaillon de Salazar et la bague des Gaunt, Dumbledore et moi supposons, je dirais même qu'on est sûr, que le diadème de Rowena Serdaigle, la Coupe de Helga Poufsouffle et Nagini seraient les trois autres parties de Voldemort.
- Le serpent ? s'étonna Ron.
- Oui, répondit-il, Dumbledore pense que c'est la seule explication pour que Voldemort ait un tel contrôle sur l'animal.
Harry leur raconta ses récentes escapades dans la Pensine du directeur, confirmant ainsi les hypothèses de ce dernier, comme quoi la coupe et le diadème seraient des objets de très grande valeur ayant appartenu aux deux fondatrices de Poudlard.
- Comment va-t-on s'y prendre pour les trouver ? demanda Hermione.
- Je n'en ai aucune idée, avoua sombrement Harry.
Ils restèrent silencieux un bon moment, le regard au sol, probablement en train de réaliser la longue tâche qui les attendait...

***

Tous trois descendirent déjeuner dans la Grande Salle, ignorant les remarques et les regards lancés sur leur passage.
- Salut Hermione ! dit Ginny. Bonjour Harry, je t'ai gardé une place.
La rouquine lui montra une place vide sur le banc en bois, les yeux brillants d'espoir.
- C'est gentil Gin', mais ce n'était pas la peine il y a une place ici, dit-il en s'asseyant un peu plus loin avec Ron.
Le sourire de la jeune femme retomba aussi vite qu'il était apparu, elle n'adressa même pas un regard à Hermione qui vint s'asseoir en face d'elle.
- Il me déteste, marmonna-t-elle la tête dans les mains.
- Tu sais très bien que non, répondit Hermione.
- Il m'évite ! dit alors Ginny en relevant la tête.
- Tu ne crois pas que tu exagères ?
- Ah oui ? Regarde bien Hermione.
Elle se redressa et appela :
- Harry ? J'ai besoin de conseils pour le match de Quidditch à venir, le poste de poursuiveuse est tout nouveau pour moi. Tu crois qu'on pourrait s'entraîner tous les deux après les cours ?
- Pas ce soir Ginny désolé, Rogue nous a donné un parchemin et demi à rédiger !
- Demain alors ?
- Il y a une sortie à Pré-au-Lard.
- Le lendemain ? tenta-t-elle.
- Heu je sais pas...on verra ok ? dit-il avant de reporter son attention sur la conversation de Seamus et Ron.
Ginny leva un sourcil interrogateur à Hermione qui baissa les yeux.
- Tu vois tu le reconnais ! Je suis un cas désespéré ! se lamenta-t-elle. Il doit me trouver moche, j'en suis sûre !
- Oh arrête un peu Gin', coupa Hermione agacée. Tu es très belle, beaucoup de garçons rêvent de sortir avec toi et tu le sais ! Harry aimait vraiment Cho, laisse-le s'en remettre.
- Oui et bien parti comme c'est j'en ai pour trente ans !
Hermione ne répondit rien. Elle devait l'admettre, Harry ne semblait pu vouloir tomber amoureux de toute sa vie, peut-être était-ce pour cela qu'il repoussait Ginny. Hermione se mordit la lèvre inférieure. Elle aussi repousserait-elle tous les futurs garçons qui lui plairont à cause de son amour pour Drago ? Et lui alors, redeviendrait-il comme avant jusqu'à oublier la première femme qu'il a aimé ? Tous ces cœurs brisés retomberont-ils seulement amoureux un jour ? Tant de questions auxquelles Hermione ne pouvait que supposer la réponse, et elle ne lui apparaissait pas vraiment positive... 

***

Le lendemain matin, Hermione se réveilla en sursaut. Elle se dégagea maladroitement des draps et sortit de sa chambre en courant, traversant le petit couloir qui le séparait du Serpentard. Sur la pointe des pieds, Hermione tourna délicatement la poignée, et alors qu'elle s'attendait à discerner une silhouette endormie dans le noir, la lumière aveuglante du jour révéla une chambre identique à la veille, avec un lit vide.
- Il n'est pas rentré, souffla Hermione paniquée.
Elle dévala les escaliers et s'apprêtait à sortir de la salle commune mais elle tomba nez à nez avec Dumbledore :
- Ah miss Granger, dit-il de sa voix posée, la scrutant à travers ses lunettes en forme de demi-lune. Vous vous apprêtiez à venir me voir, je me trompe ?
Hermione approuva.
- Je suis heureux de constater que le sort de monsieur Malefoy vous intéresse autant je dois dire.
- Professeur je suis vraiment désolée à propos de ce qu'il s'est passé durant votre soirée, dit Hermione à toute vitesse. Je ne voulais pas tout gâcher et...
Mais Dumbledore la fit gentiment taire d'un simple geste.
- Ce qui se passe entre vous et ce chère Drago ne me regarde pas. Aussi je tiens à m'excuser pour avoir fait de votre couple un véritable événement de foire...
- Où est-il professeur ? dit Hermione qui ne put retenir la question qui lui brûlait les lèvres plus longtemps.
- Le ministère l'a innocenté, il sera de retour dans quelques heures.
Le cœur de la jeune femme retomba lourdement dans sa poitrine et elle ne put retenir un sourire. 
- Je vais être franc miss Granger...Bien que le fait qu'il soit libre m'enchante, monsieur Malefoy n'aurait jamais du être relâché si tôt. Je pense qu'il vous a parlé des choses qu'il a faites par le passé, et la potion du Véritasérum aurait du avoir des conséquences graves, bien plus graves...
Hermione baissa la tête, masquant son trouble.
- Si vous savez quoi que ce soit miss, je vous prie de me le dire.
- Je ne sais rien professeur, rien du tout, mentit-elle.
Elle savait que Dumbledore était loin d'être convaincu, mais elle le remercia intérieurement de ne pas insister d'avantage :
- Bien dans ce cas, je vous souhaite une agréable journée.
Une fois parti, Hermione lâcha un long soupir. Puis, le cœur léger malgré le fait qu'elle ignorait si Drago avait oui ou non accepté l'évidente proposition du Lord, elle partit se changer pour la sortie à Pré-au-Lard qui lui ferait le plus grand bien.

***

Vêtue d'un long manteau blanc ainsi qu'un bonnet de même couleur, épousant parfaitement la forme de son crâne, Hermione respira l'air glacé du Parc enneigé. Alors que Ron se précipitait vers la boutique Zonko, Hermione marcha aux côtés de Harry, prête à aborder un sujet dont le jeune homme n'était jamais vraiment à l'aise avec elle : les filles.
- Tout va bien pour toi en ce moment Harry ?
- Oui, dit-il en regardant ailleurs.
- Je parlais...à propos de Cho.
- Je n'ai pas envi d'en discuter Hermione, dit-il d'un ton calme mais définitif.
- Et Ginny hein ? Tu ne veux pas en parler non plus ?
- Qu'est-ce qu'elle vient faire la dedans ? dit-il la dévisageant.
- Oh je pense que tu le sais Harry.
Celui-ci bougonna quelque chose mais Hermione fit comme si elle n'avait rien entendu et poursuivit :
- Que tu ne veuilles pas sortir avec elle c'est une chose, mais tu n'as pas le droit de la laisser espérer en sachant très bien ce qu'elle attend de toi !
- Tu n'as pas compris Hermione ! Je ne veux pas la repousser ! 
- Ah...ah oui ? Alors où est le problème ?
- Elle ne sera pas heureuse avec moi, voilà le problème.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Harry cessa de marcher, puis lui montra les Trois Balais du doigt. Devant, Cho Chang rigolait avec ses amis, ses longs cheveux noirs soyeux se balançant élégamment dans son dos.
- Tu vois Hermione, cette fille a détruit toute la confiance que j'avais en elle. Maintenant il ne me sera plus jamais possible de faire confiance à une femme. Mais pourtant je l'aimerai toujours. Si je sors avec Ginny, elle va devoir supporter le fait que mes yeux suivront Cho à chaque fois qu'elle passera dans le coin, que mes pensées iront souvent vers elle. De plus je sais que je me torturerai l'esprit chaque jour en espérant que Ginny ne soit pas avec un autre homme. Je crois que je ne suis plus capable d'aimer Hermione, et Ginny en souffrirait...
- Tu penses sérieusement que Ginny ne sait pas tout ça Harry ? Elle a pleinement conscience de ce que tu as enduré, et elle est prête à t'attendre autant de temps qu'il faudra. Elle t'aime sincèrement, depuis sa deuxième année ! Surtout ne commet pas l'erreur de mettre toutes les femmes dans le même panier que Cho...
Sur ces dernières paroles, Hermione s'éloigna vers les Trois Balais. Le jeune homme la regarda partir, un air tendre sur le visage, puis il la vit alors revenir, un air horrifié sur le visage. Elle était accompagnée de Cho :
- Très bien Harry, déclara Hermione en tenant la chinoise par le bras.
Cette dernière semblait complètement dépassée par ce qu'il se passait, ne comprenant pas ce qu'elle faisait là.
- Regarde-là bien Harry, dit Hermione, et maintenant, insulte-là.
- Qu..quoi ? Enfin Hermione à quoi tu joues ? demanda-t-il en adressant un regard d'excuse à Cho.
- Tant que tu ne lui auras pas dit tout ce que tu as sur le cœur, tu resteras malheureux, car contrairement à ce que tu crois, le temps n'efface pas la douleur. Allez vas-y, elle t'écoute.
- Arrête Hermione bon sang ! dit Harry entre ses dents, gêné. Laisse la partir tu es ridicule.
Hermione soupira.
- Bon très bien, tu peux partir Chang, Harry ne t'en veut pas pour ce que tu lui as fait...
- J'ai pas dit ça...grogna-t-il.
- Oh mais tu le penses, renchérit Hermione.
- Pas du tout !
- Ne me mens pas Harry, rigola-t-elle, pas à moi, pas à elle ! Tu t'es très bien remis de ce qui s'est passé...Tu oublieras vite.
- JAMAIS ! explosa-t-il soudain.
Cho et Hermione sursautèrent, puis cette dernière afficha un sourire discret, satisfaite que son plan est si bien fonctionné. 
- Jamais, répéta Harry dans un souffle en s'adressant à la Serdaigle. Je n'oublierai jamais ce que tu m'as fait Cho...Tu m'as fait mal, j'y pense nuit et jour, imaginant où on en serait toi et moi si tu ne m'avais pas trompé. Je t'ai tellement aimé, mais qu'est-ce que tu en as fait toi de cet amour hein ? Je pensais que je t'aimais toujours, mais en réalité, ce que j'aimais encore c'était l'image de toi, lorsqu'on était encore ensemble. Je réalise à présent que celle que je vois aujourd'hui ne me plaît plus du tout, je la déteste même...Je te déteste.
Libéré d'un poids énorme, Harry tourna la tête vers le visage émerveillé de Hermione, puis il dévala la pente de neige non sans glisser deux trois fois, avant de rejoindre Ginny qui discutait avec une Poufsouffle. Sans un mot, il passa sa main sous la nuque de la jeune femme et l'embrassa. Cho, qui venait seulement de se remettre du choc, regarda Hermione d'un air démonté.
- On assume ses actes ! déclara Hermione avec un gigantesque sourire. 
Lorsque Harry mit fin au baiser le plus beau de sa vie à son goût, il colla son front sur celui de Ginny, le sourire aux lèvres.
- Dis moi que tu ne fais pas ça pour oublier Cho, murmura Ginny.
Harry hocha la tête sans s'arrêter de sourire :
- C'est toi que je veux, j'en suis sûr maintenant.
Ils s'embrassèrent à nouveau devant le regard ahuri de Ron qui sortait de la boutique, les bras chargés de farces et attrapes. Il se tourna vers Hermione qui l'avait rejoint :
- Heu...j'ai loupé quelque chose ? demanda-t-il.

***

Le soir tombait et la majorité des élèves était déjà rentré au château. Malgré ses doigts frigorifiés, Hermione attendait patiemment que le nouveau couple heureux que formait Harry et Ginny, décide enfin de rentrer. Abritée sous un arbre, la jeune femme admirait en silence les flocons de neiges qui descendaient par millier, renforçant chaque seconde l'épais manteau blanc du Parc.
- Nostalgie quand tu nous tiens, dit alors une voix derrière elle.
- Donovan ? s'étonna-t-elle. Tu n'es pas rentré avec les autres ?
- Je m'apprêtais à le faire, puis je t'ai vu.
Il ne dit pas un mot de plus, puis vint la rejoindre sous l'arbre.
- Ça te va bien le nez rouge, dit-il avec un sourire que Hermione lui rendit. Tu as froid ? 
- Oui un peu, avoua-t-elle.
Il la prit alors dans ses bras, et Hermione se laissa réchauffer par cette douce étreinte. Au bout de quelques minutes, Donovan desserra ses bras et planta son regard chaleureux dans celui de la jeune femme :
- Tu me plais Hermione. Tu me plais énormément, depuis le jour où je t'ai vu.
Il approcha alors ses lèvres et alors qu'elles entraient en contact avec celles de Hermione, celle-ci détourna doucement la tête, les yeux fixant le sol, mal à l'aise :
- Je...je suis désolée, bredouilla-t-elle.
- Non c'est moi, excuse-moi je n'aurais pas dû...
- C'est rien. Surtout ne pense pas que c'est en rapport avec toi, seulement...
- Tu n'as pas à te justifier Hermione, crois-moi. J'attendrai. J'attendrai le temps qu'il faudra.
- Merci...
Hermione se proposa d'aller leur chercher deux bièraubeurres aux Trois Balais, et s'absenta quelques minutes. Seul, Donovan eut à peine le temps de poser sa tête contre l'arbre qu'une main surgissant de derrière le tronc lui saisit le col pour le plaquer à nouveau, la baguette sous le menton.
- Malefoy...sourit Donovan. Laisse-moi deviner, tu viens me menacer c'est ça ?
- Fais lui verser une seule larme, et je te jure que tu regretteras d'être venu au monde.
- Oh oh ! Alors c'était vrai ? Le grand Malefoy est réellement tombé amoureux ? Désolé mais t'as eu ta chance mec, elle veut plus de toi, elle s'est foutu de ta gueule t'as pas encore compris ? Ce qui se passe entre elle et moi à présent ne te regarde aucunement mec, alors un conseil, oublie-là.
- Il est hors de question que je te laisse manipuler Hermione à ta guise pour la mettre dans ton lit avant de la jeter c'est clair ? Elle n'est pas comme les autres, tu devrais de mettre ça dans le crâne « mec »...
- Qui sait, peut-être que je tomberais amoureux d'elle moi aussi ? ricana-t-il.
- Alors ce jour-là je te souhaiterai toutes les forces du monde pour y survivre...
- Donovan ? appela Hermione.
Drago eut juste le temps de ranger sa baguette et de lâcher le Serdaigle que la jeune femme apparut, deux bièraubeurres à la main.
- J'espère que je n'ai pas été trop lo...
Elle s'interrompit aussitôt en apercevant le jeune homme blond.
- Drago...lâcha-t-elle dans un souffle.
Si celui-ci fut une fois de plus déstabilisé par la beauté de la jeune femme, il n'en laissa rien paraître. Sans un mot, il s'éloigna vers le château.
- Qu'est-ce qu'il faisait là ? demanda-t-elle enfin.
- Je sais pas trop, bon on se la boit cette bière ?
- Une autre fois peut-être, dit machinalement Hermione sans quitter des yeux la silhouette de Drago qui marchait au loin.
Elle se tourna vers Donovan et sembla seulement réaliser sa présence, puis elle lui tendit les deux chopes qu'il prit malgré lui.
C'est alors qu'elle prit la direction du château sans un regard en arrière pour l'homme qu'elle laissa seul sous l'arbre, tandis que son esprit entier était tourné vers Drago Malefoy...

 

Chapitre 20 : Haine Refoulée

Huit jours.
Huit longs jours que Drago Malefoy n'était pas sorti de sa chambre. Les professeurs l'avaient maintes fois rappelé à l'ordre mais l'accès à la pièce restait impossible grâce à un sortilège de haut niveau, et l'annonce qu'avait faite Hermione justifiait son comportement auprès des professeurs qui finirent par le laisser en paix sur ordre du directeur.
Hermione subissait jour après jour les regards mauvais et les chuchotements indiscrets des élèves qui compatissaient pour Drago, sauf les Gryffondors qui l'acclamaient pour avoir mis à terre de façon spectaculaire le Prince ennemi.
La jeune femme ne savait toujours pas si ce dernier avait accepté l'offre de Voldemort, mais peu lui importait finalement. Le monde lui-même n'avait plus aucune importance, l'homme qui était devenu sa raison de vivre devait la détester à présent, et son cœur qui avait tant battu ces derniers temps, avec une telle fougue, se retrouvait vide de toutes émotions si ce n'est le chagrin et la douleur...Arrêterait-elle de souffrir un jour ou son âme entière était-elle destinée à Drago sans que rien ni personne ne puisse prendre sa place, même dans un futur lointain ?

Drago quant à lui, se posait de toutes autres questions. Effondré sur son lit depuis plusieurs jours, il se repassait sans cesse les évènements de la semaine précédente, s'acharnant encore et toujours à trouver une faille au comportement de Hermione qui puisse prouver qu'elle avait ressenti ne serait-ce qu'une once de remord...Mais la jeune femme lui avait fait clairement comprendre qu'il n'avait été pour elle qu'un fardeau à supporter pour la gloire des lions. Faux...tout avait été faux. Non, l'esprit de Drago refusait clairement et simplement de s'imaginer Hermione jouant la comédie près du lac ou encore au Bal de Noël, tout ce qu'il avait ressenti, il n'avait pu le ressentir seul...Ils s'aimaient réellement avant qu'elle ne gâche tout, forcée par il ne savait quoi. La peur ? Avait-elle peur de s'engager avec lui, d'affronter Narcissa ? Non, Hermione est une femme plus que courageuse, et ce n'est sûrement pas une Malefoy qui allait l'effrayer. Une promesse alors ? La promesse faite à quelqu'un de le quitter ? Non, c'était n'importe quoi, pourquoi aurait-elle mit un terme à leur relation d'une façon si violente ? Cela n'avait aucun sens...
Autant de questions et d'hypothèses qui tournaient en boucle à en perdre toutes raisons de vivre. Mais la détermination du jeune homme à découvrir la vérité et à récupérer la femme qu'il aimait, et qui a existée sans aucun doute, était bien plus forte que son désir de se laisser lentement pourrir par la douleur qui lui rongeait le corps entier depuis maintenant plus d'une semaine.

***

Face à toutes les répliques cinglantes qui fusaient sur son passage, Hermione ne tarda pas à craquer et partit se réfugier dans une salle de classe vide dont la porte était restée ouverte, pour y verser toutes les larmes qu'elle put. Seulement elle avait déjà tellement pleuré que son corps lui-même semblait sec et fatigué...Un mal de tête la saisit et Hermione du s'asseoir par terre avant de se masser vigoureusement le crâne pour atténuer la douleur.
- Ça ne va pas ?
La jeune femme releva la tête pour apercevoir Donovan qui se tenait debout devant elle, l'air inquiet.
- Si, j'ai juste des maux de tête merci, répondit-elle en sachant très bien que ses joues trempées trahissaient ses dires.
En effet, le Serdaigle sembla peu convaincu puisqu'il ajouta :
- Laisse-les parler Hermione, ils ne comprennent rien de ce que tu as vécu.
- Parce que toi oui ? répliqua-t-elle plus agressivement qu'elle ne l'aurait voulu.
- Non bien sûr, mais moi au moins je ne semble pas avoir oublié les sept années d'injures qu'il t'a fait subir, te rabaissant publiquement sur ton sang et ton apparence. Et bien que tu ne laissais rien paraître si ce n'est de l'indifférence, il fallait être dupe pour ne pas voir que ces paroles blessantes t'atteignaient en plein cœur. Ta vengeance est justifiée Hermione...
Celle-ci sourit nerveusement, cachant son visage entre ses mains : « Tu ne comprends rien, se murmurait-elle intérieurement, tu ne comprends rien du tout... ». Elle sentit Donovan se rapprocher, mais à son grand soulagement, il ne tenta rien, ne la toucha même pas, mais se contenta de s'abaisser à sa hauteur et de la rassurer :
- Je serai toujours là si tu as besoin Hermione, ne l'oublie pas.
- Merci Donovan, merci beaucoup.
Il ne put apparemment pas résister à lui déposer un tendre baiser sur la joue avant de se relever et de quitter la salle de classe. Hermione se sentit un peu mieux, jamais elle n'aurait pensé que l'un des garçons les plus beaux du collège, dont en plus elle avait le béguin, s'intéresse à elle de cette manière. Il pouvait avoir toutes les filles qu'il désirait et au lieu de ça il s'occupait d'elle avec une gentillesse et une patience hors norme. Cela semblait trop beau pour être vrai, mais elle voulut y croire ; après tout, il fallait qu'elle commence à se faire une raison au fait que jamais plus Drago ne partagerait sa vie, et Donovan lui, serait toujours présent. Pensait-il à elle en ce moment ? Hermione sourit. Finalement, peut-être qu'une petite lumière éclairait son horizon noir ?

Quelques mètres plus loin, une jeune femme blonde venait de se faire habilement séduire par un beau Serdaigle qui l'emmena dans son dortoir, l'un des rares rois de ce monde qui possède une maîtrise parfaite dans l'art de la manipulation et du mensonge...

***

Fatiguée, Hermione prit la direction de sa salle commune avec un pincement au cœur en pensant qu'à chaque fois qu'elle traversait la pièce, l'homme qu'elle aimait n'était qu'à quelques mètres, mais son silence et son absence semblaient l'avoir éloigné à des années lumières.
Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsque, une fois le portrait du chevalier ouvert, elle vit Drago lui-même, assis sur le canapé central, tordant nerveusement ses mains. Il avait le teint plus blafard que jamais, des yeux fatigués par des nuits d'insomnies, même l'éclat de ses cheveux blond était devenu plus terne.
Lorsqu'il la vit entrer, il se redressa lentement et, voyant qu'elle ne bougeait pas comme pétrifiée, il lui dit d'une voix rauque :
- Il faut qu'on parle.
Hermione avait redouté cet instant. Lisa l'avait prévenu, il ne lâcherait pas, refuserait la réalité pendant un long moment. « Lorsque le moment viendra, lui avait dit Lisa, lorsqu'il voudra discuter, surtout ne le laisse pas t'impressionner. Il va utiliser ses meilleures armes pour te déstabiliser : soit son charme et son sang-froid. Prend les devants Granger, où il sera trop tard pour toi... ».
- Il n'y a plus rien à dire, dit calmement Hermione qui ne put se résoudre à lui parler sèchement. 
- Je ne suis pas d'accord, je pense avoir le droit à des explications.
- Ecoute Malefoy, dit-elle d'un air las, je n'ai pas envi de te répéter...
- De répéter quoi ? l'interrompit-il en se levant.
Hermione se raidit aussitôt, il avançait vers elle : danger. Malheureusement elle avait inconsciemment fermé le portrait derrière elle et se retrouva bientôt réduite à la panique, apercevant de moins en moins bien les issues de secours au fur et à mesure que le Serpentard approchait.
- De...déglutit-elle, de répéter...ce que je t'ai dit l'autre soir.
- Et tu m'as dit quoi ? dit-il doucement en avalant dangereusement les derniers centimètres qui les séparaient.
- Ne me le fais répéter je t'en prie, souffla Hermione qui commençait à perdre le contrôle de ses pensées.
- Redis-le moi Hermione, répéta Drago, dis moi pourquoi c'est fini...
- Non ! s'écria-t-elle au bord des larmes. 
- Dis-le moi !
- Je te l'ai déjà dit arrête !
- Pourquoi tu refuses hein ? s'emporta-t-il. Si tu es vraiment ce que tu dis Hermione, soit une parfaite comédienne à l'esprit de revanche, tu ne devrais pas t'inquiéter de me faire du mal ! Au contraire, tu devrais t'en donner à cœur joie après ta victoire, je me trompe ? Répond !
- Laisse-moi m'en aller ! cria-t-elle sans pour autant oser le toucher, sachant que le moindre contact serait fatal à sa résistance.
- Pourquoi est-ce que tu ne savoures pas ton triomphe hein ? enchaînait-il.
Il approcha son visage si près que Hermione du fermer les yeux pour échapper à la couleur grise hypnotique de ceux du Serpentard.
- Je sais que c'est toi Hermione, lui chuchota-t-il, tout ce que j'ai vécu, je l'ai vécu avec toi...
Il posa ses lèvres sur les siennes et Hermione se laissa lentement faire, son sang en ébullition. Mais une violente douleur lui saisit le bras, comme une griffure qui mettrait la peau à nue et la jeune femme se retint tout juste de crier. Revenant à la réalité, elle se dégagea rapidement de l'emprise de Drago et s'enfuit dans sa chambre. Mais juste avant de fermer sa porte, elle se retourna et lui dit :
- Redescend sur terre Malefoy, toi et moi c'est purement impossible. Je ne pourrais jamais, jamais t'aimer, tu m'insupportes. Fais-toi une raison...
Elle disparut dans sa chambre, et s'effondra sur son lit avant de pleurer en silence.
Drago, encore immobile, finit par aller s'asseoir sur un fauteuil près du feu de cheminé qu'il alluma lui-même d'un simple coup de baguette magique. Fixant les flammes avec une intensité presque effrayante, un sourire victorieux se dessina lentement sur son visage.
- Tu mens Hermione...et tu viens de me le prouver.

***

La jeune Gryffondor regardait sans cesse son bras depuis la veille, apercevant une petite entaille, peu profonde certes, mais douloureuse, qui lui fit promettre de ne plus approcher Drago à moins de deux mètres, évitant ainsi la « punition » du Serment Inviolable qui apparemment ressentait comme une sorte de trahison au fait qu'elle prenne un grand risque d'être en présence du Serpentard.
Ce dernier reprit les cours à la grande surprise de tout le monde. Affichant un visage froid qui faisait deviner très clairement que lui parler serait une tentative de suicide, Drago marchait dans les couloirs avec la seule compagnie qu'il supportait encore : Blaise. Celui-ci tenta plusieurs fois d'aborder le sujet mais Drago lui répétait à chaque fois la même chose : « plus tard ». Néanmoins il finit par se lasser de ses questions et le prit dans un coin à part, à l'abris des oreilles indiscrètes, qui d'ailleurs se faisaient plutôt fréquentes ces temps-ci, et lui dit :
- Tu veux vraiment savoir pourquoi j'ai la certitude qu'elle ment ?
Blaise hocha la tête rapidement, avide de révélations :
- Hier quand je lui ai dit qu'on devait se parler, elle a voulut éviter le sujet à tout prix.
Blaise attendit la suite, mais elle ne vint pas. Devant le silence du Serpentard, il finit par froncer les sourcils et demander :
- Et... ?
- Et bien voilà c'est suffisant pour comprendre non ?
- Attend Drago, dit-il en se massant le front, excuse-moi mais j'ai du mal à te suivre.
- C'est simple, si elle avait vraiment joué la comédie tout ce temps dans le seul but de me faire souffrir, tu ne crois pas qu'elle s'en donnerait à cœur joie à présent de crier à qui veut l'entendre quel piège elle m'a tendu ? Au lieu de ça, Hermione se fait toute petite et hier, tu l'aurais vu hier, on aurait dit que ça lui arrachait les lèvres de me répéter ce qui s'était passé ! Non crois-moi, le doute n'est pas permis, elle cache quelque chose pour je ne sais quelle raison, mais je finirai par le découvrir.
Blaise dévisageait son ami d'un air inquiet, et c'est avec beaucoup de prudence qu'il finit par dire :
- Et si...et si c'était vrai tout ça Drac' ? Je veux dire, et si elle avait vraiment fait ça pour prendre sa revanche ?
Drago contracta les mâchoires en revenant à cette toute première hypothèse qui lui paraissait lointaine maintenant, puis hocha la tête en signe de négation :
- Non ! Elle ne s'effacerait pas autant devant toutes les questions que les gens lui posent, trancha-t-il. Je ne peux pas le croire.
- Dis plutôt que tu ne veux pas le croire ! rétorqua Blaise. Drago enfin tu connais Granger ! La foule ça n'a jamais été son truc ! Peut-être...je ne sais pas moi, peut-être bien qu'elle regrette la tournure que les choses ont prise et que c'est pour ça qu'elle a honte de t'en parler ! Je dit ça pour toi mon pote, ça ne me plaît pas du tout que tu te fasses de fausses idées comme ça, tu n'en souffriras que plus encore et...
- C'est bon, coupa sèchement Drago. Je n'aurais jamais du me confier à toi, de toute façon je n'ai besoin de personne pour prouver qu'elle ment. Et puis je me fiche royalement de ce que vous pensez tous, Hermione est la seule personne qui m'intéresse réellement.
- Abandonne Drac', conseilla Blaise, mal à l'aise devant le regard du jeune homme.
- Putain mais tu comprends pas que je suis tombé amoureux ! s'écria soudain Drago.
Blaise semblait pétrifié devant cet excès de colère, et Drago souffla longuement avant de reprendre d'un ton calme :
- Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens, alors n'essaie pas, d'accord ?
Son ami baissa la tête, se promettant de ne plus jamais le remettre en question au risque de s'attirer la foudre Malfoyenne, puis le regarda s'éloigner d'un pas vif et déterminé.

***

Hermione, confortablement installée à l'une des tables de la bibliothèque, était cachée derrière une pile de livres dont le volume démesuré aurait fait grimacer n'importe quel élève. Mais la jeune Gryffondor les dévoraient les uns après les autres, avide de savoir. Seulement ce jour-là, les mots n'arrivaient pas à s'aligner correctement, la concentration devenait difficile et son esprit chavirait ailleurs tandis que ses yeux continuaient d'avaler les phrases, infatigables.
Drago lui manquait affreusement. Son être tout entier réclamait la chaleur corporel du Serpentard, la douceur de ses lèvres, la délicatesse de ses gestes et le parfum enivrant gravé à jamais au plus profond d'elle-même.
Aussi, son cœur loupa un battement lorsqu'elle leva les yeux de son livre et croisa deux yeux gris qui l'observaient à travers les étagères. Hermione cessa de respirer, priant Merlin pour qu'elle arrive à se contrôler devant cette nouvelle entrevue qui, comme elle le savait avec l'habitude, devenait inévitable. Elle remarqua que ses yeux avaient conservé leur couleur grise depuis ce fameux jour, et elle espérait qu'ils puissent récupérer le bleu azur qui avait su la faire fondre.
Sans un mot, elle le vit contourner lentement l'étagère sans la lâcher du regard, et Hermione enfonça ses ongles dans la couverture du livre qu'elle tenait entre les mains, méfiante.
Lorsque la distance entre eux fut dangereuse, alors seulement Hermione trouva le courage de couper le lien hypnotique qui l'empêchait de faire le moindre geste, et rassembla quelques bouquins fermement coincés entre ses bras, avant de les glisser dans son sac et de hisser celui-ci sur son épaule. Puis elle se leva.
Tremblante, elle marcha à son tour, sachant très bien que dans quelques mètres elle croiserait le jeune homme dans cette longue allée étroite encadrée de gigantesques étages où reposaient des volumes poussiéreux depuis plusieurs années.
C'est alors qu'elle vit Drago s'arrêter de marcher un peu plus loin devant elle, attendant probablement qu'elle passe. Hermione poursuivit sa route d'un pas plus rapide, détourna le regard pour éviter tous risques possibles, et passa devant lui comme s'il n'avait pas été là.
Ses yeux se fermèrent aussitôt au contact de la main froide qui lui saisit doucement le poignet, et les livres qu'elle tenait en main s'étalèrent au sol en un bruit sourd. Elle se stoppa, le cœur battant à tout rompre, le cerveau réfléchissant à une vitesse surprenante. Perdant peu à peu le contrôle de ses pensées, elle trouva néanmoins le courage de rassembler ses idées et se retourna vers lui avec la ferme intention de récupérer son poignet et de lui lancer un regard aussi noir que possible.
Seulement, à peine avait-elle eut le temps d'ouvrir la bouche que Drago attrapa ses lèvres. Il était alors trop tard pour Hermione, car les moindres parcelles de sa peau frémirent au contact de l'autre corps et toute volonté de résister venait d'être réduite à néant. Leur langue entamèrent une danse enflammée, Hermione se sentit respirer de nouveau, ne répondant plus d'elle et se laissant totalement aller par cette drogue vitale qui lui avait causé un manque insupportable, responsable de ce mal-être quotidien. Drago passa sa main sous sa nuque tandis que la jeune femme passa la sienne dans les cheveux blonds qu'elle aimait tant, l'autre agrippant fermement le tee-shirt comme pour s'assurer qu'il était bel et bien là. Comment avait-elle pu supporter tant de jours sans cette odeur qui lui emballait le cœur, sans le goût de ces lèvres divines qui avaient le don de lui faire tout oublier jusqu'à son prénom ? Mais cet instant magique ne put durer plus longtemps. 
La lourde porte en bois de la bibliothèque fut ouverte à la volée, faisant résonner un vacarme assourdissant dans ce silence de mort. Hermione sursauta et se dégagea aussitôt du jeune homme avec un air horrifié par ce qu'elle venait de faire, et poussa alors un cri de douleur : à travers sa robe de sorcier elle sentit son sang chaud couler le long de son bras, sa peau comme déchirée par un couteau invisible. Le moment intense qu'elle venait de vivre l'avait emmené ailleurs et avait fait abstraction de la douleur, mais le réveil de la plaie n'en fut que plus brutal. Heureusement, Drago n'entendit pas son cri plaintif car une voix que trop familière hurla près de l'entrée, et elle n'avait rien de rassurant :
- MALEFOY !
Hermione et Drago échangèrent un regard de surprise, puis le Serpentard sortit sa baguette en entendant Harry Potter courir le long des étagères, hurlant comme un fou.
Hermione lui fit signe de déguerpir en vitesse mais Drago ne bougea pas, curieux de voir ce que lui voulait le balafré. Ce dernier apparût enfin, suivit d'un Ron essoufflé.
- Malefoy espèce d'enfoiré ! rugit Harry en pointant sa baguette vers le blond.
- Hermione ? s'étonna Ron qui apparemment avait essayé de retenir son ami sans grand succès.
- Enfin Harry qu'est-ce qui te met dans un état pareil ? demanda Hermione qui sentait encore son cœur marteler sa poitrine.
- C'est moi...dit calmement Drago non sans un petit sourire.
- Tu n'es qu'une ordure Malefoy ! Hermione écarte-toi ! ordonna le jeune brun.
- Quoi ? dit-elle affolée. Harry calme-toi...
- Vas-t-en ! hurla-t-il.
Ron s'empressa d'aller la tirer par le bras en lui murmurant :
- Ne reste pas là, c'est entre eux cette histoire.
Drago et Harry se faisaient face, la baguette sortie, l'un furieux, l'autre amusé.
- Tu devrais me remercier Potter, dit alors Drago. Grâce à moi tu t'es rendu compte de ta naïveté, ça crevait les yeux qu'elle ne t'aimait pas...
- Tu avais toutes les femmes à tes pieds bordel ! s'emporta Harry. Il a fallu que tu viennes me gâcher la vie !
- Chang est seule responsable, coupa Drago d'un ton soudainement sec. Maintenant range ta baguette ça vaut mieux pour toi Potter.
- Ne me sous-estime pas Malefoy, tu pourrais être étonné...
- Toi de même...
- Ca suffit tous les deux ! pesta Hermione. Harry, oublie cette vieille histoire et...
Mais elle fut coupée par Harry qui sembla seulement réaliser sa présence, et il la regarda alors comme jamais il ne l'avait regardé, avec un air de dégoût qui lui perfora le cœur :
- Tu savais...murmura-t-il accablé. Hermione tu le savais et tu me l'a caché !
Celle-ci baissa la tête, avec un horrible sentiment de culpabilité, préférant fuir les yeux émeraude au risque de ne pas pouvoir garder longtemps les larmes naissantes.
- Comment as-tu pu me faire ça ! s'écria Harry en s'avançant brusquement vers elle.
Mais Drago se plaça aussitôt devant la jeune femme et menaça d'une voix glaciale :
- Elle n'a rien à voir avec ça alors garde tes distances Potter. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même si tu n'as pas su garder ta copine.
- La ferme !
- Vu le plaisir qu'elle a prit avec moi on aurait dit qu'elle redécouvrait l'amour, ricana le Serpentard. Si tu n'assures pas au lit ne viens pas te plaindre qu'après elle ait besoin d'aller voir ailleurs !
Un éclair bleu jaillit de la baguette du Survivant et atteint Drago en pleine poitrine. Ce dernier fut projeté violemment contre une étagère dont plusieurs bouquins s'effondrèrent sur lui, suivit du cri perçant de Hermione. Mme Pince hurla telle une furie depuis l'autre bout de la bibliothèque, et ses pas qui se rapprochèrent tambourinèrent le sol à la façon d'un troll. Drago se releva, un regard d'un tel gris acier que Hermione prit peur et, à ce moment là, elle pria toutes les forces du monde pour que Harry sorte indemne. Drago fit un mouvement de baguette et il en sortit un énorme boa qui se jeta sur Harry à toute vitesse, mais ce dernier eut le reflex de se protéger et, alors que les dents tranchantes du reptiles allaient s'enfoncer dans la chair de son cou, l'animal fut réduit à la taille d'un lézard. Hermione et Ron se regardèrent furtivement, pétrifié devant un combat qui n'avait rien de scolaire, mais où la magie noire avait emplie la pièce ainsi que l'esprit des adversaires. 
Ce fut au tour de Harry d'attaquer ; toujours sous forme de sort informulé, il leva sa baguette et surgirent de celle-ci une nuée d'étoiles aux lames aussi tranchantes que des rasoirs. Elles fusèrent droit sur Drago qui s'empressa de faire un mouvement rapide et sec avec sa baguette, et les étoiles tranchantes furent transformées en eau avant d'asperger le sol sous les cris stridents de madame Pince. Cette dernière leur ordonna d'arrêter sur le champ mais les deux jeunes hommes ne semblaient même pas l'entendre, comme concentré dans un combat dont tous deux rêvaient depuis plus de sept ans. Devant leur détermination presque terrifiante et son manque évident de connaissance en matière de magie, la bibliothécaire s'enfuit prévenir le directeur après avoir tenté vainement de faire sortir les deux spectateurs.
- Il faut qu'on intervienne Ron ! paniqua Hermione.
- J'aimerais crois-moi ! Mais je ne peux pas bouger, comme toi apparemment !
En effet, la jeune femme était incapable de faire le moindre mouvement, son corps entier refusait d'obéir.
Elle se douta que le sort de paralysie lancé discrètement par Harry n'avait pas pour but premier de les protéger comme elle le pensa au début, mais plutôt de les empêcher d'intervenir dans un combat qu'il considérait comme le sien. L'espace d'un instant, Hermione cru voir une lueur rouge dans les yeux de Harry, sa haine envers Drago ne laissait place à un aucun autre sentiment, il était comme...possédé. Possédé par un désir de vengeance qu'il ruminait au fond de lui depuis la rupture avec Cho et qu'il laissa exploser en trouvant enfin l'identité de l'homme sur lequel il n'avait cessé de mettre un visage, passant par tous les garçons du collège ; même Ron avait prit cette identité un soir où Harry ne trouvait pas le sommeil.
Impuissante, Hermione assistait à un spectacle de magie noire effrayant où les sorts fusaient en tous sens, sans que l'un ne parvienne à toucher l'autre, leur magie étant visiblement de même niveau ; mais Hermione soupçonna Drago de ne pas utiliser ses véritables connaissances en matière de magie noire, sachant pertinemment qu'elle ne lui pardonnerait jamais de faire du mal à Harry. 
Le Serpentard eut soudain l'air d'en avoir assez de ces enfantillages qui l'ennuyaient presque, et décida d'attaquer une bonne fois pour toutes. Il fit tourner sa baguette en l'air en dessinant de petits cercles invisibles et Harry se sentit soudain emporté dans les airs par un tourbillon translucide, qui le fit tourner sur lui-même si rapidement que sa respiration se bloqua et son cœur ne tarda pas à être compressé par la vitesse. Alors que son teint prenait une teinte bleutée, Drago leva sa baguette à contre cœur et son adversaire tourna de moins en moins vite, comme un tourniquet en pleine vitesse que l'on ralentit pour le regarder finir lentement sa dernière rotation. Le jeune homme s'écroula par terre et sentit à nouveau l'air pénétrer ses poumons, sa respiration saccadée devint le seul bruit dans le silence pétrifiant qui s'était installé, bientôt brisé par le rouquin qui se précipita vers son ami :
- Harry ! Harry tu vas bien ? 
Encore sous le choc, Hermione réalisa seulement que le sort jeté par Harry avait été rompu lorsque ce dernier avait frôlé la mort.
Drago s'avança alors vers le vaincu qui reprenait peu à peu des couleurs, et étrangement il ne cria pas son triomphe mais se contenta de le mettre en garde : 
- Je trouve pitoyable le fait de se mettre dans un état pareil pour une femme qui t'a oublié depuis longtemps déjà, mais encore plus idiot de s'en prendre à moi quand on connaît mon passé...Je laisse pour cette fois Potter, sache néanmoins que tu serais mort si Hermione ne tenait pas autant à toi.
Il rangea sa baguette et passa devant le trio, la tête haute. On pouvait entendre Mme Pince qui criait depuis les couloirs, probablement accompagnée de Dumbledore.
Hermione souffla longuement son air jusque là retenu, mais elle n'eut pas le temps de décompresser d'avantage car elle vit avec horreur Harry tendre son bras en direction de sa baguette restée à terre, la haine et le refus de s'avouer vaincu défigurant son visage.
Ce dernier avait du prévoir sa réaction car il murmura un « protego » lorsque Hermione lui lança le sort de désarmement, et ce fut sa propre baguette qui lui échappa des mains.
A ce moment là, elle sut exactement quel sort il lui réservait, le connaissant que trop bien pour deviner qu'il s'était retenu jusque là. Sans réfléchir, Hermione eut pour seule réaction de crier le nom du jeune blond avant de se jeter sur lui.
Celui-ci fut violemment projeté à terre, sentant un poids sur son dos qui l'empêcha de respirer correctement. Un peu sonné, la joue contre le sol, il plissa légèrement les yeux pour distinguer ce qui serpentait sur le carrelage à quelques centimètres de lui. Lorsque sa vue se fit plus nette et qu'il comprit que ce n'était rien d'autre que du sang encore noir qui s'écoulait en abondance, il voulut se dégager mais il sentit que son corps entier était humide et chaud. Baigné de sang, Drago entendit les cris des deux hommes résonner à ses oreilles, puis le poids sur son dos fut soulevé par lévitation et il put enfin se relever. Il fut alors pétrifié devant la scène qui s'offrait à lui : Hermione flottait inconsciente dans les airs, son corps haché par de profondes entailles d'où s'échappait continuellement une fontaine de sang. Dumbledore venait d'envoyer Mme Pince chercher l'infirmière tandis qu'il tentait de refermer aussi bien que possible les blessures à l'aide de sa baguette pendant que le professeur Mc Gonagall tenait la jeune femme en lévitation.
Drago tourna vivement la tête vers le responsable qui était encore au sol, immobile, abordant une expression d'horreur et de surprise alors que le rouquin se précipitait vers son amie qui se faisait emmener d'urgence à l'infirmerie par Mme Pomfresh.
Harry fut obligé de détacher son regard de l'endroit d'où venait de disparaître Hermione, car il sentit soudainement son col se faire agrippé par une poigne féroce et deux yeux gris se plantèrent dans les siens l'instant d'une seconde, avant de sentir sa tête violemment chavirer sur la gauche. Le coup porté à son visage ne fut rien à côté des deux autres que Drago enchaîna. Le cri strident de Mc Gonagall le fit lâcher prise et Harry s'écroula pour la seconde fois sur le sol, un goût infecte de sang dans la bouche et une douleur sur toute la partie droite de son visage qui lui donna une terrible nausée. Il vit avec une certaine peur Drago s'accroupir à sa hauteur :
- Si elle perd la vie, je jure devant Merlin que tu perdras la tienne Potter...
Un ordre sec se fit entendre et Harry comprit que Mc Gonagall s'adressait au Serpentard qui se permit d'ailleurs de répliquer avec une insolence qui imposa le silence au professeur de métamorphose. Une fois seule, cette dernière s'avança vers lui et il entendit plusieurs « Seigneur Merlin » avant de sombrer...

***

Bien que les récents évènements avaient provoqué une certaine agitation chez les élèves, la nuit fut étrangement calme et paisible. Les couloirs étaient déserts et Drago put aisément atteindre l'infirmerie sans encombre. La grande porte grinça et le jeune homme jeta un coup d'œil à l'intérieur. Au premier abord, la salle semblait vide, mais en y regardant de plus près, Drago discerna une forme allongée dans le dernier lit de la pièce. Silencieusement, il s'avança et contempla le visage abîmé et meurtris de la jeune femme, son corps faible et fragile, son teint presque plus blanc que les draps eux-mêmes. De longues cicatrices encore rouges flamboyantes recouvraient ses bras et sûrement d'autres parties du corps qu'il ne pouvait voir à cause du pyjama.
Il tira une chaise qui se trouvait à proximité et s'y assit. L'état pitoyable de la Gryffondor lui rappelait le sien l'année précédente, victime de ce même sort : Sectumsempra. Il se souvint de la douleur atroce qui lui avait transpercé chaque parcelle de son corps bientôt tailladé de part et d'autre. Il avait failli y rester. Mais elle, elle était tellement plus forte que lui, faisait face à tellement de situation en ne pensant qu'au bien être des autres. Elle méritait tant de vivre. Sa place n'était ni dans un lit d'hôpital ni dans une tombe, mais était-elle auprès de lui ?
Bien sûr. Bien sûr que oui, ils étaient fait l'un pour l'autre, il le savait, il le sentait. Jamais il n'avait été aussi sûr, cette femme était celle qui lui fallait, une perle unique qui elle seule lui correspondait, la seule présence qu'il pourrait supporter toute sa vie, jusqu'à ne plus pouvoir s'en séparer...
Il lui prit doucement la main mais à peine l'eut-il touché que la froideur de la peau l'effraya, et il rétracta son geste.
- Tu te souviens, murmura-t-il comme s'il espérait qu'elle l'entende. Tu m'avais dit que le jour où je donnerais ma vie pour quelqu'un, je saurais que je suis amoureux.
Il sourit tendrement et prit sa tête dans ses mains :
- Si tu savais à quel point, pour la première fois de ma vie, je me fiche éperdument de mourir, tant que toi tu vis...

 

Chapitre 21 : Au-delà de l'Amour...

Les actes du jeune Potter ne restèrent pas sans conséquences, et dès le lendemain, il fut convoqué au Magenmagot, emmené par plusieurs membres du ministère ainsi que Dumbledore en personne. Pour la deuxième fois de sa vie, Harry entra dans l'immense cour juridique s'apparentant à un cachot en pierre sombre faiblement éclairé par quelques torches, où une centaine de personnes, toutes vêtues de robes couleur prune, le dévisagèrent, lui ôtant tout espoir de revoir un jour Poudlard. Néanmoins la présence et l'apparente détermination qui se lisait sur le visage du directeur lui donnèrent espoir d'échapper à la prison d'Azkaban...
Rufus Scrimgeour, qui présidait le conseil, entama le procès avec les habituelles présentations dont le représentant de la défense, soit Dumbledore. Harry reconnut Amélia Bones, l'une des directrices majeurs du Département de la Justice Magique, présente à son ancien procès. Sorcière massive à la mâchoire carrée et aux cheveux gris coupés courts, elle entretenait une relation amicale avec Arthur Weasley, et Harry espéra de tout cœur qu'elle serait clémente une fois de plus.
- Monsieur Harry Potter, commença la voix grave de Scrimgeour, vous êtes accusé d'avoir attaqué un élève, Miss Granger, dans la bibliothèque de Poudlard à l'aide un sortilège mortel non déclaré : le Sectumsempra. La victime est actuellement dans le coma et les seuls témoins à charge ont refusé de témoigner. La cour a délibéré sur votre sort et propose un renvoie immédiat de l'école ainsi que, puisque récemment déclaré majeur depuis le trente et un juillet, six mois de réclusion à Azkaban. Nous écoutons à présent la défense, j'appelle Monsieur Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie Poudlard.
Le vieil homme se leva fièrement, une étrange lueur de malice divulguée derrière ses lunettes en demi-lune.
- Vous n'ignorez sans doute pas, dit-il de sa voix fatiguée, que monsieur Potter a été victime du sortilège de mort un trente et un octobre 1981, et que par conséquent...
- Pardonnez, coupa sèchement la voix aigue d'une grande femme brune aux traits sévères qui résidait à gauche du juge, mais bien que ce jeune homme ait été victime d'atrocités dans son passé, ses actes de la veille n'ont aucun rapport avec Vous-Savez-Qui et des arguments d'ordre personnel qui ont sûrement pour but de nous attendrir ne peuvent être pris en considération.
- Permettez-moi de vous contredire sur certains points cher Sinella, répondit calmement Dumbledore. Premièrement mon but n'est pas de créer un quelconque sentiment de pitié vis-à-vis de monsieur Potter, cela serait d'un niveau peu élevé vous en convenez...Mon deuxième point peut vous surprendre, mais Lord Voldemort en personne est une fois de plus, en parti, et j'insiste sur ce point, responsable.
Des murmures de protestation parcoururent l'assemblée à l'évocation du nom si redouté.
- Veuillez vous abstenir de prononcer son nom à l'avenir, ordonna Scrimgeour entre ses dents. Oser dire son nom n'est pas une marque de courage comme vous semblez le penser Dumbledore ; l'échiquier dressé par le Lord Noir est bien trop grand pour que votre « bravoure » fasse avancer nos pions.
- Sauf votre respect, répondit le vieil homme, continuez à craindre de le prononcer et ce seront ses pions qui prendront de l'avance...
- Cela suffit, déclara l'homme à droite cette fois-ci du juge. La défense a la parole et plus aucune intervention ne sera tolérée. Poursuivez...
Dumbledore le remercia d'un signe de tête. Rufus Scrimgeour avait toujours été en opposition avec Dumbledore et cela n'allait pas arranger les choses. Mais aux dernières nouvelles son poste était menacé pour cause d'absences répétitives. Selon Hermione, sa fille en était la responsable, l'amour que lui portait son père l'empêchait de la vendre à la justice en tant que partisane du Seigneur des Ténèbres, et la surveiller devenait vital pour sa protection. Harry se jura de les dénoncer s'il ne sortait pas de cette cour sans la confirmation qu'il n'irait pas à Azkaban.
- Comme je le disais, reprit le directeur, le sortilège de mort s'est retourné contre Voldemort mais cela ne fut pas sans conséquences. En effet, monsieur Potter s'est rendu compte au fil des années que Voldemort et lui étaient liés qu'ils le veuillent ou non. Lorsque le sort lancé envers Harry s'est retourné contre lui, une partie de ses pouvoirs a été transmise à ce jeune homme, notamment la capacité qu'il a à parler le Fourchelang, dialecte que seul les héritiers de Salazar Serpentard possédaient. Mais il y a deux ans, Harry a été victime de cauchemars horribles révélant les actes, les pensées, ainsi que les humeurs du Lord. Ceci vous sera prouvé par ce dossier.
Un dossier jaune apparut sur le bureau du juge.
- Il contient le témoignage de Monsieur Arthur Weasley qui a été sauvé grâce à la perspicacité de Harry après un cauchemar. Il contient également le témoignage de Monsieur Remus John Lupin qui vous confirmera l'appel de détresse que lui a lancé Harry après qu'il ait fait un cauchemar le prévenant de la mort de son parrain. Enfin, il y a mon propre témoignage, j'y affirme avoir vu Harry Potter se faire posséder par Voldemort lui-même quelques minutes avant l'arrivée de Cornélius Fudge. Tout cela pour dire que malgré lui, Harry est rattaché à Voldemort par un lien si fort que l'occlumancie pratiquée avec l'aide du professeur Severus Rogue n'a pas aboutie à l'effet désiré, et Harry ne peut fermer son esprit aux intrusions fréquentes du Mage Noir qui profite de cette situation.
- Certes, dit alors Scrimgeour, votre raisonnement suit une parfaite logique et nous ne doutons pas de vos témoignages, mais en quoi cela explique-t-il le comportement de monsieur Potter dans notre affaire ?
- Harry Potter est, pour des raisons personnelles, entré dans une colère noire et le lien les unissant fonctionnant dans les deux sens, Voldemort a ressenti cette état de haine et l'a exploité à travers lui, de façon à lui faire commettre l'irréparable.
- Avez-vous seulement des preuves de ce que vous avancer Dumbledore ?
- Il me semble que le fait que Harry Potter utilise le Sectumsempra, sort encore inconnu au monde magique, si ce n'est par une puissance détenant un contrôle parfait de la magie noire, est une preuve suffisante. Seul un être tel que Voldemort serait capable d'inventer de tels sortilèges et un garçon de dix-sept ans, aussi doué soit-il, en serait incapable.
Harry savait pertinemment que Dumbledore jouait ses atouts sur le fait que l'accident de l'année passée avec Drago n'était connu que par lui et Rogue. Le Sectumsempra avait été trouvé dans un livre et Harry avait parfaitement été capable de lancer le sortilège. Si le ministère croyait aux affirmations du directeur, il avait des chances de s'en sortir.
- De plus, reprit celui-ci, avouez que le célèbre Harry Potter, ennemi juré de Voldemort, se faisant renvoyer de Poudlard où il bénéficiait d'une sécurité assurée, pour se retrouver à Azkaban où il aurait pour seule protection des êtres maléfiques facilement influençable par le Lord, serait une occasion bien trop belle de l'éliminer définitivement, n'est-ce pas ?
L'assemblée murmurait des approbations qui donnèrent courage au Gryffondor. Dumbledore avait été impressionnant et si convaincant qu'il espérait même revenir à Poudlard.
Rufus Scrimgeour s'éclaircit la gorge pour faire taire le bruit naissant :
- Donc, dit-il, vous assurez l'innocence de monsieur Potter dont le comportement n'aurait été que manipulation préméditée du Seigneur des Ténèbre ? Avouez, bien que votre histoire suive une certaine cohérence, que vos affirmations restent faibles en matière de preuves...
Il regarda par-dessus ses deux épaules et fut surprit de voir une assemblée silencieuse et, apparemment, convaincue. Ce fut le moment du vote en faveur de l'inculpé et des mains hésitantes et peu nombreuses au départ se levèrent, bientôt suivies d'une très grande majorité.
- Enfin c'est grotesque ! s'écria la petite voix aigue de la voisine du juge, qui d'ailleurs grimaçait également.
- La cour annonce un changement de verdict, dit alors Amélia Bones d'une voix claire et forte. Monsieur Potter, sous influence du Lord Noir, a agit en état d'inconscience et son acte est donc considéré comme involontaire. Les charges retenues contre l'accusé sont retirées et monsieur Potter reprendra sa scolarité à Poudlard dès demain. Néanmoins, un membre du ministère lui enseignera correctement l'occlumentie trois soirs par semaine pendant deux heures jusqu'à vue de progrès. Je vous remercie.
Scrimgeour donna un coup de marteau enragé qui résonna longuement, le procès était fini.

***

Le retour de Harry créa une véritable nuée de levé de chapeaux, le Héro dont on avait le plus besoin en ce temps d'avant-guerre était de nouveau parmi nous. Le ministère, du moins une partie, ne regrattait pas son choix car le jeune homme restait l'unique espoir de voir un jour la lumière revenir, il donnait aux gens l'envie de se battre contre ce qui avait pourri leur monde depuis bien trop longtemps.
Drago regardait cette scène pathétique depuis la fenêtre de l'infirmerie, les yeux cernés et le teint blafard. Les élèves venaient chaleureusement accueillir Potter avec des poignées de mains reconnaissantes, comme pour le remercier de ne pas les laisser tomber. Comment pouvaient-ils ne serait-ce qu'un seul instant le vénérer après ce qu'il venait de faire à Hermione ? Comment les gens pouvaient-ils continuer de sourire alors que la femme qu'il aimait était pendue par un fil au dessus du gouffre éternel ? Hermione avait pour meilleur ami un menteur et un profiteur de sa gloire s'affichant comme le pauvre petit orphelin, reniant toute aide pour n'en paraître que plus pathétique, se croyant supérieur aux autres et se permettant ainsi de négliger ses priorités. Sa légendaire bravoure n'était due qu'aux nombreuses coïncidences et à l'aide précieuse que lui portait la belle Gryffondor, sans elle il ne serait rien et comment l'avait-il remercié ?
La haine que Drago portait à Harry surpassait toutes raisons en lui qui hurlaient de ne pas tuer Potter au risque de perdre définitivement la jeune femme.
Le Serpentard se retourna vers elle et regarda pour la centième fois ses profondes cicatrices qui hachuraient son corps. La potion de Mme Pomfresh ne semblait pas très efficace et sa peau ne retrouvait toujours pas de couleur. Drago n'osait même pas s'imaginer ne plus jamais revoir ses yeux noisette le fixer avec reproche et amusement, ses lèvres embrasser les siennes avec fougue...
- T'es resté là toute la nuit ?
Drago fut tiré de ses songes et afficha à nouveau un air froid et sûr de lui :
- Je rêve ou t'essaies de faire la conversation après avoir essayé de me tuer Potter ?
Celui-ci, planté sur le pas de la porte, ne trouva rien à y répondre, mais sentit néanmoins le besoin de se justifier :
- Je n'étais pas moi-même hier et...
- Oh ta gueule Potter ! vociféra le jeune homme en se levant, faisant tomber sa chaise en un fracas assourdissant. Tu peux entuber tous tes stupides fans mais pas moi avec tes histoires de possession ! Toi et moi savons parfaitement que le vieux fou a dit ça pour te protéger, alors arrête tes conneries !
Harry se tut, mâchoires presque aussi contractées que celle de son ennemi, et vint se placer près du lit de Hermione sous l'œil assassin de Drago.
- Ça n'aurait jamais du être elle sur ce lit, ni personne d'autre d'ailleurs...dit-il sombrement.
- Si, toi tu y auras ta place si elle ne s'en sort pas, jura le Serpentard en toute sincérité.
- Pourquoi as-tu refusé de témoigner contre moi ? demanda alors le brun.
- Pour la même raison qui fait que tu es toujours en vie, dit-il avant de redresser la chaise et de s'y asseoir à nouveau.
Harry comprit l'allusion au fait qu'il ne lui nuirait pas tant qu'Hermione vivrait, il faisait ça uniquement dans son intérêt. Même s'il refusait de se l'avouer, Drago était bien plus puissant que lui, il savait à quoi s'en tenir dorénavant et fut soulagé de ne pas avoir à l'affronter, du moins pas encore...
Sentant qu'une présence était de trop et que le Serpentard ne semblait pas du tout décidé à partir, Harry quitta l'infirmerie à contrecœur.
Plusieurs minutes s'écoulèrent, Drago ne regardait même plus l'heure, mais ses gestes faibles et son teint blanc en disait long sur le temps passé à rester assis, espérant voir bouger ne serait-ce qu'un doigt de la jeune femme. Il aperçut alors, l'espace d'une seconde, une lueur briller au soleil près de son cou. Drago dégagea légèrement le drap et vit la chaîne en argent au bout de laquelle pendait paresseusement le pendentif qui avait changé sa vie. Il prit délicatement le petit cœur violet entre ses doigts et s'étonna de la chaleur qu'il dégageait, ce qui faisait contraste avec la roideur des membres de son propriétaire.
- Surtout ne prend pas ça pour de la faiblesse ou de la soumission Granger, s'amusa Drago avec un sourire, mais tu es la seule personne pour qui je ferais tout et n'importe quoi...
Il leva tristement vers elle ses yeux gris qui avaient perdu de leur intensité, fatigué de parler tout seul, ne sachant même pas si elle entendait des paroles qui n'auraient jamais été prononcées avec autant de facilité dans une situation autre que celle-ci.
Drago sentit tout à coup le cœur de Bulborbus chauffer entre ses doigts, jusqu'à atteindre une chaleur qui lui tira un cri de douleur. Il essaya de le lâcher mais constata avec effroi que sa main resta collée au pendentif qui atteignait à présent une température ardente, lui brûlant la peau. Les veines de sa main devinrent alors à visibles, comme si elles essayaient de trouer la peau pour sortir, puis ce fut au tour de celles de son bras avant que son corps entier ne soit secoué de violents spasmes, toutes veines discernables y comprit celles du cou et du visage. Le jeune homme, effondré par terre mais le bout des doigts toujours aussi fermement collés au pendentif, ne put crier sa douleur car un nœud serré lui nouait la gorge, et d'horribles bruits de battements sourds vinrent lui tambouriner l'intérieur du crâne, telle un cœur dont on tenterait de stopper les pulsations.
Mme Pomfresh sortit de son bureau et lâcha rapidement sa tasse de thé qui s'explosa contre le carrelage blanc, épouvantée par ce qui s'offrait à elle : le jeune homme blond qui était là depuis deux jours, au bord de l'agonie, les yeux grands ouverts, semblait rattaché au collier de sa patiente dont les cicatrices rougeoyantes disparaissaient lentement au fur à mesure que les veines du garçons apparaissaient.
Elle se précipita vers eux et tenta de dégager les doigts du pendentif qu'elle supposait comme la source de cette attraction, mais fut violemment expulsée contre le mur par une sorte de champ protecteur. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques instants et vit l'enchantement s'arrêter de lui-même, le Serpentard retomba lourdement sur le sol tandis que le petit cœur perdait peu à peu sa lueur rouge et sa chaleur.
L'infirmière accourut près de Drago après avoir attrapé un élève par le col dans le couloir, lui ordonnant d'aller chercher le directeur. La peau du jeune homme était aussi froide que la pierre mais les pulsions de ses veines paraissaient s'apaiser, au même rythme que son cœur d'ailleurs...En effet, Mme Pomfresh put facilement voir, grâce à un sortilège plus que difficile, le cœur, ou du moins une image, du garçon flotter au niveau ses yeux, lui révélant ainsi les battements cardiaques presque inexistants. Après l'avoir déposé sur un lit à l'aide de sa baguette, elle utilisa plusieurs sortilèges, potions et pommades magiques pour améliorer son état crucial. Dumbledore arriva en trombe suivit de près par la sous-directrice qui porta la main à sa bouche :
- Par Merlin que s'est-il passé !
- Oh Minerva vous n'allez pas me croire ! s'exclama l'infirmière en montrant Hermione du doigt.
La jeune femme reposait sereinement sur son lit blanc, sa peau aussi neuve qu'un enfant, toutes traces de cicatrices ayant disparues...
- Co...co...comment est-ce possible ? demanda McGonagall.
- Qu'est-il arrivé à Monsieur Malefoy ? demanda sèchement Dumbledore qui s'inquiétait beaucoup plus de l'état du jeune homme vu la couleur violine de sa peau.
- C'est cette chose, répondit-elle d'une voix tremblante en montrant le collier qui reposait sagement sur la poitrine de Hermione. Quand je suis arrivée Monsieur Malefoy était comme...électrocuté par le pendentif, c'était horrible. Les cicatrices de Miss Granger ont alors commencé à toutes s'effacer !
- Je crois reconnaître un cœur de Bulborbus ? demanda-t-il.
- En effet, approuva le professeur de métamorphose.
- Veuillez aller chercher Pomona s'il vous plaît, dit-il à l'adresse de McGonagall qui s'exécuta aussitôt. Comment est son état ?
- Critique pour le moment, déclara sombrement l'infirmière, mais il va s'en sortir je vous l'assure. Avec tout ce que je lui ai attribué je ne serais même pas étonné de le voir revenir à lui d'ici deux heures.
- J'en suis heureux, vous êtes admirable Pompom. Je vous demanderai de garder ce qui s'est passé pour vous.
- Cela va de soi.
Le professeur McGonagall revint quelques minutes plus tard, accompagnée de Mme Chourave.
- Ah Pomona, dit chaleureusement le directeur, le cœur de Bulborbus aurait-il une fonction autre que celle servant à la potion du filtre d'amour ?
Celle-ci sembla surprise de la question mais se contenta de répondre :
- Eh bien oui en effet, mais c'est très rare, je dirais même impossible que...
- Quelle est-elle ? coupa-t-il doucement.
- Le cœur de Bulborbus réunit deux âmes complètement confondues dans une harmonie parfaite, et s'il arrive malheur à l'un des deux êtres, si leur amour est assez fort, alors l'autre a la possibilité d'absorber tout le mal, physique et moral, qui ronge sa dulcinée. Cet échange peut-être mortel si l'on n'intervient pas à temps. Mais comme je vous le disais, il est quasi-impossible que...
Mais Mme Chourave s'interrompit lorsque son regard se posa sur le collier d'une malade. Les yeux démesurément ouverts, on aurait pu croire qu'elle était morte debout si elle n'avait pas marché en direction de Hermione d'un pas prudent, comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Toujours sans un mot, les yeux pétillants d'adoration, elle approcha doucement sa main du pendentif, tremblante.
- Pomona est-ce que tout va bien ? s'inquiéta le professeur McGonagall.
- C'est impossible...souffla-t-elle dans un murmure sans lâcher sa cibles des yeux. C'est...c'est un miracle Merlin !!
- Ne touchez pas le cœur de la plante, ordonna vivement Dumbledore.
- Oui, oui je sais, répondit le professeur de botanique qui parut sortir de sa torpeur.
- Professeur ? appela alors une petite voix timide.
Pendant l'étrange comportement de Mm Chourave, personne ne s'était rendu compte qu'Hermione s'était réveillée. L'infirmière poussa un cri de joie et s'empressa d'aller lui chercher une bonne tablette de chocolat pour lui redonner de l'énergie.
- Professeur, répéta-t-elle en regardant le lit voisin d'un air horrifié, que lui est-il arrivé ?
Dumbledore se chargea de lui expliquer ce qui s'était passé sous les fréquentes approbations du professeur de métamorphose, tandis que celui de botanique ne tenait pas en place, apparemment avide de leur révéler la source de son excitation. Lorsque le directeur eut finit, la première question que Hermione posa fut : « Va-t-il s'en sortir ? », et elle fut soulagée de voir que l'infirmière répondit affirmativement.
- Qu'y a-t-il de si merveilleux à cette situation Pomona ? demanda McGonagall qui commençait à être agacée par les sautillement frénétique de sa voisine.
- Comment expliquer voyons...Disons que sur Terre, chaque personne quelle qu'elle soit, détient une âme sœur. Lorsque vous naissez, votre âme sœur existe déjà quelque part dans le monde, elle est vous, et vous êtes elle, vous ne faîtes qu'un, unis par un amour indestructible et éternel. Mais il est impossible de la trouver ! Je veux dire par là que les chances de la rencontrer parmi des milliards d'humains sont très très faibles, pour ne pas dire inexistantes ! Le cœur de Bulborbus est le seul et unique moyen de les reconnaître, de prouver que deux personnes sont complémentaires l'une de l'autre ! Le cœur de cette plante vaut des millions de gallions ! Le seul cœur de Bulborbus connût à ce jour repose en Grèce dans un endroit protégé par un nombre incalculable de sortilèges, retiré par un sorcier quelques siècles avant Jésus Chris ! Comprenez mon étonnement lorsque je vois que cette jeune fille porte de l'amour en or à son cou sans même en connaître sa valeur !
Tout le monde resta bouche bée suite au discours incroyable du professeur de botanique.
- Pourquoi ne pas nous l'avoir dit pendant le cours ? demanda alors Hermione.
- Le ministère a interdit de révéler ces informations pour la sécurité des élèves, expliqua-t-elle, vous imaginez s'ils leur prenaient l'envie de vouloir savoir si la personne qu'ils aiment est leur âme sœur ? Ou essayer de la retirer pour des raisons d'argent ? Je ne préfère même pas imaginer le nombre de mains qui resterait brûlées à vie...
Hermione regarda la petite chose pendue à son cou. Alors comme ça Drago et elle étaient des âmes sœurs, uni par un amour indestructible et éternel...Et dire que lui l'avait retiré inconsciemment en pensant aimer Lisa. Hermione réalisa que depuis sept ans, elle vivait avec l'homme de sa vie sous les yeux, et elle n'en savait rien, elle l'avait même détesté... Elle se souvint de cette soirée au nouvel an, lorsque leurs bouches s'étaient frôlées, le monde autour d'eux avait alors disparu et Hermione n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort. Le soir même fut leur premier baiser dans la chambre de Drago, et les sensations qui s'étaient éprises de son corps étaient semblables. Tout s'expliquait, ce lien entre eux, cette envie ardente d'aller embêter l'autre, de lui parler, ce besoin de le voir, de l'embrasser, c'était vital, c'était leur amour unique, c'étaient leurs âmes confondues.
Mais Hermione savait au fond d'elle que cette chance du destin qui lui fit trouver son âme sœur allait être gâchée encore et toujours à cause de cet être noir qui avait détruit sa vie et celle de Harry : Lord Voldemort.
Elle se demanda si ce dernier aurait la patience d'attendre la fin de l'année pour avoir la réponse de Drago...Tant que celui-ci s'obstinerait à penser que leur histoire n'a jamais été mensonge, il y avait des chances qu'il refuse de s'allier à lui, mais Hermione savait qu'il était de son devoir de le convaincre qu'elle ne l'avait jamais aimé, et lorsqu'il acceptera enfin cette idée...la colère noire s'emparera de lui et plus rien ne le retiendra ici, il ira régler sa dette auprès de Voldemort, ce dernier récupérant ainsi un atout majeur pour la grande guerre à venir...
Hermione était si fatiguée de tout ça, elle aimerait tant lui dire la vérité...
Mais il ne devait jamais le savoir, jamais. Il ne devait pas découvrir qu'elle était une partie de lui, qu'elle l'aimait comme il lui était interdit d'aimer. Hermione savait qu'elle n'aurait pas la force de vivre sans l'homme qu'elle aimait plus que sa vie elle-même, mais l'amour qu'elle lui portait dépassait tellement tout ça que lui seul comptait à ses yeux.
La jeune femme regarda tendrement Drago sur le lit voisin et, priant pour qu'il n'ait pas entendu la conversation avec Mme Chourave, elle s'adressa aux personnes présentes :
- Ne dîtes rien de tout cela à Drago Professeur...Je vous en prie.
Tandis que le directeur, son adjointe et l'infirmière approuvaient sans poser de questions à son plus grand soulagement, Mme Chourave la regarda avec des yeux ronds, outrée :
- Mais vous ne pouvez pas gâcher un tel prodige ! s'exclama-t-elle. Il a le droit de savoir et...
- Pomona cela suffit ! siffla Dumbledore, apparemment fâché. Miss Granger nous demande de tenir le secret et nous nous devons de respecter son choix...
- Mais...
- Est-ce clair ? demanda-t-il avec un regard perçant derrière ses lunettes.
- Oui, oui bien sûr...finit-elle par dire tristement.
- Bien. Je vous demanderais maintenant de sortir mesdames, Miss Granger a besoin de repos.
Les deux femmes s'exécutèrent tandis que l'infirmière regagnait son bureau, laissant Dumbledore avec sa patiente. Cette dernière savait parfaitement que, malgré son envie de connaître la vérité, il ne lui poserait aucune question qui la mettrait mal à l'aise, et elle le respectait vraiment pour ça.
- Vous savez Miss Granger, dit-il de sa voix cassée et fatiguée, le fait que monsieur Malefoy ait retiré le cœur prouve que vous l'aimez également au delà même de ce que l'on pourrait appeler l'amour. La raison qui vous pousse à refuser ce bonheur servi sur un plateau d'argent doit être extrêmement importante...et grave.
Il s'approcha du lit et se tut un moment avant de déclarer :
- Vous pouvez me faire confiance, Miss Granger. Je devine que tout cela à un rapport avec une force si obscure que vous ne pouvez y faire face, je devine également que monsieur Malefoy doit être danger pour que votre coeur subisse une telle horreur.
Hermione hésita longuement, mal à l'aise de mentir à nouveau. Non elle ne pouvait pas lui dire, il ne comprendrait pas. Il chercherait une solution pour épargner Drago au mal plutôt que pour les réunir, l'avenir de tous en dépendant, et pour cela peut-être serait-il prêt à sacrifier le secret. Elle ne pouvait prendre le risque de le dire à un adulte car, intelligent ou pas, ils ne comprennent jamais vraiment que ce qui est le plus important pour eux ne l'est pas forcément pour un adolescent. Si Drago venait à apprendre la vérité, elle mourrait, et il vivrait avec la haine et le chagrin de ne pas avoir su plus tôt. Non moins elle en parlait, mieux son secret serait gardé.
- Je crains de ne pouvoir vous révéler la vérité, dit-elle finalement, la gorge serrée. Je préfère vous avouez que je ne vous direz rien plutôt que de vous mentir professeur. Je suis désolée.
Dumbledore, qui avait pour habitude de dissimuler assez bien ses sentiments, parût très déçu, il ne devait pas s'attendre à un rejet de la part de cette élève, lui qui avait toujours su trouver les bons mots. Il sembla soudain réfléchir aux dernières paroles échangées, puis son regard se posa vivement sur le poignet de la jeune femme, mais il était caché par le drap. Un sourire se dessina néanmoins sur son visage vieilli par les rides, puis il fixa Hermione avant de dire :
- Très bien, c'est votre choix. Je comprends.
Puis sans un mot il repartit et sortit de l'infirmerie, comme soulagé d'avoir enfin comprit la source de son entêtement. Hermione se demanda s'il avait vu à travers le drap, mais elle pencha plutôt pour le côté très intelligent de son directeur. Elle leva son poignet à la lumière, et regarda intensément la cause de son malheur, la seule et unique cicatrice qui n'avait pas disparue, et qui demeurerait à jamais...

 

Chapitre 22 : Un Masque Si Dur à Conserver...

Un rayon de soleil vint lui transpercer les paupières mais il ne put virer sur le ventre vu la douleur de son corps encore endoloris. Drago parvint à ouvrir les yeux au bout de quelques minutes et il distingua le corps allongé de sa voisine, endormie. Ce qui s'était passé quelques heures plus tôt lui revint très vite en mémoire et Drago ne put retenir un sourire en constatant la peau toute neuve de la jeune femme. Il n'avait aucune idée de ce qui s'était produit mais s'en fichait royalement, Hermione était en vie et il n'avait pas besoin de voir le verre d'eau vide posé sur sa table de chevet pour sentir qu'elle n'était plus dans le coma. Seulement alors il prit le temps de regarder son propre corps et fut heureux de le définir toujours aussi parfait qu'avant.
Drago dégagea énergiquement le drap blanc qui lui couvrait les jambes et sortit du lit pour aller s'asseoir sur celui de la Gryffondor.
Après l'avoir regardée dormir pendant plus d'une heure, il décida à contre cœur de retourner à la salle commune, mais pas avant d'avoir laissé une marque de son passage...
Quelques secondes plus tard, Drago sortit de l'infirmerie avec le sourire. Sourire qui disparut aussitôt lorsqu'il aperçut Donovan se diriger vers la porte par laquelle il venait juste de sortir. 
Le Serpentard resta planté devant celle-ci comme pour le mettre au défi d'essayer d'entrer. Courageux ou stupide, Donovan ne se laissa pas démonter et afficha un sourire provocateur avant de lancer :
- Tu comptes me taper encore une fois Malefoy ? Il faudrait que tu comprennes une fois pour toutes que ce ne ce sont pas tes coups de poings qui vont m'empêcher de l'approcher.
- Tu as raison je devrais te tuer...dit-il avec un petit sourire en coin.
Il avait sortit cette phrase avec un naturel déboussolant et le visage du Serdaigle semblait avoir perdu toutes traces d'amusement.
Drago quant à lui jubilait de le voir se demander s'il était vraiment capable de mettre fin à ses jours, et son sourire s'étira en voyant le jeune homme demeurer muet.
- Content de voir que tu commences enfin à te rendre compte à qui tu as à faire, dit-il dangereusement. J'ai laissé passer bien des fois à cause de ta naïveté qui te faisait penser que tu n'avais rien à craindre de moi...Mais tu t'approches beaucoup trop d'Hermione, et là je t'assures que si tu franchis cette porte, c'est dans une zone redoutablement périlleuse et risquée que tu entres.
Donovan avait déjà eu à faire aux menaces du Serpentard, mais ce matin là elles paraissaient particulièrement sincères, et son teint blanc fatigué ainsi que ses yeux gris lui donnaient un réel air d'assassin. Mais Donovan, tout comme lui, avait grandi avec cet esprit de fierté qui vous pousse à agir de façon irréfléchie, comme ce fut le cas lorsqu'il tourna la poignée de l'infirmerie sous le regard meurtrier du jeune homme blond...

Le Serdaigle pénétra à l'intérieur en essayant du mieux qu'il pouvait de chasser la précédente conversation de sa tête. Mais il ne put faire plus de deux pas car à ses pieds s'étendait une multitude de bouquets de roses blanches recouvrant le carrelage blanc jusqu'au lit de la Gryffondor. La salle entière était submergée de ces grandes fleurs au blanc éclatant, divulguant un parfum doux et agréable, les fenêtres en regorgeaient et même le peu de meubles que contenait cette pièce en était couvert.
Encore endormie, Hermione reposait dans le lit au fond de la pièce, quelques pétales de fleurs dispersés sur ses draps. En prenant soin de n'en écraser aucun, Donovan enjamba les bouquets de fleurs sans vraiment de difficulté, puis vint s'asseoir sur la chaise qu'occupait Drago quelques minutes auparavant.
Il la contempla un moment...
Pourquoi faisait-il tout ça ? Oui bien sûr, son but premier était de s'amuser et de profiter de la vie, peu importe que la fille souffre après, tant qu'il obtenait ce qu'il désirait d'elle. Il faisait ça depuis quand déjà...depuis quatre ou cinq ans ? Lorsqu'il s'était rendu compte que les filles s'intéressaient beaucoup à lui, à son physique, lorsqu'il avait compris que, quoi qu'il arrive, il y aurait toujours une femme pour lui dans ce monde. Oui, c'est là qu'il avait commencé à jouer avec elles.
Mais Hermione méritait-elle ce même sort ? Cette jeune femme qui avait un cœur aussi pur que sa gentillesse et sa générosité, cette jeune femme qui n'avait jamais cherché à le séduire comme les autres cruches au décolleté plongeant.
Donovan prit sa tête entre ses mains quand l'image de sa mère lui apparut à nouveau. Il avait onze ans, il venait de tomber par terre en jouant dehors avec Samuel, il voulait se plaindre auprès de sa mère. Nue, avec un homme qui n'était pas papa, il referma la porte aussitôt et s'enfuit à toutes jambes.

Donovan releva la tête avec un air déterminé sur le visage. « Oui, toutes les mêmes, elle aussi mérite ce qui lui arrive ».
N'ayant pas la patience d'attendre qu'elle se réveille, le jeune Serdaigle sortit de sa poche sa baguette magique, puis lança sur Hermione un sortilège pour la réveiller lentement.
La main de cette dernière frétilla légèrement et Donovan s'empressa de s'adosser à sa chaise en prenant une position inconfortable, avant de fermer les yeux et de mimer une respiration reposée et régulière.
Hermione ouvrit les yeux et mit quelques secondes avant de se rappeler où elle était. Le blanc de la pièce l'aveugla longuement avant qu'elle ne finisse par se rendre compte qu'il était du au nombre incalculable de fleurs blanches autour d'elle. Il y en avait au moins une cinquantaine ! Des lilas, ses préférées... Puis ses yeux virèrent sur un beau garçon endormi à ses côtés, apparemment mal installé sur sa chaise.
Depuis combien de temps Donovan était-il là, à attendre patiemment qu'elle se réveille ? Hermione ne put retenir un large sourire, puis, tout doucement, elle posa sa main sur celle du Serdaigle qui finit pas ouvrir les yeux à son tour :
- Hermione ? s'étonna-t-il.
- Salut, dit-elle timidement. Ça fait longtemps que tu es là ?
- Heu...un moment oui.
- Tu n'aurais pas du, mais merci, ça me touche beaucoup. Les fleurs, ce sont toi ?
- Je n'aurais peut-être pas du en mettre autant, je ne savais pas si tu aimais les roses blanches...
- Ce sont mes préférées, le coupa-t-elle. Merci Donovan...
- C'est normal, je me suis énormément inquiété pour toi tu sais ? Non mais qu'est-ce qui t'a prit de vouloir sauver Malefoy ! Tu aurais pu y rester !
- Comment es-tu au courant de ce qui s'est passé à la Bibliothèque ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Oh c'est Mme Pince, elle hurlait son indignation partout dans les couloirs, et lorsque les élèves lui ont demandé ce qui se passait, elle a prit un plaisir fou à être le centre d'attention et a tout raconté. 
En temps normal, Hermione aurait disparue de honte sous son drap, ses joues auraient prit une teinte rose vif et elle aurait souhaité ne plus jamais sortir de l'infirmerie. Mais voilà, elle s'en fichait royalement. Tout d'abord parce qu'elle n'était plus à une honte près, le collège entier étant au courant de ses moindres faits et gestes tels des journalistes assoiffés par sa vie privée, et ensuite parce qu'une discussion avec un certain Harry devenait indispensable et surtout prioritaire. Son emportement était-il réellement du au lien l'unifiant à Voldemort comme le prétendait Dumbledore ? En y repensant, elle se souvint avoir vu une lueur rouge dans ses yeux juste avant le combat...
Donovan la tira de ses pensées :
- Décidément tu n'es pas une fille comme les autres toi, dit-il amusé.
- Ce n'est pas la première fois que j'entends ça, dit-elle en lui rendant un sourire forcé tandis que ses pensées dérivaient une fois de plus vers Drago.
Donovan dû le comprendre car il demeura muet et se contenta de la regarder en train de se perdre dans ses pensées.
- Il faut que j'y aille j'ai un cours d'arithmancie à neuf heure, finit-il par dire.
- Oh oui bien sûr, répondit-elle en émergeant de ses songes. Eh attend, tu as dit...arithmancie ?
- Oui, avec le professeur Vector, pourquoi ?
- C'est trop beau pour être vrai, lâcha-t-elle dans un souffle.
- Pardon ?
- Non rien ! Je ne savais pas que tu avais choisi cette matière ! Tu aimes aussi alors ?
- Tu rigoles, j'adore !
- Harry et Ron n'ont jamais compris à quel point cette matière était intéressante...Mais je ne t'ai jamais vu en cours ?
- Oh heu, nos emplois du temps sont différents, moi c'est le matin.
Sentant que le terrain commençait à devenir glissant, Donovan se leva, se pencha vers elle et posa ses lèvres sur son front avant de lui sortir son plus beau sourire et de quitter l'infirmerie pour se rendre à son cours de botanique...

- Ah miss Granger vous voilà réveillée !
L'infirmière s'arrêta net lorsqu'elle vit l'invasion de roses sur son carrelage, mais Hermione fut heureuse de constater un sourire naissant sur son visage.
- Ce garçon est tellement romantique ! dit-elle d'une petite voix aigue.
- Il vient de quitter l'infirmerie à l'instant, dit tendrement Hermione.
- Seulement ? Il était déjà là il y a deux heures ! Assis sur cette chaise à attendre votre réveil...J'avais cru l'entendre partir, j'ai dû rêver comme d'habitude !
Mme Pomfresh commença à déplacer les bouquets de fleurs pour se créer un passage, tout en se demandant comment le pauvre garçon blond avait encore assez d'énergie pour pratiquer de la magie après la nuit qu'il avait passé.
Hermione quant à elle, réalisait la gentillesse de Donovan, réalisait sur quel homme adorable elle était en train de faire une croix pour un autre qu'elle ne pourrait plus jamais approcher...

***

Hermione fut si heureuse de sortir enfin de l'infirmerie qu'elle ne prêta nullement attention aux regards curieux et malpolis des élèves. Arrivée devant le portrait de la salle commune des Gryffondors, elle respira un bon coup et ouvrit le passage. Ils étaient tous là, tous les lions de sa maison semblaient attendre son retour avec un air inquiet sur le visage, certain jouaient aux cartes, d'autres tournaient en rond, d'autres encore restaient assis, la tête dans les mains et le regard vide. Alors son état les inquiétait tant pour qu'ils l'attendent tous dans ce qui avait été sa salle commune autrefois ?
- Ne faites pas ces têtes d'enterrement, je ne suis pas morte, plaisanta-t-elle en brisant le silence.
Dès qu'ils l'aperçurent, les Gryffondors bondirent de leur chaise pour venir se jeter sur elle tout en hurlant de joie. Les phrases lancées telles que : « Ca fait du bien de te retrouver ! » ou encore « Ne nous fais plus jamais une peur pareille ! », lui réchauffèrent le cœur et elle se promit de retourner plus souvent dans cette salle chaleureuse où elle avait passé des moments uniques et inoubliables avec les siens.
Lorsque la masse d'élève se dégagea peu à peu et qu'elle commença à respirer de nouveau, ses yeux se posèrent sur Harry, planté au milieu de la pièce. Le silence se fit rapidement tandis que tout le monde appréhendait les retrouvailles des deux amis. Hermione s'avança lentement et s'apprêta à s'excuser de lui avoir caché la vérité, mais elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que Harry fit un pas vers elle et la serra contre lui de toutes ses forces. D'abord surprise, elle se laissa aller à cette étreinte en le serrant à son tour devant les regards bienveillants des rouges et or.
- Je ne sais pas ce que je serais devenu sans toi Hermione, lui murmura-t-il à l'oreille.
- Harry tu m'étouffe, ria-t-elle.
- J'ai eu si peur de te perdre, dit-il en se détachant d'elle. Ce qui s'est passé entre Cho et toi n'a plus aucune importance, je comprends à présent que tu ais gardé le silence, mais sur le coup j'étais tellement énervé tu comprends...Je suis un parfait idiot, je m'en veux, j'ai failli te perdre à cause de ma stupide fierté et de cette rancune maladive !
- N'en parlons plus, le coupa-t-elle. J'ai moi aussi beaucoup de choses à me reprocher dans cette histoire. Mais promets-moi de ne plus jamais te mettre dans cet état là pour une fille !
- Il n'y a aucun risque, affirma doucement Ginny en prenant la main du jeune homme qui lui rendit son sourire.

Un peu plus tard, Hermione descendit prendre l'air dans le Parc, avec un profond mal au coeur. En effet, la jeune femme venait d'expliquer à ses amis ce qui s'était passé à l'infirmerie, notamment ce qu'elle avait apprit au sujet de son pendentif. Si Harry manqua de tomber dans les pommes en apprenant que Malefoy était son âme sœur, ce ne fut rien comparé à Ron, qui s'était longuement forcé à sourire en assurant que ça ne lui faisait rien ; « J'ai bien fait de ne pas me battre pour toi », avait-il dit, « face à lui je n'avais aucune chance, j'en ai la preuve à présent ».
Hermione alla près du lac, s'asseoir tristement dans l'herbe fraîche du matin, puis regarda son reflet dans l'eau. Combien de cœurs allait-elle encore briser ? Cette histoire prenait des dimensions tellement importantes qu'elle peina à se souvenir du dernier instant de bonheur vécu.
Ah si...bien sûr, elle et Drago, enlacés dans son lit, le soir où il lui annonçait qu'il irait se battre contre Voldemort par amour pour elle.
La jeune femme porta la main à son cou et d'un coup sec, tira sur le pendentif pour lui ôter un poids trop lourd à supporter. Si elle voulait avoir une chance d'oublier l'existence de son âme sœur, chose qu'elle savait malgré tout impossible, mieux valait s'éloigner de tout ce qui pourrait la lui rappeler. 
Hermione sentit soudain une présence qui la tira de ses pensées. Elle se retourna et faillit sursauter de voir Donovan adossé contre l'arbre.
- Je ne voulais pas te faire peur désolé, dit-il en s'avançant.
- Tu m'observais ? demanda-t-elle mal à l'aise.
- Oui je l'avoue, je te trouvais belle, perdue dans tes songes, je ne voulais pas t'interrompre.
Il vint s'asseoir près d'elle tandis que Hermione commençait à se demander s'il ne l'observait pas un peu trop souvent, étant donné que c'était déjà la deuxième fois qu'elle le voyait en une matinée. Donovan lui dit quelque chose mais elle n'entendit pas. Drago lui manquait trop. Lui, il n'avait pas besoin de lui dire qu'elle était belle pour qu'elle le sache, un regard doux de sa part suffisait amplement, un sourire de sa part traduisait tellement plus.
- Hermione ? 
- Heu oui excuse-moi, je suis encore un peu fatiguée, tu disais ?
- Je voulais savoir, à propos de Malefoy...
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils, redoutant un sujet qu'elle ne désirait pas aborder, et encore moins avec lui.
- Eh bien, je me demandais, est-ce que tu sais s'il a déjà tué quelqu'un ?
Hermione se pétrifia devant une telle question, mais finit par reprendre ses esprits avant de déclarer d'une voix détachée :
- Je ne sais pas, ça ne me regarde pas, pourquoi ?
- Non pour rien, comme ça...
Ce fut à son tour de plonger dans ses propres songes, mais au bout de quelques instants, Hermione afficha un grand sourire avant de reprendre un air sérieux pour lui demander :
- Il t'a menacé c'est ça ? Il t'a menacé et tu te demandes s'il est capable de mettre ses menaces à exécution ?
Donovan parut surprit, puis sourit à son tour :
- Toujours aussi intelligente miss Granger. Mais surtout ne va pas croire que j'en ai peur ! Je voulais juste savoir, pour mieux me préparer c'est tout, j'en ai rien à foutre de ses menaces. Je te le dis, Malefoy je le bas où qu'il veut quand il veut !
- Ici et maintenant, ça te tente ? s'éleva une voix grave derrière eux.
Donovan fit volte face pour apercevoir Drago, adossé au même arbre que lui quelques minutes plus tôt.
Le Serdaigle regretta aussitôt ses paroles, devenu blanc rien qu'à l'idée de devoir se battre contre l'impressionnante silhouette qui s'avançait vers lui.
- A moins que tu ne veuilles pas te ridiculiser devant la demoiselle ? poursuivit-il en désignant Hermione d'un léger coup de tête.
- Je...J'ai pas ma baguette sur moi, réussit-il à articuler.
Le sourire de Drago s'étira :
- Si tu veux que je fasse semblant de ne pas avoir vu le bout de bâton qui dépasse de ta poche, t'as intérêt à te casser dans la seconde qui vient.
- Malefoy ! s'écria alors Hermione en se glissant devant le Serdaigle effrayé. Laisse-le tranquille, c'est clair ?
Elle ne le supportait pas dans cet état là, près à se battre pour tout et n'importe quoi, avec ses yeux gris qui ne le quittaient pas depuis leur rupture.
- Sauvé par une femme, c'est pitoyable, dit-il en s'adressant à Donovan avant de reculer de quelques pas sous le regard meurtrier de la jeune femme.
- Hermione il faut qu'on parle, dit-il alors d'un ton sec.
C'était la première fois qu'il l'appelait à nouveau Hermione et non Granger, ce qui n'annonçait rien de bon puisque par cette appellation, il soutenait encore et toujours qu'il avait devant lui la femme qui l'avait aimé.
Mais au fond d'elle, Hermione le remerciait de s'acharner à vouloir croire que tout avait été vrai, lui prouvant ainsi qu'il tenait réellement à elle. Pourtant elle devait continuer cette comédie, jusqu'à qu'il se lasse, jusqu'à ce qu'il accepte...et elle allait frapper fort.
- Je ne veux pas te parler Malefoy, tu comprends ça ? Je n'en ai rien à faire de ce que...
- A la bibliothèque, l'interrompit-il brusquement.
Le cœur de Hermione se figea. Par ces simples mots il venait de lui remémorer son erreur fatale lorsqu'elle avait laissé parler son corps, entrant dans une transe aux baisers brûlants et aux gestes maladroits de désir...
- La...la bibliothèque ? répéta-t-elle bêtement, le ton de sa voix ayant perdu toutes traces de colère.
Son seul moyen de s'en sortir étant une fois de plus le mensonge, elle joua ses pions sur la case de l'amnésie, ne pouvant espérer lui faire croire une fois de plus qu'elle s'était simplement laissée emporter par le feu de l'action.
- Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé avant l'accident, dit-elle d'une voix qu'elle aurait voulu ferme. On m'a tout raconté, mais c'est le trou noir.
- Ah vraiment ? dit-il en s'approchant près d'elle. Laisse-moi te rafraîchir la mémoire alors...
Devant les yeux apeurés de la jeune Gryffondor, Drago lui prit délicatement le menton entre les doigts, puis déposa ses lèvres sur les siennes avec une délicatesse dont lui seul était capable. Hermione sentit aussitôt son cœur s'emballer, ses lèvres devinrent brûlantes et son corps n'allait pas tarder à répondre à l'appel ardent de son âme sœur.
Mais comme toujours, la seule et unique cicatrice qui demeurait en elle se réveilla pour lui rappeler qu'elle était prisonnière de ses sentiments. Avec toute la volonté du monde, Hermione rassembla ses esprits et se fit violence pour s'arracher de l'homme qu'elle aimait. Sans qu'il n'est le temps de comprendre quoi que ce soit, elle lui envoya sa main sur la joue et le bruit du claquement sec qui résonna, imposa aussitôt un silence incompris.
- Je t'interdis de recommencer, cracha-t-elle entre deux souffles. J'en ai assez de toi Malefoy, j'ai du te supporter trop longtemps, supporter tes baisers, tes paroles, tes caresses, tout ! Mais c'est fini maintenant, j'ai eu ma vengeance et dorénavant je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, c'est compris ? Par ailleurs...
Elle se dirigea vers un Donovan complètement déboussolé par la scène :
- ...il faudra bien que tu te fasses à l'idée que j'aime quelqu'un d'autre !
Sur ce, elle tira Donovan par sa robe de sorcier pour l'avoir à sa hauteur avant de l'embrasser avec fougue. Lorsqu'elle eut fini, elle prit le Serdaigle par la main et partit sans un regard en arrière pour Drago. Ce dernier resta planté là quelques instants, la mine déconfite, puis remonta dans ses appartements non sans claquer la porte.

Et pour la première fois de toute sa vie, Drago Malefoy pleura. Oui il pleura de rage, de chagrin, d'incompréhension. Il envoyait balader tout ce qu'il pouvait, s'écrasait les poings dans les meubles, déchirait les rideaux, brisait les miroirs, hurlait comme un fou, et pleurait encore...
Ce corps avait tant de larmes à verser, il avait supporté tant de choses, tant de malheur sans jamais craquer, sans jamais faiblir...
Alors qu'il avait six ans, un gamin de la rue lui avait piqué sa veste toute neuve. A peine son père avait-il vu ses yeux devenir humide qu'une série d'endoloris lui fut lancée. Depuis Drago n'avait plus jamais pleurer, après avoir, sur ordre de son père, être allé récupérer sa veste de droit au petit garçon. 
Ce dernier était subitement devenu fou du jour au lendemain, et passa le reste de sa vie dans un hôpital psychiatrique. 

Fatigué par cet excès de violence, énervé contre lui-même à cause de ses joues trempées, Drago finit par s'endormir dans le chantier qu'était devenue sa chambre verte, avec pour seule pensée que peut-être, depuis le début, il s'acharnait à prouver une vérité qui n'avait jamais existée.

Peut-être, ne l'avait-elle jamais aimé...

***

La nouvelle s'étendit aussi vite que les fois précédentes. Le tout nouveau couple que formaient la Gryffondor et le Serdaigle devint le centre d'attention et les paris ainsi que les commérages reprirent de plus bel. Si Hermione restait habituée aux nombreuses remarques et nombreux regards qui se permettaient de la juger sans arrêt sur ses actes vis-à-vis de Drago, ce ne fut pas du tout le cas de Donovan qui, malgré son légendaire plaisir à se faire remarquer, se retrouva emporté à son tour dans le tourbillon de critiques fatigantes dont lui-même faisait parti quelques temps plus tôt. 
Il en venait presque à regretter le choix d'une proie quelque peu trop grande pour lui, mais la marche arrière restait tout bonnement impossible ; tout d'abord parce qu'il avait joué trop dur et attendu trop longtemps pour qu'elle tombe enfin dans son filet, mais surtout parce qu'il savait que s'il la quittait, sa souffrance, telle un aimant, attirerait vers lui un certain Serpentard auquel il refusait de se frotter, du moins tant qu'il en avait la possibilité...

Des mois s'écoulèrent ainsi, les sentiments de Hermione pour son petit ami ne cessaient d'augmenter, mais contrairement à ce qu'elle avait espéré, ceux qu'elle ressentait pour Drago ne diminuaient pas. Bien au contraire, chaque nouveau jour passé sans lui renforçait ce manque que même le Serdaigle ne pouvait, malgré tous ses efforts, combler. Le collège avait enfin fini par se lasser de commenter la vie trépidante de Hermione Granger, la fille au cœur de pierre.
Cette dernière avait beaucoup souffert de cette appellation qu'on avait souvent réservée pour l'unique Drago Malefoy, mais tous semblaient, comme le lui avait dit Donovan, oublier les sept années d'insultes qu'elle avait supporté sans jamais chercher à renvoyer la balle. Ainsi elle portait ce surnom injustifié pour avoir osé ridiculiser le Prince des Serpentards qui malgré toutes ces années de cruauté envers les élèves, n'avait fait que consolider leur respect pour lui, et de ce fait, le classer dans la catégorie de victime.
- Encore perdue dans tes pensées ?
Hermione, figée avec son toast à la main et la petite cuillère dégoulinante de confiture, leva les yeux vers Donovan qui affichait un sourire amusé.
- Désolé, dit-elle simplement.
- Oh j'y suis habitué ne t'en fais pas, dit-il dans sa barbe avant de reprendre un peu de bacon.
Mais Hermione ne semblait pas l'entendre de cette oreille et poursuivit la discussion qu'il aurait voulu achever.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lança-t-elle un peu agressive.
- Simplement que ce n'est pas la première fois que tu te perds dans tes pensées en pleine conversation, répondit-il un peu déboussolé.
- Ne me mens pas Donovan, j'ai senti dans ta voix un ton ironique !
- Mais non ! Je...
Mais devant le regard meurtrier de sa petite amie, il dut se résoudre à faire baisser la tension électrique qui prenait un malin plaisir à s'installer un peu trop fréquemment à son goût.
- Ecoute Hermione, ce que je veux te dire c'est que chaque fois qu'on entame une conversation qui tourne un peu trop autour des Serpentards, tes yeux se perdent dans le vide et tu n'entends plus ce que je te dis. Je sais que ce qu'il s'est passé il y a quelques mois est encore frais et que tes actes ont été jugés je ne sais combien de temps, mais comprends moi, ça devient un peu agaçant de devoir toujours attendre que tu reprennes tes esprits !
- Comme tu l'as dit ce qu'il s'est passé cet hiver est encore frais, et si tu trouves agaçant le fait que je prenne du temps à m'en remettre, eh bien ne prends plus la peine de me supporter !
Donovan resta muet devant cet excès de colère matinal, et un sentiment de culpabilité envahit aussitôt la bonne conscience de la lionne :
- Excuse-moi...Je suis un peu sur les nerfs ce matin, j'ai cours de potion avec les Serpentards. Je vais encore devoir supporter sa présence...
- Tu es dans cet état avant chaque cours avec lui, tu ne crois pas qu'il serait temps de passer à autre chose ?
- On en a déjà parlé et tu sais très bien que tant qu'il se trouvera dans la même pièce que moi, je ne serais pas à mon aise.
Hermione faisait tout son possible pour continuer de lui faire croire qu'elle redoutait de voir Drago à cause d'une certaine honte vis-à-vis de ses actes, mais Donovan semblait de plus en plus douter de son comportement, et mieux valait changer de sujet avant qu'il ne finisse par découvrir que la seule raison pour laquelle elle évitait le Serpentard, était la peur de ne plus répondre d'elle-même, vu le manque grandissant que lui faisait gentiment remarquer son corps.
- En tout cas, dit alors Donovan, tu n'as plus à te faire de soucis pour ce qui est de ses sentiments envers toi. Je pense qu'il ne t'embêtera plus.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle, inquiète pour la première fois que Drago ait fini par se lasser d'espérer, bien que ce fut une bonne nouvelle.
- Il a une copine.
Alors que Donovan essuyait rageusement le jus de citrouille que Hermione venait de lui recracher à la figure, cette dernière ne sembla pas s'en préoccuper le moins du monde et exigea d'en savoir plus :
- Il a une copine c'est tout ce que je sais, s'énerva Donovan.
- Oui mais depuis qu'on est ensemble toi et moi, personne n'ignore qu'il a recommencé à faire défiler les filles dans sa chambre, dit-elle avec un douloureux pincement au cœur, comme chaque fois qu'elle y pensait.
- La fille dont je te parle Hermione, il la tenait par la main ce matin.
Le cœur de la jeune femme se serra si fort qu'elle du puiser toutes les forces du monde pour ne pas verser les quelques larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux. Il tenait la fille par la main. Il n'avait fait ça qu'une seule fois dans sa vie, et c'était avec elle, Hermione Granger, celle qu'il aimait plus que sa propre vie, jamais avec une autre femme quelle qu'elle soit ! Enfin en y repensant il y avait eut Lisa, mais cette histoire ne comptait même pas !
- Et c'est reparti, maugréa Donovan devant le regard perdu de la jeune femme. Quand tu émergeras fais moi signe, en attendant j'ai un cours de sortilège dans cinq minutes.
Tandis qu'il prenait ses affaires et se levait de table, Hermione respira un grand coup et afficha à nouveau son masque qu'elle devait jouer en permanence, seule arme pour ne pas craquer. Elle n'avait pas tenu bon jusque là pour s'effondrer devant la première nouvelle sur la vie de Drago. « Tu t'attendais à quoi Hermione sérieusement ? A ce qu'un homme aussi beau et intelligent que Drago t'attende toute sa vie ? Non mais reprend-toi tu divagues ! Bien sûr qu'il aura d'autres copines, des tas d'autres ! Même une femme et des enfants alors autant te faire une raison dès maintenant ! ».
Toujours aussi peu convaincue, Hermione se leva à son tour et courut rejoindre son petit ami qui l'attendait malgré tout dans le hall.

***

Le courant d'air glacé qui traversa le couloir indiqua au jeune couple qu'ils approchaient des cachots. Donovan avait pour habitude d'accompagner Hermione à son cours avant de rejoindre le sien, mais la jeune femme s'étonna de sentir soudainement la main de son petit ami lâcher la sienne. Elle se retourna vers lui, sourcils levés en signe d'interrogation.
- Les cachots sont juste en bas de cet escalier, je peux te laisser ?
- Tu es pressé de partir ? demanda-t-elle, incertaine.
- Je vais être en retard pour mon cours, et puis tu es arrivé je te dis.
- Donovan, jusqu'ici ça ne t'a jamais dérangé d'arriver en retard, surtout en cours de sortilège. Dis-moi ce qu'il y a.
- Arrête un peu Hermione ! Tu es toujours en train d'essayer de trouver un sens caché à mes paroles ! Si je te laisse ici c'est parce que les cachots ne sont pas loin et que je ne vais pas rentrer en cours avec toi !
- De toute façon tu me fais le même coup à chaque fois que j'ai cours avec les Serpentards, dit sombrement Hermione.
Le jeune homme baissa les yeux, parfaitement conscient que son comportement laissait deviner sa crainte de croiser le Prince des verts et argents.
- Ce matin je t'ai dit que je n'étais pas à l'aise en sa présence, poursuivit-elle doucement, ne me laisse pas toute seule, s'il te plaît...
Contraint d'accepter devant de tels yeux suppliants, Donovan glissa à nouveau sa main dans la sienne et tous deux descendirent les escaliers de pierre, le cœur battant.

Elle ne l'avait pas encore vu qu'elle sentait déjà sa présence. Mais lorsqu'elle sentit ses yeux gris se poser sur elle, Hermione ne put résister à l'attraction qu'ils lui généraient, et finit par croiser son regard. 
La jeune femme lâcha instinctivement la main de Donovan, bien qu'elle savait parfaitement que Drago les avait vu arriver ensemble. Pour toute réponse, ce dernier prit la main de sa copine qui se trouvait à ses côtés. Les cheveux noirs de jet, longs, lisses et soyeux, des yeux bleus à se noyer dedans, la peau blanche et une tenue droite irréprochable...Hermione étouffa un cri.
Sans faire attention aux quelques têtes étonnées qui se tournèrent vers elle, la jeune Gryffondor dévisagea Lisa, puis regarda Drago sans comprendre, regarda à nouveau Lisa, et enfin leurs mains entrelacées. Pour la première fois, Hermione ne chercha pas à masquer sa peine et détourna la tête, les yeux fixés vers le sol, tentant de remettre de l'ordre dans les milliers de pensées qui se bousculaient.
- Hermione ça va ? lui murmura Donovan, inquiet.
Elle n'eut pas le temps de répondre car la porte des cachots s'ouvrit d'un coup sec et Severus Rogue fit un mouvement net de sa baguette, indiquant clairement aux élèves d'entrer sans perdre de temps. Hermione remercia Donovan d'un regard, mais rien de plus, le laissant repartir sans vraiment faire attention à lui. Alors qu'elle allait passer la porte, Drago arrivait au même niveau et, après quelques secondes d'immobilité, il finit par la fixer intensément non sans son petit sourire en coin, lui faisant comprendre qu'il avait la gentillesse de la laisser passer avant lui, avantage qu'il ne réservait jamais à personne d'ailleurs. Respiration retenue, poitrine bombée, c'est la tête haute que Hermione pénétra la première dans la salle de classe. Colère ou chagrin, tout ce qu'elle savait c'était qu'en ce moment même, elle détestait Drago Malefoy...

 

Chapitre 23 : Quelques Secondes d'Eternité...

Le cours se déroulait comme à son habitude : ennuyant, silencieux, et terriblement morne, jusqu'à ce que Rogue, ayant sournoisement repéré la tension haineuse qui s'échappait d'une certaine Gryffondor et d'un certain Serpentard, prit un malin plaisir à annoncer que la potion à concocter se ferait par groupes de deux. Quelle ne fut pas la surprise de Hermione lorsqu'elle se retrouva, sur ordre indiscutable du professeur, à faire équipe avec celui qu'elle aurait tué de ses propres mains si ses sentiments pour lui n'avaient pas été aussi réprobateurs à cette idée.
Et c'est avec des gestes vifs, énervés et peu délicats, que la jeune femme commença à jeter les ingrédients dans le chaudron sous l'œil amusé de son coéquipier.
- On est de mauvaise humeur ce matin ? finit-il par dire avec un léger sourire, brisant le long silence que Hermione aurait tant voulu conserver.
Cette dernière ne répondit pas, se promettant d'ignorer chaque remarque qu'elle sentait arriver. Mais à son plus grand désespoir, Drago avait toujours cette fichue manie de détester être ignoré :
- Tu me diras je te comprends, dit-il en ajoutant des pattes de scarabées à la potion qui prenait une couleur bleutée. Lorsqu'on sort avec un abruti pareil, ça ne doit pas être facile tous les jours.
Voyant qu'elle maîtrisait de moins en moins bien son silence, il ajouta la touche finale en citant le proverbe moldu : qui se ressemble s'assemble. La réaction ne se fit pas attendre et Hermione lâcha d'un coup sec :
- Là-dessus on est d'accord ! La potiche qui te sert de copine m'a l'air toute aussi modeste et intelligente que toi !
- Silence miss Granger, dix points en moins en pour Gryffondor, annonça Rogue tout en savourant ses propres paroles, ayant probablement attendu ce moment avec impatience.
Sa maison ne s'en indigna pas le moins du monde, connaissant parfaitement l'esprit perfide de leur professeur, mais surtout compatissant avec Hermione face à l'ancien Malefoy qui revenait, celui que tout le monde avait connu autrefois et dont la cible favorite restait la petite Sang-de-Bourbe.
- Depuis quand ma vie personnelle te porte-t-elle intérêt ? murmura-t-il au bout de quelques minutes.
- Je me fiche royalement de ta vie et de la sienne Malefoy, répondit-elle sur les nerfs. Je constate simplement que tes choix de petites amies sont toujours aussi immatures et stupides.
- Ça je ne te le fais pas dire, sachant que tu as été la mienne...C'est d'ailleurs Lisa qui m'a ouvert les yeux, elle m'a fait me rendre compte à quel point j'ai été idiot de me convaincre que notre histoire avait existée. 
- Premièrement je n'ai jamais été ta petite amie, deuxièmement ta petite copine n'est peut-être pas si bête finalement, elle a au moins su t'éclairer sur ce que tu refusais de croire.
Malgré ce qu'elle venait de répliquer, Hermione sentit son cœur se déchirer une fois de plus...Alors ça y est, le moment qu'elle redoutait tant était arrivé : il venait de faire un trait sur ses sentiments, maintenant persuadé que rien n'avait été vrai, il y croyait enfin. Comme si cela ne suffisait pas, elle avait en plus décelé dans sa voix du regret, le regret d'avoir été assez idiot pour sortir avec son ennemie de toujours, Hermione Granger. Mais il n'avait rien dit là-dessus...peur de la blesser ? Non, la jeune femme ne se faisait plus d'espoir, il avait définitivement tourné la page...
« C'est ce que tu voulais non ? Alors remballe tes larmes Hermione, tu viens de lui sauver la vie, c'est tout ce qui compte... ».

***

La fin de l'année scolaire arriva à une vitesse impressionnante et les élèves firent leur valise avec une pointe de nostalgie à l'idée de quitter leur seconde maison. Une nouvelle année s'achevait pour certains, tandis qu'une nouvelle vie commençait pour d'autre, et dans la salle commune des Gryffondors, les questions sur l'avenir fusaient dans tous les sens :
- Mon père est gérant d'une entreprise de chaudrons, et après quelques années d'études, j'en serai facilement à la tête !
- Moi je pensais faire carrière professionnelle dans le Quidditch en tant qu'arbitre des grands matchs internationaux !
- Tu peux toujours rêver ! Moi je veux devenir Auror ! Pour aider Harry à botter les fesses du Mage Noir !
Tandis que tout le monde éclatait de rire, Seamus se tourna vers Hermione et lui demanda d'un ton enjoué :
- Et toi Hermione ? Que compte-tu faire comme étude après cette dernière année dans notre vieux château ?
Surprise, elle leva le nez de son bouquin et resta interdite quelques instants. C'est vrai qu'avec tout ce qui s'était passé cette année, elle n'avait même pas prit le temps de réfléchir à son avenir, et ce dernier venait de la rattraper dans sa fuite sans qu'elle n'ait eu le temps de rien voir. En fait, Hermione avait surtout pensé à consacrer l'année à suivre à aider Harry dans sa quête des Horcruxes, projet qu'elle trouvait plus important que tout autre chose en ces temps d'avant-guerre. Si tout se passait bien, ce dont elle doutait fortement, alors peut-être reviendrait-elle travailler ici, à Poudlard ? Cet endroit avait pris une place tellement importante dans son cœur, son enfance regorgeait de souvenirs appartenant à ce château si chaleureux où elle avait risqué sa vie tant de fois aux côtés de ses deux meilleurs amis.
- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle finalement.
Ils la regardèrent tous avec un air ahuri, puis Neville s'avança :
- Mais enfin Hermione, je pensais que...enfin je veux dire, tout le monde pensait ça évident. Tu ne comptes pas devenir Auror ? Ron, Harry et toi, votre carrière est toute tracée !
- Je ne sais pas Neville, répondit-elle mal à l'aise. Bien sûr que j'irai partout où Harry ira tant que le mal régnera, mais ensuite...combattre toute ma vie les opposants du ministère, il y a plus intéressant non ?
Neville bougonna quelque chose, Dan et Seamus parurent déçus et les conversations reprirent très vite loin de Hermione. Peut-être la voyaient-ils tous comme la future Héroïne dont ils pourraient se vanter plus tard de l'avoir connue lors de leurs études, mais la jeune femme ne voulait pas leur donner trop d'espoirs. Se battre n'avait jamais vraiment fait parti de ses loisirs, toutes ses connaissances lui serviront sûrement à des fins plus utiles, comme transmettre son savoir aux jeunes générations par exemple, ou encore instaurer un cours intéressant sur la vie des moldus et leurs façons de gérer tout un monde sans magie, ce qu'elle ne trouvait pas assez développé ici. Mais pour le moment, elle devait mettre ses livres de côté et commencer à s'entraîner sérieusement pour un futur proche qui n'annonçait rien de bon...

Légèrement déprimée, comme toujours depuis cet hiver, Hermione partit s'isoler dans sa chambre. Etendue sur son lit depuis une bonne demi-heure, la jeune femme eut un élan soudain de...elle ne savait pas elle-même ce qui la prenait, mais elle se laissa guider par son envie de revoir le pendentif qu'elle avait soigneusement rangé dans son petit tissu blanc depuis cette fameuse journée au lac. Les mains tremblantes comme la première fois qu'il le lui avait donné, Hermione déplia le tissu et posa ses yeux émerveillés sur le petit cœur violet.
Il représentait tant pour elle.
Le petit mot que Drago avait glissé le jour où il se faisait emmener par le ministère, était toujours là, lui rappelant que quoi qu'il arrive, elle seule avait su métamorphoser un homme dont personne n'aurait cru un jour qu'il puisse aimer, surtout aimer une femme comme elle : « Pour que tu n'oublies jamais que mes sentiments pour toi ont été sincères ».
Sans vraiment réfléchir, ses gestes s'effectuèrent tout seul et Hermione attacha à nouveau le collier autour de son cou. Elle ne savait pas très bien si elle venait de faire une erreur, mais elle en avait envie ; c'est comme si, pour avoir souffert si longtemps de refouler ses sentiments pour Drago, elle s'accordait enfin un petit répit.
Une heure plus tard, la jeune femme descendait retrouver son petit ami dans la salle préfectorale des Serdaigles et des Poufsouffles. Assis sur le canapé, il était en train de lire un papier quand il l'aperçut.
- De plus en plus belle, déclara-t-il.
Hermione sourit et vint se loger dans ses bras.
- Qu'est-ce que tu lis ?
- Tu ne l'as pas reçu ? C'est un message aux préfets pour la fin d'année, Dumbledore organise une petite fête demain, dans la Grande Salle.
- Demain ? Mais le Poudlard express arrive demain non ?
- Oui mais l'après-midi vers quatre heures. La fête se fait à partir de quatorze heure, tiens lis. C'est juste une petite réception avec boissons et apéritifs, histoire de se dire au revoir. D'ailleurs tu vas me manquer ma petite intello...rajouta-t-il en lui mordant gentiment l'épaule.
Hermione ria mais son sourire s'effaça lorsqu'elle sentit la main du Serdaigle parcourir son ventre sous son tee-shirt, et sa bouche la baiser dans le cou. Le message devenant vite très clair, les membres de Hermione se raidirent aussitôt et ses gestes se firent maladroits. Elle le comprenait dans un sens, voilà des mois qu'ils étaient ensemble, et il avait eut la délicatesse de ne rien tenter pendant un long moment. Lorsqu'il avait voulu lui faire comprendre son désir pour elle, Hermione l'avait gentiment repoussé, prétendant ne pas se sentir prête, ce qu'il avait comprit sans grande joie. Mais au fond d'elle, elle savait très bien que la vrai raison avait des cheveux blonds or et des yeux bleus, quoique gris à présent...
Donovan l'embrassa, mais alors qu'elle s'apprêtait à refuser pour la énième fois, elle sentit une sorte de violente décharge et le garçon fut tout à coup expulsé contre le portrait de la salle commune dans un bruit fracassant. Hermione se précipita vers lui et s'agenouilla par terre pour le relever.
- Putin mais qu'est-ce que...
Il ne termina pas sa phrase car ses yeux se posèrent sur le pendentif de Hermione qui pendait au dessus de lui. La jeune femme jeta un coup d'œil à son collier et ses yeux s'écarquillèrent devant la couleur rouge étincelante qu'il avait prise, exactement la même que le jour où Drago lui avait sauvé la vie à l'infirmerie, par ce lien invisible.
Penchée au dessus de Donovan, le petit cœur ne touchait pas la poitrine de Hermione, mais la jeune femme sentait très bien la chaleur brûlante qui s'en dégageait. Il se releva et la dévisagea sans comprendre.
- Je suis désolée, lâcha-t-elle en se relevant à son tour. Je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est un collier que...c'est un collier que ma grand-mère m'a offert, et il est protégé par un sort et...
- Hermione, ta grand-mère est une moldue !
- Oui mais la magie protectrice existe aussi chez nous, simplement les méthodes sont différentes, mentit-elle en hésitant sur chaque mot. Excuse-moi je ne savais pas.
- Tu sais, tu n'es pas obligée de me mentir, dit-il froidement. Dis moi simplement que tu n'es toujours pas prête au lieu d'aller acheter les colliers anti-poutous des Weasley aux farces et attrapes.
- Non je...
- Bon je dois y aller, on se voit ce soir d'accord ?
Hermione s'approcha mais il recula :
- Non. Il ne vaut mieux pas s'embrasser tant que tu porteras cette chose, dit-il en désignant son cou d'un coup de tête dédaigneux. 
Puis il disparut derrière le portrait, laissant Hermione souffler longuement. Elle regarda le pendentif qui reprenait peu à peu sa couleur violine, réalisant à peine ce qu'il venait de lui arriver.
- Alors comme ça mon petit copain ne te plaît pas ? dit-elle à l'adresse du pendentif. Tu comptes rejeter comme ça tous les futurs hommes de ma vie ?
Amusée, Hermione n'enleva même pas le collier, quelque part reconnaissante de lui avoir sauvé la mise... 

***

Le jour tant redouté arriva. On pouvait facilement reconnaître les septièmes années à leur mine maussade, à leur absence de sourires et à leurs regards envieux ou tristes à la vue des premières années qui ne demandaient qu'à rester au château pendant les grandes vacances. Mais pour nos dernières années, cela ne s'appelait même plus des vacances, plutôt un répit avant le début d'une toute nouvelle vie, de tous nouveaux amis, de tous nouveaux problèmes...

Drago avait beau afficher un air de totale indifférence face aux évènements, il n'en restait pas moins que ce château demeurerait toujours son refuge, loin de sa famille qu'il avait du supporter, loin du Lord qui faisait pression sur lui depuis son retour il y a trois ans ; et à ça il ne pouvait rester indifférent, ce château lui manquerait tout autant qu'aux autres, si ce n'est plus. Car au fond, ce qui les attendaient eux, dehors, c'était leur famille aimante, un nouveau travail et pourquoi pas un foyer avec des enfants à venir ? Mais lui qu'avait-il, hein ? La liberté ? Oh oui une liberté que peu de personnes pourrait connaître un jour, une liberté telle que des sorciers paieraient des centaines de gallions rien que pour une seule des journées que lui s'apprêtait à vivre.
Mais lorsque l'on est prisonnier de la solitude, est-on vraiment libre ?

Drago descendit dans la salle commune des Serdaigles, et comme Lisa le lui avait assuré, ils seraient seuls puisque tous les autres étaient présents à la réception des adieux dans la Grande Salle. Lorsqu'il la vit, il ne l'embrassa pas, ne lui adressa pas même un regard, et se contenta de prendre place sur le canapé. Habituée à ce comportement, Lisa ne releva pas malgré son envie de lui crier sa présence ; elle non plus n'était pas une fille que l'on ignorait.
- Tu es sûr que tu ne veux pas rejoindre les autres en bas ?
- Non.
- Tu veux passer notre dernière après-midi seul à seul ? dit-elle sensuellement en passant une main sur le torse du jeune homme.
- Tu m'agaces, dit-il sèchement avant de se lever du canapé.
Lisa se tut. Son plan de persuasion commençait plutôt mal, peut-être sentait-il déjà qu'elle venait lui en parler ?
En effet, deux mois auparavant, la jeune femme s'était jugée suffisamment proche de lui pour lui avouer sa future appartenance aux Mangemorts. Sa première réaction fut de la repousser violemment pour lui avoir caché un secret d'une telle importance, puis il l'avait prise pour une espionne envoyée par le Lord, et puis s'était enfin résigné à la croire, à croire à son amour pour lui et s'était contenté de la menacer de mort si elle n'était pas qui elle prétendait être.
Mais le plan qui consistait à éloigner Granger ayant fonctionné, elle n'avait pas prévu que Drago choisirait quand même la fuite malgré la dette qu'il avait envers le Seigneur des Ténèbres. Et même si ce dernier avait juré de sa vie qu'il ne ferait pas de mal à Drago en cas de refus à le rejoindre, Lisa restait inquiète de la réaction du Mage Noir lorsqu'il viendrait à apprendre que Drago ne lui montrait aucune reconnaissance. Pourtant la colère et la haine qu'il avait ressentit à l'égard de Granger étaient censées jouer en leur faveur ! Le légendaire esprit de rancune des Malefoy aurait du le pousser à ce désir de vengeance ! Et ainsi à se lier au mal pour lui faire payer tant de souffrance ! Mais non...il avait tourné la page, comme on le fait sur une petite dispute. Qu'est-ce que cette Granger avait-elle bien pu lui faire pour que la douleur de Drago ne prenne pas sur la haine ?
Voldemort lui avait laissé jusqu'à la fin de l'année pour prendre une décision, mais le jeune homme avait déjà choisi son destin le jour même du jugement au ministère, et il n'était pas parmi eux...
Mais Lisa ne désespérait pas, il lui restait seulement deux heures avant l'arrivée du Poudlard Express, et il était encore tant pour elle de le convaincre de rester avec elle :
- Ta place est avec nous Drago, dit-elle subitement, entrant dans le vif du sujet.
- Ne recommences pas Lisa ! siffla-t-il entre ses dents, ses yeux déjà gris d'ordinaire, prenant une teinte acier.
- Mais que vas-tu devenir hein ? Si tu le rejoignais, tu serais immédiatement placé à sa droite Drago, tu serais si puissant, le fidèle serviteur qu'il a toujours cherché et...
- Serviteur ! cria-t-il en tapant dans le mur, ce qui fit sursauter la jeune femme. Serviteur ?
Il s'approcha dangereusement d'elle, qui était toujours agenouillée sur le canapé, poitrine appuyée contre le dossier pour pouvoir le regarder. Lentement, il lui prit la tête entre ses deux grandes mains, et la peur de la jeune femme augmenta à la même vitesse que ses battements de cœur.
- Toute ma vie je n'ai fait que servir les exigences de mon père...murmura-t-il à quelques centimètres de son visage. Toi, tu es destiné à servir, tu es faible et soumise. Mais moi, moi je suis né pour dominer et la place de serviteur n'est pas la mienne, c'est compris ?
Ses traits étaient déformés par la haine, et après un bref battement de cils pour signifier qu'elle approuvait, Drago avança la tête de la jeune femme et déposa sans délicatesse ses lèvres sur les siennes, avant de finalement la lâcher pour monter dans le dortoir.
Là il se laissa lourdement tomber sur le premier à lit à baldaquin qu'il vit, puis ferma les yeux, luttant pour calmer les battements de son cœur dus à la peur qui s'emparait peu à peu de lui. Jusque là, il avait réussit sans grandes difficultés à ignorer la fin d'année qui se rapprochait dangereusement, mais aujourd'hui il ne pouvait contrôler cette angoisse qui somnolait en lui depuis cet été. Si au début la décision de fuir Voldemort s'était révélée une issue inespérée d'échapper à une guerre dont il se fichait royalement, à présent elle s'avérait être le moyen le plus sûr de risquer sa vie tous les jours par les dizaines de Mangemorts qui seront envoyés à ses trousses pour le tuer.
Etait-ce vraiment ce qu'il désirait au fond ? Fuir toute sa vie, sans jamais de répit si le Lord gagnait contre Potter...Lisa avait peut-être raison après tout ; s'il s'alliait aux adeptes, il serait immédiatement valorisé et mis à sa droite grâce à ses capacités magiques supérieures à la moyenne et donc très utiles à la guerre qui se préparait ; « Il est l'élément majeur et nécessaire dont j'ai besoin, entraîne-le sans répit Lucius, et je ne le répèterais pas : éloigne-le de sa mère une bonne fois pour toutes », avait même dit Voldemort à son père peu avant de le tuer. De plus, lorsque l'on avait une dette envers le puissant Mage Noir, ne pas le remercier s'apparentait au suicide...
Drago secoua la tête : peu importe, il avait fait le choix de prendre sa vie en main et se tiendrait à ses plans. De toute façon il risquerait sa vie également contre l'Ordre du Phoenix, alors autant partir...
Il se leva du lit et s'apprêtait à ouvrir la porte lorsque son pied écrasa un bout de papier qui traînait par terre. Il le ramassa et déplia machinalement la boule sale et froissée.
Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient la feuille d'un bout à l'autre, sa respiration se fit plus saccadée et sa gorge se noua en même temps qu'une larme prenait vie.
« Drago,
Il est inutile de chercher à comprendre pourquoi notre relation a évolué d'une façon dont jamais, ni toi, ni moi, n'aurions soupçonné. Il s'est passé ce qui s'est passé et on ne peut revenir en arrière. Ce pacte n'était qu'un jeu au départ, mais il devenu beaucoup plus pour moi depuis quelques temps, il est devenu une bonne raison de pouvoir être avec toi...Oui, je suis tombée amoureuse de toi. Je ne sais pas si après cette dernière phrase tu auras le courage de lire la suite mais je tiens quand même à te dire ce que j'ai sur le cœur. Au début, je voulais réellement te changer, te trouver une petite copine, et j'ai réussis. Puis, à force de te fréquenter, j'ai appris à te connaître et j'ai découvert que tu n'es pas celui que tu prétends être Drago, mais ça tu ne le reconnaîtras jamais, et c'est pour cela que je ne veux plus me battre à t'ouvrir les yeux. Tu es fort, tu as réussi, sans le vouloir, à séduire la femme qui te détestait le plus au monde, je dois avouer que je me suis laissée prendre comme toutes les autres. Pourtant, je ne suis pas comme elles, moi je ne me contente pas d'une seule nuit, ou d'un seul regard de ta part pour clamer haut et fort que Drago Malefoy a fait attention à moi. Car détrompe-toi, cette partie de toi je la hais, je déteste ta méchanceté et ta prétention, ce que j'aime c'est le Drago que j'ai découvert un soir, alors que je m'étais blessée à la main. Celui qui a dansé avec moi une nuit de pleine lune, celui qui s'est excusé pour tout le mal qu'il m'avait fait. Voilà, j'aurais encore beaucoup à te dire, mais je ne trouve pas les mots. Je m'en vais à présent, on ne peut plus partager les mêmes appartements, tu es un Serpentard, moi une Gryffondors, on s'est toujours méprisé et on a été idiot d'essayer de modifier l'ordre des choses. Je te laisse une nouvelle colocataire avec laquelle tu coucheras sûrement, sur ce, Adieu.
Ps : Ne fais pas attention aux tâches mouillées sur le papier, je ne pleurs pas notre adieu, je pleurs la deuxième partie de toi que tu ne laisseras jamais sortir au grand jour...
Hermione
 ».
Drago mit beaucoup de temps à réaliser ce qu'il tenait entre ses mains. Son regard s'attardait sur les traces d'encre du aux larmes qui avaient taché le papier blanc, et après avoir relu la lettre une seconde fois, le doute ne fut plus permis...Son cœur s'emballa à l'idée que Hermione était sincère dans cette lettre, la vraie lettre écrite par sa main le matin même du match de Quidditch, probablement modifiée et publiée par Lisa...Drago n'en revenait pas, elle l'aimait ! Leur histoire avait bel et bien existée ! C'était si loin ! Si dur de revenir à cette possibilité sans la peur de se faire encore de fausses illusions ! Mais cette lettre lui apportait une nouvelle vision des choses ! Il se demanda à nouveau pourquoi Hermione se serait donné tant de mal à vivre tous ces moments magiques avec lui, à lui écrire une lettre, prenant le risque de le perdre à tout jamais à cause d'une honte devant tout le collège ! Les instants partagés près du lac, pourquoi continuer la comédie alors que, quelques instants plus tôt, il venait d'annoncer publiquement ses sentiments pour elle ? Non, tout cela n'avait pas pu être organisé dans le seul but de se venger, le doute lui avait trop souvent voilé la face, mais maintenant leur histoire lui apparaissait plus réelle que jamais...
Elle l'aimait... « Oui, je suis tombée amoureuse de toi ».
Drago avait une douleur intense dans la poitrine, son cœur semblait vouloir le transpercer par son désir de voler dans les nuages, tous les mauvais jours et les sentiments de haine qu'il avait pu ressentir s'enfuyaient, honteux de s'être emparé de lui pendant si longtemps...
Mais pourquoi ? Pourquoi tout ce cinéma alors ? Quelque chose de plus fort que leur amour avait du la forcer à un tel choix, mais peu lui importait pour l'instant. Il voulait juste la voir, la serrer dans ses bras, l'embrasser si fort pour rattraper le temps perdu. Il ignorait sa réaction, mais il n'avait plus le temps de se poser de questions, le Poudlard Express arriverait bientôt.

Lisa, qui attendait patiemment son retour, assise dans un fauteuil, se leva d'un bond en le voyant descendre les marches du dortoir. Tête baissée, il s'avança lentement vers elle.
- Drago j'ai réfléchis, dit-elle avec un grand sourire.
Ce dernier continuait d'avancer, elle ne savait pas s'il l'écoutait, mais elle tenta le tout pour le tout :
- Voilà, je viens avec toi ! Je me suis dit que tu aurais besoin de quelqu'un à tes côtés ! Oh ne t'en fais pas pour moi, je suis parfaitement consciente de me mettre à dos le Maître, mais tu seras là et tu me protégeras n'est-ce pas ? Je t'aime vraiment Drago...et je veux prendre le risque de te suivre où que tu ailles. Hé, tu m'écoutes ?
Le jeune homme arriva enfin à sa hauteur. Il leva la tête vers elle, puis ouvrit les yeux. Le sourire de Lisa disparût aussitôt pour laisser place à une grimace de peur. Jamais elle n'avait vu de tels yeux, une telle couleur grise presque blanche, qui la transperçait avec une telle profondeur...Ses mâchoires se contractaient au rythme de la veine qui palpitait contre sa tempe, ses joues creusées indiquaient une très forte maîtrise de soi et Lisa fit un pas en arrière. Son regard se porta sur le bout de papier froissé qu'il tenait dans une main et qu'elle reconnût aussitôt, puis elle vit l'autre main serrer la baguette magique si fort qu'elle en tremblait. La jeune femme eut à peine le temps de souffler un « Attends », qu'elle fut propulsée à l'autre bout de la salle commune contre un grand miroir qui explosa en mille morceaux. Malgré la douleur, elle tenta de se relever mais Drago s'en chargea et Lisa se retrouva dans les airs, les pieds ballants, maintenue par sa baguette levée. Elle sentit alors comme un anneau de fer invisible lui enserrer le cou avec de plus en plus de force. Prise de panique, la jeune femme se griffa la peau du cou encore et encore, tentant vainement de desserrer cette force invisible qui l'étranglait sans ménagement.
Les narines du jeune blond frémirent. Cette peste méritait son sort, pourtant quelque chose l'empêchait d'aller jusqu'au bout. C'est lorsque le visage de Hermione lui apparût qu'il comprit qu'elle n'aurait pas voulu ça malgré tout ce qu'elle avait bien pu faire. Alors, lentement et à contre cœur, Drago baissa sa baguette et la jeune Serdaigle retomba lourdement sur le sol, et pour sa plus grande chance, en vie.
- Si tu croises à nouveau ma route Scrimgeour, prévint-il d'une voix glaciale, sois sûre que je ne t'épargnerai pas.
Sans un regard en arrière, il rangea sa baguette et sortit de la pièce, laissant la jeune femme reprendre son souffle et ravaler son orgueil... 

***

Après avoir pleurer des dizaines de fois dans chaque bras qui se présentait à elle, Hermione rangea son mouchoir et souhaita tout le bonheur du monde aux lions qui grandirent avec elle ; ses amis, ses frères. La réception n'avait rien de joyeuse par rapport aux autres fêtes que Poudlard avait connu, l'atmosphère sentait les adieux, l'ambiance restait triste et la décoration fade. 
Ginny vint s'asseoir à côté de son amie et, d'un regard insistant, lui fit comprendre qu'elle voulait savoir ce que la jeune femme avait sur le cœur.
- Il n'y a rien à dire Gin', dit-elle d'un ton déprimé.
- A d'autres...
- Ils vont tous me manquer, voilà tout.
Voyant que la jeune rousse continuait de la regarder avec insistance, Hermione finit par fermer les yeux et se laissa lentement glisser dans ses bras.
- Je ne le reverrai plus jamais Ginny, avoua-t-elle avec la voix brisée par le chagrin. Plus jamais ! Jamais jamais jamais...
Ginny aurait tant voulu la rassurer, mais elle ne se voilait pas la face non plus, le Serment Inviolable l'empêcherait pour toujours de dire la vérité à Malefoy, et même s'il acceptait de vivre avec elle sans jamais connaître la raison de leur rupture, Voldemort ferait en sorte de les séparer par tous les moyens possibles, et passer son temps à fuir n'était pas une vie pour Hermione, même avec l'homme qu'elle aimait...
Se forçant à sourire, Hermione enlaça Ginny pour la remercier et partit chercher Donovan ; elle voulait savoir ce qu'il pensait de leur couple après le départ, elle avait besoin de l'entendre dire qu'il l'aimait si elle voulait trouver la force de continuer leur relation pendant sa quête des Horcruxes aux côtés de Harry et Ron.
Mais il n'était pas à la réception. Peut-être était-il toujours vexé de l'incident de la veille ? Si c'était le cas, elle se devait d'aller lui présenter ses excuses en tant que bonne fille bien élevée qu'elle était, bien que si elle avait dû écouter son cœur plutôt que sa tête, cet homme avait mérité son petit vol plané. Eh oui, Hermione Granger n'était pas une fille que l'on forçait !
Après avoir fait la salle commune et la salle préfectorale des Serdaigles, elle fit un tour dans le parc et même les toilettes des garçons, Hermione n'eut plus aucune idée de l'endroit où il pouvait se trouver. Elle décida de s'attaquer aux salles de classes, bien qu'elle trouva elle-même cette idée stupide étant donné le nombre infinis d'étages ; mais elle n'avait rien d'autre à faire et cela lui changerait les idées.
Alors qu'elle tournait à l'angle d'un couloir, un idiot qui courait lui rentra dedans et elle s'étala par terre. Lorsqu'elle vit que l'idiot en question n'était autre que Drago Malefoy, son cœur se serra et Hermione se demanda sérieusement si le sort ne s'acharnait pas contre elle.
- Hermione ! dit Drago, un sourire aux lèvres.
Oh mon dieu, l'avait-il appelé par son prénom ? Venait-il lui dire au revoir malgré tout ce qu'elle lui avait fait subir ? Prise de panique, Hermione se releva en vitesse et fit demi-tour, effrayée à l'idée de se laisser aller par l'appel de son cœur alors qu'elle avait tenu bon jusqu'ici, non il ne fallait pas gâcher toutes ces souffrances endurées le dernier jour.
- Attends ne pars pas, dit-il doucement sans bouger, comme si il était sûr qu'elle reviendrait sur ses pas.
La jeune femme s'arrêta en effet de marcher, lui tournant toujours le dos. Elle reconnut ce ton de voix calme comme le Drago dont elle était amoureuse, et elle n'eut pas besoin de se retourner pour sentir qu'il n'y avait plus rien en lui de l'autre.
Hermione le sentit s'approcher lentement. Son cœur tambourinait sa poitrine, tous ses sens étaient en alerte. La jeune Gryffondor sentit alors sa main frôler la sienne, puis il lui glissa quelque chose au creux de la paume. Silencieusement et toujours sans se retourner, Hermione commença à déplier devant ses yeux la boule de papier froissée. Mais avant même d'avoir fini elle sut très bien ce que c'était, et ne prit pas la peine de lire.
Une petite douleur à son bras la réveilla de ce silence. Sa cicatrice était-elle en train de lui dire qu'il s'approchait lentement, mais sûrement, de ce qu'elle tentait vainement de lui cacher ?
- Hermione, souffla-t-il dans son cou. Ne me dis rien, si ce n'est pas la vérité...
N'ayant pas la force de mentir à nouveau, la jeune femme garda le silence et profita de cet instant, heureuse à l'idée qu'il ne considérait plus leur histoire comme du mensonge, qu'il ne la considérait plus comme la petite peste comédienne, mais comme la femme avec laquelle il avait vécu un réel bonheur.
Mais Hermione ne voyait aucune échappatoire, depuis le temps elle avait su se faire une raison et savait qu'un jour ou l'autre il reviendrait lui demander le pourquoi du comment, rongé par cette curiosité et cette haine qui feront de lui un homme différent pour le reste de sa vie. Elle devait résister. Encore une fois. Une dernière fois.
Délicatement, elle se dégagea de ses bras qui avaient commencés à l'encercler, puis reprit sa route sans un regard pour lui ; le regarder lui enlèverait cette assurance déjà si dure à conserver. A sa grande surprise, elle entendit le bruit de ses pas derrière elle. Il la suivait, silencieux, patient.

Il ne comprit pas pourquoi elle passa son temps à ouvrir les portes des salles de classes vides, mais il continua de la suivre. Puis, Drago la vit soudainement se figer d'horreur devant une salle de sortilèges dont elle venait d'ouvrir la porte. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il put voir à son tour Donovan, torse nu, en train d'embrasser une fille, elle-même en soutien-gorge.
Quand la fille les aperçut, elle poussa un cri et aigu et s'empressa de prendre son tee-shirt avant de s'enfuir à toutes jambes, rouge de honte. Donovan resta immobile, ne sachant comment réagir mais surtout, se demandant avec crainte ce que faisait Malefoy ici...
- Hermione je...
Cette dernière le fit taire d'un geste sec. Retenant sa colère, la jeune femme avança vers lui à pas lent, dévisageant l'homme qu'elle avait cru aimer.
- Tu t'es bien amusé ? demanda-t-elle à voix basse une fois qu'elle fut suffisamment proche. Tu t'es bien amusé à me faire croire que tu m'aimais ?
Hermione réalisa soudain ses paroles. Elle imagina Drago lui dire exactement la même phrase, et la douleur qu'elle ressentait en cet instant avait du être la sienne en beaucoup plus fort, lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle ne l'avait jamais aimé. Elle se plaignait beaucoup se son sort, mais Drago n'avait-il pas encore plus souffert ?
- Hermione écoute ce n'est pas ce que tu crois, dit alors Donovan.
En tant normal, le jeune Serdaigle aurait savouré sa réussite, une fille de plus dans son tableau de chasse ! Mais voilà, Malefoy était ici avec eux, et Donovan sentait peu à peu la peur lui grignoter les entrailles.
- Je ne sais pas ce qui m'a pris, cette fille m'a sauté dessus et...
Le bruit de la gifle qui résonna dans la pièce imposa un silence dur et pesant. Hermione n'aurait pu supporter un mot de plus. Elle se sentait si bête d'avoir pu croire un seul instant que cet homme avait été sincère ; mais au fond, avait-elle était sincère elle aussi ? N'était-ce pas une forme d'infidélité que de sans arrêt penser à un autre homme lorsqu'elle l'embrassait, le touchait, lui souriait ?
Aussi, Hermione ne le blâma pas plus et sortit de la classe, le cœur lourd.
Drago, qui jusque là était resté en retrait, s'avança à son tour vers le garçon qui s'empressa de reculer.
- Ah Donovan, Donovan...souffla Drago en hochant la tête. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?
- A...attends Malefoy, je te jure que je n'avais pas l'intention de la faire souffrir !
- Je t'avais dit, que tu le regretterais si tu lui faisais verser une seule larme...
- Mais elle ne pleure pas là, hein ? tenta-t-il, tremblant de peur.
Drago sortit sa baguette et s'amusa à la faire pivoter entre ses doigts, savourant ce moment tant attendu.
- J'ai déjà épargné une personne aujourd'hui, poursuivit Drago. Je ne sais pas si j'aurais la bonté de recommencer...
Donovan eut à peine sortit sa baguette que, le regard ailleurs et d'un petit mouvement presque invisible, Drago avait envoyé l'objet valser à l'autre bout de la pièce.
- Bon tu as le choix, déclara Drago le sourire aux lèvres. Dis-moi quelle partie de ton visage, si niaisement apprécié par la gente féminine, dois-je enlever...
- Qu...quoi ? lâcha-t-il, horrifié.
- Oui, j'ai envie de m'amuser, estime-toi heureux j'avais d'autres idées en tête et crois-moi, beaucoup moins drôles. C'est ça ou je te tue, rajouta-t-il plus placidement.
- Mais t'es complètement malade ! paniqua le beau Serdaigle.
- Allez j'ai pas toute la vie, s'impatienta Drago. La bouche, le nez, les oreilles ou les yeux ? Personnellement ton nez est vraiment hideux, mais bon après c'est toi qui vois !
- Va te faire foutre Malefoy ! cria Donovan, cherchant désespérément une issue.
- Hum...pas très gentil. Alors je vais en enlever deux, le nez et les yeux...
Drago leva sa baguette.
- Non ! Arrête ! s'écria Donovan. Ok, ok ! Heu...je sais pas, les... les oreilles ok ? Les oreilles...par pitié...
- Va pour les oreilles...
Drago leva à nouveau sa baguette magique, hésita un instant, puis lança un éclair noir qui arracha un cri déchirant au pauvre corps allongé. Les gémissements du garçon cessèrent peu à peu puis, après avoir reprit sa respiration, il approcha ses mains tremblantes de son visage. Son cœur retomba lourdement dans sa poitrine lorsqu'il sentit ses deux oreilles, toujours là. Il se releva, inquiet du sourire qu'affichait le Serpentard.
- Tu...tu m'as épargné ? bégaya-t-il. 
- Tes oreilles oui, mais j'en connais deux autres qui vont te manquer cruellement...
Drago lui envoya un clin d'œil, puis sortit à son tour de la salle, satisfait d'avoir allégé le pantalon du jeune homme. Quelques secondes plus tard, on entendit un cri de haine s'élever dans les couloirs...

***

Il trouva Hermione dehors, assise sur les marches à l'entrée du château. Elle ne réagit pas lorsqu'il vint s'asseoir à ses côtés.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ? demanda-t-elle dans un murmure.
- Disons qu'il ne fera plus jamais souffrir une femme...
Hermione ne chercha pas à en savoir d'avantage, redoutant la vérité. Comme elle s'y attendait, Drago la relança au sujet de la lettre :
- Tu écris dans cette lettre que tu es malheureuse parce que le Drago que tu connais ne se montrera jamais au grand jour. Pour toi je me suis non seulement montré au grand jour, mais j'ai en plus fait de ce Drago ma personnalité à part entière. A ton tour. Laisse-moi retrouver la Hermione avec qui j'ai dansé un soir de pleine lune...
La jeune femme regardait toujours droit devant elle, les mâchoires serrées pour empêcher à tout prix les larmes de couler. Jamais elle n'avait été aussi prête à craquer, elle sentait au fond d'elle que si elle ouvrait la bouche les seuls mots qui en sortiront ne seront autres que : « Tu me manques ». Alors elle gardait le silence, pour le plus grand désespoir du Serpentard.
- Mais enfin tu as peur de quoi ! s'énerva-t-il en se levant brusquement. On était heureux tous les deux non ? Hermione parle-moi bon sang ! Quoi que tu ais fait je comprendrais !
Alors qu'elle allait enfin répondre, le géant à vapeur se fit entendre au loin. Le Poudlard Express venait d'arriver. 
Une centaine d'élèves sortit en trombe dans le hall et Hermione se fit bousculer dans tous les sens, perdant Drago de vue. Elle l'entendit l'appeler, et alors que le moment idéal se présentait pour s'enfuir, la jeune femme le chercha à son tour.
Hermione sentit une main lui saisir le poignet et l'entraîner loin de la longue foule qui dévalait les escaliers, rejoignant le train qui sonnait un départ proche. Pour la première fois elle croisa alors son regard, un regard bleu azur...
- Hermione, dit-il à bout de souffle. Hermione regarde-moi !
La jeune femme restait toujours muette et tentait désespérément de tourner la tête, mais il la lui prise entre les mains et la força à l'écouter malgré le nombre d'élèves qui diminuait considérablement, chacun ayant rejoint le quai de gare.
- Hermione je m'en vais, déclara-t-il à toute vitesse. Je pars très loin d'ici. Tu n'as qu'à me dire un mot et je reste...
Hermione serrait les mâchoires si fort qu'elle en avait mal aux joues, empêchant par tous les moyens le mot « reste » de lui franchir les lèvres. Son bras lui faisait bien trop mal mais elle n'avait pas besoin de cette douleur pour savoir ce qu'elle risquait en acceptant.
- Dis-le moi Hermione, insistait Drago, pressé par le peu de temps que lui accordait le Poudlard Express. Je sais que tu ne viendras pas avec moi pour aider Potter, mais si tu me le demandes, je resterais avec toi et je vous aiderais, je resterais avec toi Hermione...
- Drago je...dit-elle enfin, mais le bruit résonnant du train l'interrompit, indiquant que tous les élèves avaient trouvé leur compartiment.
- Ecoute-moi, dit-il à toute vitesse. Je me fiche complètement de la raison pour laquelle on a été séparés, ce qui compte à présent c'est que l'on soit ensemble !
Hermione se dégagea de lui et annonça d'une voix désolée :
- Le...le train Drago. Je dois y aller...Pars, je t'en prie laisse-moi et pars...
- Attends ! cria-t-il en l'attrapant par le bras. D'accord ! D'accord mais avant je veux que tu saches que je serai à la tour d'astronomie, là haut à t'attendre en espérant que tu me rejoignes. Si tu ne viens pas, Hermione écoute-moi ! Si tu ne viens pas, je promets de ne plus jamais insister, je jure que j'oublierai tout de ce qui s'est passé entre nous et tu n'entendras plus parler de moi...jamais.
Il lui lâcha alors le bras, la laissant ainsi faire son propre choix, et posa ses lèvres sur les siennes, avant de lui murmurer un « Je t'aime », et de rentrer à l'intérieur du château.
La fumée que cracha bruyamment le train la réveilla et Hermione courut vers le quai, rejoignant les élèves qui ne s'étaient pas aperçu de sa disparition, à l'exception évidente de Harry et Ron. Mais elle resta sur le quai, quelque chose l'empêchait de monter et ses deux amis la regardaient étrangement depuis la fenêtre du wagon.
- Hermione mais enfin où étais-tu ! s'écria Ron. Tu as faillit louper le départ ! Qu'est-ce que tu attends pour monter dans le train dépêche-toi ! Harry dit quelque chose !
Mais ce dernier se contentait de froncer les sourcils, échangeant avec Hermione un regard intense où les paroles n'avaient pas leur place pour qu'ils se comprennent.
- On a besoin de toi Hermione, dit-il alors d'une voix grave. J'ai besoin de toi.
Sans doute Harry pensait-il que Hermione hésitait entre ses amis et son amour, ignorant que Drago avait proposé son aide.
- Hermione ! supplia Ron, toujours angoissé par le départ du train depuis sa rentrée en deuxième année...
Celle-ci secoua la tête pour chasser toutes les possibilités d'échappatoire qui tentaient de s'incruster en elle, et se précipita à l'intérieur. Arrivée dans le compartiment, Ron et Harry l'enlacèrent, mais Hermione ne voulut pas de cette fausse compassion et s'assit sur la banquette, le front collé à la fenêtre.

***

Perché en haut de la tour d'astronomie avec son balai, Drago attendait le cœur battant. Du bruit se fit entendre, quelqu'un montait les escaliers. Le jeune blond bondit sur son balai et se posta face à l'entrée qui donnait sur le balcon où il se trouvait. Alors qu'il s'attendait à voir une belle jeune femme à la chevelure brune et bouclée, un homme à la peau noire débarqua :
- Blaise ? interrogea Drago d'un air dépité. Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- Eh bien pour être franc, le passé de mon père en tant que Mangemort me ferme énormément de porte pour l'avenir. M'acharner à réussir mes études en temps de guerre ne me servira à rien, je me suis dit que je serai beaucoup plus utile aux côtés d'un ami qui aurait bien besoin de moi...
- Non Blaise, trancha Drago. J'apprécie vraiment, mais je refuse de te condamner à une vie de fuite, je ne veux pas te voir mourir, tué par une bande de Mangemorts qui me pourchasseront.
- Je savais que tu dirais ça. Mais tu sais j'ai bien progressé en matière de magie noire, je sais me défendre je t'assure. Et puis sincèrement Drac', on est tous condamné à jouer un rôle dans cette fichue guerre, que je reste ici ou pas, j'ai des chances de me faire tuer. Tu ne supporteras pas la solitude, laisse-moi venir avec toi.
- Je ne serai pas seul, Hermione vient avec moi...
- Quoi Granger ? Oh non Drago, qu'est-ce que tu as encore fait...
- Je reste confiant, elle va bientôt arriver, attends encore un peu.
Mais le temps passait et les espérances du jeune homme s'en allaient en même temps que le chagrin et la colère arrivaient.
- Arrête avec cette histoire Drago ! continuait Blaise. Tout ça est allé beaucoup trop loin, accepte que cette fille t'ait menée en bateau et ravale ta fierté pour une fois ! Tiens regarde, le train part...
En effet, on pouvait apercevoir de tout en haut le Poudlard Express qui démarrait dans un nuage de vapeur.
- Elle ne viendra pas Drac', et tu le sais...
Ce dernier ne restait pas en place, il était si certain qu'elle le rejoindrait ! Elle n'avait pas le droit de le l'abandonner comme ça ! Non il ne voulait pas retomber dans l'hypothèse qu'elle ne l'aimait pas, il n'en avait pas la force...

***

Plus le train commençait à prendre de la vitesse et moins Hermione avait de facilité à respirer, le paysage qui défila lui fit tourner la tête. Son cerveau était en ébullition, tournant et retournant en boucle ses faits et gestes, ses décisions, ses propres paroles, le serment inviolable, tous les évènements de cette année...Et une seule question lui occupait l'esprit : pouvait-elle vivre sans Drago Malefoy ?
- Non...souffla Hermione.
- Non quoi ? demanda Ron, interloqué.
Hermione se leva d'un bon, faisant sursauter ses amis. Après tout elle n'était pas obligée de lui dire la vérité ? Elle pouvait rester avec lui et combattre à ses côtés ? Certes ils y auraient beaucoup plus de risques qu'il découvre la vérité en restant avec lui, mettant ainsi sa propre vie en péril, mais au moins il saurait qu'elle l'aime et ça c'était le plus important.
Hermione embrassa soudainement ses deux amis qui restèrent sans voix, et ouvrit brusquement les portes du compartiment. Elle entendit Harry crier son nom mais elle continua de courir dans le couloir. Arrivée au compartiment qui servait à ranger les bagages, Hermione s'empara de son balai et, ignorant les avertissements de Mc Gonagall qui l'avait vu sortir, elle sauta du train en marche et s'envola dans les airs, partie rejoindre son âme sœur...

Blaise perdait patience et força Drago à enfourcher son balai.

C'était la première fois que la vitesse ne déstabilisa pas la jeune femme, trop concentrée vers son but.

Drago dégagea vivement son bras de la main noire qui l'attirait vers les hauteurs. Il devait attendre encore, elle viendrait...

Le château lui apparût enfin, tout petit au loin. Elle y serait bientôt...

Drago se débattit et finit par pousser son ami à terre. 
- Hermione ! hurla-t-il, brisant le silence avec un écho effrayant. Hermione !
La douleur s'entendait dans cette voix brisée par le désespoir...

Quelqu'un avait crié son nom, et ça venait de là haut. Hermione tenta de prendre de la hauteur, mais si la vitesse ne la dérangeait plus, le vertige, lui, restait bien là. Malgré toute la volonté du monde, Hermione sentit son cœur lâcher durant les derniers mètres qu'elle avait pris et décida de redescendre devant l'entrée du château.

- Le train est partit et elle n'est pas là, dit fermement Blaise devant son ami qui s'était effondré à genoux.
Jamais il ne l'avait vu dans un état aussi faible, anéantis. 
- Je suis un parfait idiot...souffla Drago dans un murmure, tête baissée.
- C'est cette fille qui t'a rendu fou ! défendit Blaise. Arrête de t'apitoyer sur toi-même et redeviens le Malefoy que l'on respectait tous ! Celui que personne n'impressionnait, celui qui faisait honneur à notre maison ! Et encore celui qu'aucune femme n'atteignait le cœur...

Hermione grimpait les marches quatre à quatre, refusant d'écouter ses jambes qui lui criaient sa douleur, et encore moins son bras qui menaçait de se fendre en deux d'un instant à l'autre.

- Elle détestait cette partie de moi, répondit-il les yeux dans le vague.
- Qui Drago ! Qui hein ? Tu parles de cette fille comme si elle avait existé ! Tu t'accroches à une image que cette peste de Granger t'a donnée ! Si elle existait vraiment Drago, alors explique-moi pourquoi elle n'est pas ici en ce moment même ?

Plus que trois étages. Courage Hermione, ne fais pas demi-tour, il doit être là à t'attendre, dépêche-toi bon sang, dépêche toi !

Drago se releva lentement et plongea son regard dans celui de Blaise :
- Merci, lui dit-il sincèrement. T'es un vrai pote pour moi Zab'. Aller en route, on a assez perdu de temps avec mes conneries.
- Content de te revoir Malefoy, dit Blaise avec un sourire avant d'enfourcher son balai à son tour.

Hermione entra en trombe dans la salle de classe, et se précipita sur la porte qui donnait dehors avant de s'écrier :
- Drago je t'...
Mais le balcon était vide, désert. Le vent vint lui caresser les cheveux, faisant valser sous ses yeux quelques feuilles à l'endroit même où il devait se tenir quelques secondes plus tôt. Elle courut jusqu'au rebord de pierre et cria aussi fort qu'elle put le nom du Serpentard. Des larmes coulèrent en abondance, et la jeune femme se laissa lentement glisser le long du muret, répétant doucement « Drago » une infinité de fois.

- Tu as entendu ? dit alors le jeune homme blond qui stoppa aussitôt son balai en plein milieu des nuages.
- Entendu quoi ? dit Blaise un peu plus loin.
- J'ai cru...j'ai cru entendre quelqu'un crier mon nom...
Blaise redescendit pour voler à sa hauteur :
- Tu as du rêver.
- Sans doute, mais je préfère être sûr, déclara-t-il avant de faire demi-tour et de redescendre vers le château.
- Oh non Drac' ! Par pitié !
- Ça ne prendra pas longtemps, suis-moi !
Le cœur battant la chamade, Drago arriva devant la tour d'astronomie, plein d'espoir. 
Mais il n'y avait toujours personne...
- Elle est encore très présente dans ton esprit, dit alors Blaise qui venait d'arriver par derrière. Je le comprends et tu ne l'oublieras pas avant un certain temps. Mais maintenant il va falloir faire la part des choses entre ce qui est réel et les effets de ton imagination, tu ne crois pas ?
- Ouais, souffla Drago dont les yeux restaient fixés sur le balcon. J'en ai marre de toute cette histoire, on se casse.
Il réussit enfin à détacher son regard et fendit l'air à toute allure aux côtés de son ami, fuyant à jamais un lieu de souffrance et de faux souvenirs...

Toute seule dans cet immense château, Hermione n'avait plus la force de pleurer à nouveau. Sa tristesse atteignait un seuil inconsolable, Drago devait déjà être loin maintenant...Peu de personne aurait encore eut la force de vivre. Mais Harry et Ron comptaient sur elle, et elle n'était pas assez égoïste pour mettre fin à ses jours et faire souffrir ainsi ses proches et sa famille, non il y avait déjà eut trop de larmes versées.

Sans qu'elle ne s'en rende compte et sans doute par habitude, ses pas l'avaient menés devant sa propre salle commune, et Hermione pénétra à l'intérieur. Des centaines de souvenirs s'emparèrent de son cœur, une mélancolie insupportable régnait dans cette pièce. Pourtant Hermione resta là, plantée au milieu de cette salle autrefois si chaleureuse où le pacte était né. Ce coin là, où Drago avait déposé ses cadeaux de Noël, cette fenêtre, par laquelle elle avait jeté le Bulborbus, folle de rage après qu'il ait retiré le cœur qu'elle pensait destiné à Lisa, ce fauteuil, où elle s'était mordu les doigts en pensant que Drago passait à l'acte avec la Serdaigle.
Elle monta même dans la chambre verte et argentée, puis vint s'allonger dans le lit aux draps de soie, imaginant que deux bras puissants l'entourait de toute sa taille.
Demain elle rejoindrait Harry et Ron au Terrier. Demain elle irait de l'avant et oublierait un passé trop douloureux...

Demain seront séparés deux adolescents, deux cœurs, deux vies, deux âmes sœur, une histoire...

Séparés à jamais ?

« Disons que sur Terre, chaque personne quelle qu'elle soit, détient une âme sœur. Lorsque vous naissez, votre âme sœur existe déjà quelque part dans le monde, elle est vous, vous êtes elle, vous ne faîte qu'un, unis par un amour indestructible et éternel... ». Mme Pomona Chourave.

 


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